⊱ histoire

personnellement je ne pourrais jamais travailler en tant qu'escorte ; rencontrer ces vieux types dépassés par le temps qui ne veulent plus entendre parler de l'amour et prendre tous les raccourcis possible en cachette d'une femme qu'ils auront épousé pour la forme. probablement pas loin de l'âge de mon père… ouais, quand je les regarde depuis mon bureau je me dis qu'ils pourraient totalement avoir l'âge de mon père et ça me dégoute. je me dis toujours que je suis la mère de ces escortes et en tant que mère il est important de savoir ses enfants protégés. gaz poivre, tazer, couteau suisse, appuyez deux fois sur votre bracelet en cas d'extrême urgence, mais visez tout sauf le coeur si possible... et bien sûr préservatifs s'il vous plait.

ah, je vous vois bien venir avec vos "mais qu'est-ce que t'y connais en amour gigi ?" depuis toute petite j'étais déjà en proie à des moments de tendresse ; c'était mon père, ma mère, ma soeur et moi dans un monde sans le moindre problème ou du moins dans la tête d'une enfant de six ans. en réalité ma mère souhaitait le divorce depuis un peu moins d'un an déjà mais imaginez le coup dur au niveau de l'image de mon père ? il n'a jamais accepté de divorcer et elle s'est mariée aux anti dépresseurs. été 2008 deux ans plus tard ma soeur ryeol âgée de trois ans de plus que moi est kidnappée à la sortie de son collège. et mes parents ont fait tout ce qu'il fallait, rançon, police, répondre aux appels au milieu de la nuit. tout ça a duré au moins six mois avant qu'on ne retrouve le corps abandonné dans un endroit isolé. et selon les observations elle était morte depuis le début. moi j'étais persuadée qu'elle reviendrait. j'étais dans un déni absurde où j'imaginais que le lendemain elle franchirait la porte de ma chambre et sauterait dans mon lit. oh vous savez. vous savez quand on est petit et que les problèmes sont résolu par les adultes ? quand la télé ne marche pas la veille mais fonctionne à nouveau comme par magie le lendemain ? j'espérais que ce soit quelque chose comme ça mais ryeol n'est jamais revenue.


et puis après ça, il y a le collège pour moi et puis le lycée où je rencontre mon premier copain ; mes parents n'ont jamais rien eu à dire sur la question car je le rencontrais secrètement. mais j'imagine qu'ils auraient sans doute été contre, après tout owon était âgé de six ans de plus que moi, je n'avais que quinze ans à l'époque. alors évidemment que s'ils avaient su ils ne l'auraient jamais accepté… cette relation a durée une année et demie ; les premiers mois tout allait si bien, tout allait tellement bien que j'avait l'impression d'être dans un rêve… vous allez probablement rire comme je ris en écrivant tout ça mais je pensais vraiment que c'était la personne faite pour moi jusqu'à ce qu'il lève la main sur moi la première fois. la raison me paraissais stupide je n'étais tout simplement pas prête à me donner physiquement à quelqu'un et lui a tenté de m'expliquer que la première fois n'était pas si importante que ça. mais je n'y ai jamais cru et j'étais terrifiée d'aller chez lui mais j'y allais quand même. j'y allais parce que c'était mon refuge, j'étais à l'abris du chaos de la maison… l'année de mes seize ans après avoir supplié encore et encore le divorce auprès de mon père ma mère a fini par mettre fin à ses jours. c'était l'année critique où j'aurais souhaité avoir le soutien nécessaire mais que je n'ai rien eu. et quand j'ai pris mes affaires pour aller chez o'won ce soir là je pensais que je pouvais compter sur lui mais ce n'était que l'histoire de quelques jours avant le drame.


suite au décès de ma mère deux semaines étaient passées où j'étais restée chez lui. étrangement je n'étais pas là où je sentais que je devais être mais je restais là par défaut. il avait promit de ne plus jamais lever la main sur moi mais la promesse avait tenu trente jours exactement. trente jours avant qu'il ne tente à nouveau de remettre sur le tapis cette histoire de première fois. je ne sais pas, je pense que j'ai du perdre la tête ce jour là mais je suis allée dans la cuisine et j'ai pris le premier couteau qui trainait et je l'avais caché sous mon oreiller par précaution. et quand il a recommencé j'ai totalement déraillé. black-out total ; lui torse nu au rez-de-chaussée de l'immeuble allongé et moi assise juste à côté. du rouge, du rouge partout sur mes mains, sur mes jambes. j'ai appelé la police à ce stade en le voyant j'étais persuadée qu'il était mort mais il était juste inconscient. ce n'est pas un miracle que l'affaire ne se soit pas ébruitée, c'est l'argent, l'argent fait des miracles quand on en a assez et c'est tout ce que mon père a pu faire à l'époque à défaut de venir me voir à l'hôpital. j'y suis restée moins d'un an contrairement à ce qu'on s'était dit avec mon père.


cette année là monsieur seo est venu me voir. je pensais que c'était mon psychologue ou quelque chose du genre mais rien de tout ça. il ne venait pas me voir particulièrement mais déjeunait avec moi et j'appréciais la considération. il me regardait comme il aurait regardé sa fille s'il en avait une. c'est grâce à lui que j'ai terminé le lycée sans prendre d'année sabbatique. à ses yeux j'étais talentueuse avant même d'être talentueuse… j'ai commencé à travailler pour lui à l'âge de dix-sept ans après avoir eu mon diplôme. il me faisait confiance en me donnant la responsabilités de ces vies. j'ai pris une année off pour tout apprendre avant de revenir la cheffe de l'agence évènementielle diamond en 2018 et reprendre mes cours… je n'ai jamais vraiment reprit contact avec mon père depuis. même après mon déménagement soudain en 2018 il a continué à m'envoyer de l'argent. l'argent pour lui étant certainement la solution à tout…- ah ? je n'ai pas répondu à votre question ? l'amour c'est quelque chose que je transporte avec moi malgré toutes les circonstances. je cherche un peu d'amour partout autour de moi que celui-ci soit partagé ou platonique. s'il n'y a plus d'amour, à quoi bon vivre sur cette terre où il n'y aurait que l'argent toucherait les gens comme la plus fine des poésies ? bande de cons. ce n'est pas ça la vraie vie.