Neutralité totale pour l’enfance de cet enfant. C’est que le couple de ses parents est déjà bien étrange. Le père est PDG d’une entreprise pharmaceutique à l’origine de plusieurs médicaments du pays, la mère est beaucoup plus jeune, et belle comme un trophée. Lui, réclamait une descendance pour que son nom reste à la tête de l’entreprise, et elle voulait juste s’amuser un peu à jouer aux mamans, étant la seule chose qu'elle n'avait pas encore. Alors Yaeil est née. L’ambition dans son prénom.
Relation étrange avec une mère qui s’est bien vite ennuyée de pouponner. Nourrices qui s’enchaînent, accompagnées de professeurs particuliers. Papa n’est jamais là et maman ne s’occupe que de savoir si sa fille est jolie et bien élevée. Drôle d’absence qui instaure une distance émotionnelle entre la fille et ses géniteurs. Ils sont inatteignables et, petite, elle compte les instants qu’elle partage avec eux. Quelques films regardés ensemble, quelques balades au parc mains dans les mains. Vacances à l’autre bout du monde où ils sont assis devant elle, où son père l’éclabousse dans la piscine et où sa mère lui fait des tresses. Anniversaires où elle reçoit des cadeaux en main propre, et les fêtes de Chuseok où ils cuisinent ensemble. Sinon c’est toujours des entrevues en coup de vent, des sms pour signaler qu’ils sont occupés, ou alors quelques billets déposés pour s’excuser. C’est comme ça que son père montre son affection: il donne des fonds à son école, il lui fait des virements, ou alors il lui paie des sorties privées avec ses amis. L’argent c’est bien. C’est surtout que Yaeil a dû apprendre à s’en contenter plutôt qu’un câlin. Mais bon, un câlin c’est comme un billet de 50 000 wons qui nous achète un gros pull. La jeune fille s’y est faite.
Ce n’est pas comme si ses parents ne lui avaient rien appris. Elle a hérité de la façon de réfléchir en listes de son père, et de la loyauté de sa mère. Et puis, le réconfort, elle en avait quand même. Ses professeurs particuliers étaient vraiment attentifs envers elle, et au collège elle s’est trouvé un meilleur ami qui arrivait à supporter ses petits tics de jeune fille bourge. C’est peut être ça qui a contribué à cette liste:
Listes des raisons pour se faire bully au lycée :
- Être la fille d’un businessman connu, ça attire la jalousie.
- Arriver dans le top 3 des meilleurs moyennes à tous les examens.
- Porter des vêtements que portent les idoles sur instagram.
- Avoir fait la chirurgie pour les double eyelids avant la fin du lycée.
- Traîner avec un gars mignon qui est dans le lycée d’à côté.
- Ne pas souvent parler
- Pouvoir jouer au basket dans l’équipe des garçons.
En parlant de basket et de garçons, c’est peut être ce qui a fait pencher la balance jusqu’à
ce jour fatidique. Il faut dire que Yaeil a toujours eu une poignée d’amis proches, mais que ce n’était pas elle qui était la plus douée pour parler avec les autres et organiser des soirées au karaoké. Alors c’était facile de la viser. Son nom était sur les tableaux d’honneur, sur la liste des contributeurs du lycée. Trop facile de la frapper. Surtout qu’elle ne disait rien. Alors tous les jours, c’était des insultes murmurées quand elle passait, des claques soit-disant « sans faire exprès », des livres qui disparaissaient ; et Yaeil, elle retrouvait son meilleur ami à la sortie du lycée l’air de rien. En journée, soit les gens participaient, soit ils regardaient en silence. Il n’y en a qu’un qui a réagi à cette période. C’était l’un des meilleurs joueurs de l’équipe de basket avec qui elle jouait. Au bal du lycée, il a pris Yaeil à part, au détour d’un couloir, il lui a dit qu’il avait pitié d’elle, et elle n’a rien dit. Qu’est ce qu’elle peut dire ? C’est vrai qu’elle faisait pitié. Elle était juste touchée que quelqu’un le voit pour une fois. Enfin quelqu'un la regardait plus de deux secondes. Alors elle a embrassé le gars. Bizarrement, elle ne s’est pas fait rejetée, alors elle a continué. Ça aurait pu se terminer dans les toilettes du lycée, mais un surveillant les a vu et leur a juste dit de repartir dans la salle. Histoire qui aurait dû passer sous silence, mais ce mec avait déjà une copine. Les rumeurs vont vite. Ça a dû remonter aux oreilles de la fille et de ses amies. Parce qu’un jour après un cours de sport,
ce fameux cours de sport, elles ont décidé de se venger. Douche commune, et Yaeil était en train de se rincer quand elles l’ont plaquée ventre contre le mur. Elle se souvient vivement de la sensation du carrelage froid contre sa poitrine, avec l’eau qui coulait encore dans son dos quand elles ont essayé d’y graver une insulte au compas. Peine insoutenable, qu’elle n’a même pas réussi à crier. Et elles étaient trois contre elle, mais elle a quand même réussi à s’échapper. Courir hors de la douche pour attraper ses affaires mais ses affaires n’étaient plus là. Et c’est là que les larmes coulent. Et personne ne l'aide. Tout s’enchaîne, ses vêtements qui sont dans les mains de la fameuse copine. Yaeil qui court à travers le gymnase toute nue, le dos en sang pour essayer de la rattraper, mais l’autre a trop d’avance. Et elle se retrouve dans la cour. C’est vraiment un cauchemar. Ces regards sur elle, cette douleur dans son dos, et vraiment personne qui n’est choqué ou qui ne veuille l’aider. Même ce gars, même lui il la regarde en riant. Et donc c’est
ce jour là que Yaeil s’est cassée.
Le pauvre meilleur ami, il l’a bien remarqué. C'était le seul qui remarquait. Il faut dire qu’elle est sortie du lycée avec deux heures de retard sur tout le monde. Et sortir du lycée c’est un bien grand mot pour dire qu’elle a été escortée par un surveillant. Livide, encore plus silencieuse que d’habitude. Après, elle n’est plus jamais retournée au lycée. Papa a payé pour taire l’affaire, et pour qu’elle termine sa scolarité à distance. Rien de plus. Pas une compassion, pas une parole pour la réconforter ou lui demander à elle ce qui s'était passé. Alors la compassion, à partir de ce jour là, Yaeil n'en avait plus non plus.
Et ils l'ont vu.
Listes des raisons pour rentrer Yaeil à l'organisation:
- Une belle jeune fille est toujours insoupçonnée.
- Elle est proche d'un des meilleurs pions.
- Assez fragile émotionnellement pour se faire former.
- Manque d'empathie utile pour les tâches ingrâtes.
- Accès direct à des usines pharmaceutiques.
- Bon appât.
Donc, c'était trop tard. Elle avait trop collé son meilleur ami. Elle s'était fait repérer par les supérieurs. Et sa vie manquait tellement d'intérêt qu'elle s'est prêté au jeu. C'était ça ou alors continuer à rêver de sa vengeance. Là au moins, elle pouvait se défouler. On la voyait. On la respectait. Et personne ne trouvait qu'elle était bizarre. Nom de code "Ponyo", et rapidement la réputation qui allait avec. C'est qu'ils avaient profité de son état de détresse. Icarus avait bien tout fait pour l'empêcher de se faire embarquer dans tout cet engrenage, mais l'organisation était trop puissante. Ils avaient visé exactement là où ils devaient. Et au lieu que son manque d'empathie ne se guérisse, il n'a été qu'approfondi. Ce souvenir permanent de cette humiliation qu'elle avait subi. Cette mutilation dans son dos. Un rappel constant que le monde n'avait jamais cherché à la connaître, la comprendre, l'aider. Ce monde n'était plein que d'égoïstes sans pitié. Ils avaient joué sur ces pensées pour faire de Ponyo celle qu'on appelait pour venir en renfort dans toutes les situations. S'il fallait un appât, une distraction, un œil aguerri ou une filature discrète, ou simplement des bras supplémentaires. Multi-tâche, et digne de confiance. Et puis, elle suivait toujours les ordres sans jamais discuter. Papa et maman seraient à blâmer, s'ils avaient donné autant d'attention à leur fille que ne le faisait l'organisation. Mais c'était trop tard. Elle vivait pour son autre famille maintenant. La famille loyale. Fratricide. Quand le traître a été révélé. Ce traître qui a voulu accuser Icarus, son meilleur ami. C'est à elle qu'on a demandé d'agir.
Listes des raisons d'engager Ponyo en mission:
- Sait utiliser un pistoler.
- Connaissances chimiques et pharmaceutiques.
- Travail propre quand nécéssaire.
- Obéit aux ordres sans broncher.
- Effet de surprise.
Surement le pire moment de sa vie. Parce que cet homme, elle le connaissait bien. Combien de fois elle avait partagé des salutations avec lui. Combien de fois elle avait entendu son nom, prononcé avec tant de sentiments. Son coeur était aussi brisé que celui d'Icarus quand elle a su que c'était cet homme qu'il aimait, qui avait causé tout ce grabuge. Ponyo l'a regardé dans les yeux quand on lui a demandé d'en finir. C'est que le choix était malheureusement évident. Le temps comptait, l'énergie des autres aussi, et c'était la seule à porter de main d'une arme, même si elle ne la maîtrisait pas bien. Il y a eu quelques secondes de silence malgré les encouragements autour d'elle. Mais elle a finit par le faire. Aussi rapide qu'une pression sur une gâchette, finalement. L'homme n'était plus. Et elle est restée de marbre alors que le sang coulait. Elle aurait pu arrêter, ce jour là. Elle aurait pu arrêter de faire partie de ces histoires de livraisons et de comptes à tenir. Mais elle a continué. Elle a gardé ses sourcils froncés, et a recommencé à fonctionner. Parce que son meilleur ami était encore là. Et parce qu'il l'a attendue, comme ce jour où elle a eu si froid.
Choses SECRETES pour lesquelles remercier Seohan:
- Patience.
- Gentillesse.
- Il va chercher des tampons quand on lui demande.
- Des fois il fait rire
- Prévenance
En réalité, c'est une petite vie quasiment tranquille. En tous cas c'est une routine qui convient bien à la jeune fille. Elle n'a plus à mettre de pieds dans les campus (à part pour les quelques TP obligatoires), et elle étudie quand même quelque chose qui rend fiers ses parents. Alors elle a le droit sa petite tranquillité. Un petit loft sympathique et de quoi rouler. Il y a même un certain réconfort dans ses activités. La vengeance est loin quand l'esprit est occupé par d'autre culpabilités, et la complicité avec son meilleur ami est loin de s'être effacée au fil des années. Surtout depuis qu'elle l'a aidé à rayer son ancien compagnon de sa vie. Acte lourd qu'elle maintenant reconnue pour avoir commis sans tressaillir. Si seulement ils savaient la liste qu'elle doit s'énoncer depuis...
Guide pour chasser les souvenirs douloureux:
- Prendre une grande inspiration.
- Fermer les yeux
- Remplacer la vision de l'horreur qu'on a causé par celle qu'on a subie.
- Ravaler ses larmes.
- Allumer son briquet.
- Rouvrir les yeux.
- Expirer.
- Retourner à ses occupations.