⊱ histoire

“on porte son passé, tout son passé dans sa chair et son âme, et il continue de nous miner jusqu'à la ruine” / andrée maillet



y'a comme un arrière gout salivaire amer d'un passé assez désordonné par ici-... on commence dans le froid hivernal des appartements sans chaleur tu vois. doucement accueillie par les bras tremblotants de ma mère. cette perception chétive de la vie c'est celle dans laquelle je bourgeonne pourtant sans la moindre fissure. oui, toi et moi on a deux vies bien inégales ; jour et la nuit, et pour moi c'est la nuit ininterrompue par ici. pas que je me souvienne mais, l'étage au dessus une camée était en train de pousser la chansonnette tous les jours à deux heures du matin pour apaiser son coeur brisé d'un amour médiocre qui n'a pas su durer. ma mère elle s'en souvient et même si elle n'était pas religieuse pour un sous elle priait pour qu'un jour elle ferme sa gueule une bonne fois pour toutes. par la grâce divine dans la semaine de ma naissance elle a fait une overdoze. mais c'est pas ça dont je veux te parler hanbin. tu vois le truc quand on est gosse c'est qu'on ne voit pas le mal même face à nous. tout le monde est quelqu'un d'à peu près honorable. moi j'idéalisais beaucoup notre géniteur par exemple. à travers mes traits j'espérais voir un peu de lui et je me posais des tas de questions très conne comme ; est-ce qu'il a un sourire chaleureux, est-ce que ses bras me donneront l'impression d'être en été en plein hiver, est-ce qu'il vit dans une maison comme la nôtre ? est-ce qu'il pense à moi parfois comme moi je pense à lui ? est-ce que quand je le verrai il me reconnaîtra ? est-ce qu'il a aussi un grain de beauté derrière l'oreille ? pourquoi est-ce qu'il ne vient jamais nous rendre visite ? pourquoi est-ce qu'il n'a jamais téléphoné ? tu sais à un certain stade c'était quelqu'un que je ne connaissais pas, que j'idéalisais mais qui me manquais énormément. entre temps on avait changé de décor et ma mère me racontait de douces histoires. c'était comme un conte de fées dont je devais garder le secret. motus bouche cousue. "alors c'était à ça qu'il ressemblait mon papa". un papa qui ne me prenait pas dans ses bras. un papa qui ne souriait pas. un papa qui était aussi frigide que l'hiver et qui vivait dans une maison peut être sept fois plus grande que la notre facilement. pourtant mon coeur d'enfant l'aimait toujours d'un amour véritable et aveugle. tout comme je t'aime toi aussi mais pas au passé. je ne comprend à ce moment pas encore les choses comme il faut je n'ai que trois ans après tout presque quatre. je ne comprend pas que dans tes veines comme dans les miennes coulent le même sang. mais je t'aimais quand même comme je t'aime toujours. tu as été ma première introduction à un monde chaleureux après tout. toi non plus tu n'aurais pas pu comprendre à l'époque, qu'on était pas assignés à vivre des vies aussi heureuses que peaches et buttons, que moi j'allais retourner dans la misère ambiante dans laquelle j'ai vu le jour et que toi... toi...- tu sais hanbin, je me demande parfois si tu fais ce que tu aimes. probablement pas avec un géniteur comme le notre. moi par exemple je voulais vivre de la danse mais j'ai déjà versé mes dernières larmes et oublié ce rêve là. je serai probablement présentatrice de journaux télévisés ou journaliste. et un jour je craquerai et je dirai au pays tout entier à quel point chey wonsik est un salaud de première. ou probablement pas. peut être que j'ai que de la gueule. je ne veux pas gâcher tout ce qui peut être gâché... je ne sais pas, j'apprécie ce qu'on a actuellement même si on est souvent défoncés, même si on ne parle pas de choses sérieuses ça me va. je retouche mon maquillage en douce et je prétend que ces yeux rouges c'est à cause de la weed. motus et bouche cousue.