il aurait dû s'appeler Huan, nom chinois signifiant "happy". personne ne l'appelle ainsi mais beaucoup on choisit de le surnommer Dan, diminutif que son père lui donnait déjà.

né sous le signe des gémeaux. il n'a pas de frère lui ressemblant, malgré parfois un profond sentiment de solitude venant du néant.

roi incontesté de la savane, et non pas de la jungle. animal vu dans un film d'animation pour enfant, qui l'a marqué à vie. une belle histoire qui finit bien, avec des lions, chantant et retrouvant leurs terres sacrées

danny ne conduit pas, il n'en voit pas l'utiliser. il y a tant de transports dans la ville et depuis tout petit, son père et lui ont toujours énormément marché, pour traverser villes et pays. avec ses deux pieds sur le sol, c'est bien ce qu'il préfère.

d'abord une idée folle de papa : écrire sur leurs peaux un symbole japonais les reliant, celui du soleil et de la lune. une marque sur leurs nuques que danny affectionne avec tendresse. puis vint les tracés d'un lion sur son dos et ses côtes, un dessin tribal sur son torse et des piercings aux oreilles, son père lui trouvant un autre d'ancien rock rebelle.

une cicatrice sur le bras droit, souvenir douloureux d'une attaque surprise d'un animal à moitié fou. un grain de beauté dans la nuque, marque de naissance qu'il garde d'elle.

il souhaite toujours les étoiles, les toucher et les emmener avec lui pour danser aux milieux des nuits stellaires. être solaire qui souhaite montrer au monde la beauté de cet art qu'il adore, par de-là le monde, par de-là, les contrées, pour lui montrer qu'il y est arrivé.

il ne devrait pas, il le sait, mais il ne peut s'en empêcher. c'est encore plus dur depuis qu'il n'est plus là, depuis qu'il est parti. avant, cela se compter en quelques rouleaux de tabac dans la semaine, arme efficace contre le stress et l'angoisse qui lui rongent trop souvent les entrailles. à présent, il lui arrive bien souvent de terminer son paquet dans la journée, sans qu'il ne s'en rende compte. véritable trou à fric qu'il tente temps bien que mal de refermer. seulement, ses poches sont percés, laissant s'échapper ses pièces de monnaie et les nombreuses confiseries chocolatées qu'il grapille pour palier à cet autre excès.

rencontre d'un jour qui a changé sa vie. dires d'une femme qu'il pensait au départ désuet avant que ce qu'elle voit entre les lignes invisibles ne se réalisent. "tu trouveras l'amour de ta vie". "tu vivrais un rêve éveillé". il croit maintenant dur comme fer à ce que peuvent bien voir les gens jouant avec ces cartes aux dessins souvent primaires et primales, représentant des tours, des flammes ou des étoiles.

plus tard quand il sera plus vieux, qu'il aura tout donner sur les planche, quand il n'aura plus envie de se montrer, il rêve de posséder un endroit où des gamins comme lui pourront s'exprimer, pourront perfectionner leurs mouvements, s'appliquer à dévoiler leur grâce et leur douceur. il rêve de pouvoir les aider, les guider, pour qu'ils atteignent des sommets, tout comme lui l'aurait fait.

ses doigts ne peuvent rester tranquille trop longtemps, bougeant et jouant avec ce qui se tient près de lui, sur lui. son collier, les babioles dans ses poches, les rouleaux de tabac entre ses lèvres. être tactile se contenant, se retenant, pour ne pas toujours avoir à être collant ou déplacé. reste d'une éducation quelque peu différente.

peur inconditionnelle qui lui dévore les tripes et lui pourrit la vie. tout cela à cause d'une bonne femme pas fichue de tenir son animal en laisse, les crocs du molosse ayant rencontré sa chair d'enfant innocent. il ne peut les regarder sans trembler à présent, cet événement l'ayant marqué au fer rouge.

un cadeau que papa lui a offert pour ses douze ans, alors qu'ils s'aventuraient dans les rues taiwanaises. un morceau de pierre accroché à une ficelle dont il ne se sépare jamais. un souvenir qu'il garde contre sa peau, pour garder un peu de lui partout où il va. un petit morceau de quartz rose avec lequel il joue parfois, quand son esprit chevauche les astres et les comètes.