I.les balbutiements. ses premières années n'ont rien de remarquables au premier coup d'oeil. du moins, pour ce qu'hana considère être la n o r m a l i t é . dérangeante, elle a passé sa tendre enfance à constamment être rabrouée par ses parents qui n'avaient pas le temps ni l'envie de tenter de comprendre ses effervescences.

II. l'épiphanie. certains pourraient croire que la naiveté d'hana l'aurait protégée presque toute sa vie de la constatation de l'anomalie humaine qu'elle représente. personne ne pourrait imaginer que dès l'âge de 13 ans, la jeune fille a dû faire face à un événement qui lui a fait comprendre de manière définitive qu'elle n'avait rien en commun avec le monde qui gravite sur cette planète. si cet événement n'a eu aucun effet sur sa personnalité, ses pensées, ses agissements, il lui a apporté une conscience des choses qui parfois ombrage pendant un très très bref instant les rayons du soleil avec lequel elle tente constamment d'éblouir son entourage.

III.l'expatriation. si l'adolescence évoque pour hana le même souvenir qu'une nuit trop alcoolisée, c'est lors de ses études à la washington state university qu'elle a repris conscience. bien qu'elle ne l'admettrait jamais, trop fière est-elle, elle doit entièrement ces trois plus belles années de sa vie à une personne bien précise. personne qu'elle ne mentionne jamais et qu'elle cache au plus profond de son coeur anormal.

IV.l'abîme. le retour de washington vers séoul se voulait être une deuxième chance pour hana d'entrer dans un moule plus conventionnel. échec. séoul ne semblait pas avoir la moindre place pour elle et ses trop vives couleurs. sa récente séparation physique avec cette personne qui a chamboulée sa vie n'y est également pas pour rien.

V.les nanas. sa fascination et passion pour la sculpture l'ont rescapé de l'abîme dans laquelle elle avait plongé plusieurs mois. plus précisément, les nanas de l'artiste Niki de Saint Phalle qu'elle avait vu par le passé à washington dc l'ont complètement hypnotisées avec leurs couleurs vives, leurs formes féminines proéminentes. cette attirance pour la sculpture et les nanas a eu un impact foudroyant sur la jeune hana qui jusqu'alors n'avait jamais accordé la moindre attention aux subtilités de son orientation sexuelle, à l'éveil de ses sens. comme blanche-neige qui se réveille et découvre le monde à nouveau, hana s'est vu plongée dans la sculpture et la découverte de sa sexualité naissante sans jamais n'être revenue vers la surface pour reprendre son souffle.

VI. himitsu [secret]. si hana nage actuellement dans une véritable félicité charnelle lui permettant l'oubli de l'anomalie qu'elle représente et l'abîme dans lequel elle a failli se noyer, elle demeure hantée par l'idée qu'il existe désormais un secret entre sa soeur et elle. seule famille qu'elle a et n'aura sans doute jamais, hana a constamment envie de révéler à sa soeur l'existence de l'individu qui a changé à jamais sa vie mais n'en a ni la force, ni le courage. elle, si sûre de ce qu'elle est, sense of self, n'a pas le courage d'admettre qu'elle a un jour eu besoin de ce genre de présence dans sa vie. de même, elle ne cesse d'avoir l'étrange impression que sa soeur contribue elle aussi aux himitsu de son propre côté.