I.Si sa mère est le soleil de sa vie, les ténèbres les ont pris en otage, elle et Do Won. Sous la forme d'un patriarche autoritaire et dictateur, leurs vies étaient organisées et réglées comme du papier à musique. Mais la mélodie ne s'approchait en rien de cette du bonheur et si Do Won a su caché aux yeux de tous les ravages de la colère de son géniteur, il n'en garde pas moins des cicatrices physiques et psychiques qui semblent ne jamais pouvoir guérir.
II. Il a longtemps rêvé de prendre la vie de son père... un oreiller dans son sommeil, des médicaments dans ses bouteilles d'alcool, ou même un couteau de cuisine dont la lame confondrait sa peau avec le repas qui lui était destiné... mais si l'envie mordait sa chair, ce fut à chaque fois le regard de sa mère qui le fit renoncer à cette entreprise hasardeuse.
III. Une enfance marquée par les coups qui l'ont menés de nombreuses fois à l'hôpital. Pour chaque séjour et pour chaque blessure, il inventait des histoires. C'est sans doute de là que lui est venu le goût pour les livres. Sur son dossier médical, on peut compter de nombreuses fractures et brûlures inexplicables, une véritable liste qu'il traîne comme un boulet, si bien que depuis sa fugue, il évite les médecins et ainsi d'avoir à faire face aux mines interloquées découvrant le nombre extravagant des interventions qu'il a subit.
IV. Il a grandit non loin de Yudalsan, un lieu vers lequel il s'échappait souvent afin de prendre de la hauteur et d'observer la ville. Depuis son perchoir, la vie lui semblait plus calme et au pied du même arbre, il enterrait chaque année les souhaits qu'il comptait réaliser... Malheureusement, les pages noircies ne sont restées que des rêves d'enfant désormais oubliés.
V. Le geste de trop... c'était un jour comme un autre, fait de cris, de porte qui claque et de coups qu'il ne sentait même plus. La mâchoire serrée, les lèvres pincées, il y eut pourtant le geste de trop. Le poing abîmé de son père vint s'écraser sur sa joue lui faisant perdre l'équilibre avant que son pied ne vienne à la rencontre de ses côtes dont le craquement le fit grimacer. Il n'eut le temps de voir que le visage rouge de l'homme qu'il exécrait avant que ne s'abatte sur lui la pluie de coups. De longues minutes durant lesquelles il avait gardé le silence pour qu'enfin il ne finisse par se lasser. Et c'est dans la nuit, un sac avec quelques vêtements sur l'épaule, qu'il fuyait son enfer pour ne plus jamais revenir en arrière. Il laissait néanmoins derrière lui celle qu'il s'était promis de sauver... une promesse qui ne serait finalement jamais tenue.
VI. Son premier grand voyage fut celui de sa fugue. En pleine nuit, le visage tuméfié et l'épiderme maquillé d'azur savamment caché, il visse une casquette sur le sommet de son crâne et erre sur les aires d'autobus. Il emprunte différentes lignes sans trop savoir où aller jusqu'à entourer nonchalamment la capitale sur la carte usée qui git inerte sur ses genoux. Il travers ainsi la Corée jusqu'à son El Dorado, sans but, sans attaches, sans que rien ne l'y attende et pourtant...
VII. Si son coeur a déjà bien trop saigné, il n'a pourtant jamais appris à aimer. De cet amour puissant et indéfectible, de ce sentiments ravageur et pourtant salvateur... il apprendra à ses dépends qu'un tel amour lui demandera bien plus de sacrifices que ce que son esprit avait pu à peine effleurer de ses pensées innocentes. C'est grâce, ou plutôt à cause d'un ami qu'il va la rencontrer... aujourd'hui encore, il ne sait pas s'il doit le remercier ou le détester de lui avoir ainsi présenter celle qui va ravager ses pensées...
VIII. Il a vécu un temps dans la rue, préférant panser ses plaies apparentes avant de chercher avec ardeur un petit boulot qui pourrait lui donner un bien maigre revenu. Des semaines qui se sont transformées en mois avant qu'il ne trouvent finalement son Graal dans le refuge qui deviendrait sa nouvelle famille.  
IX. De nature réservé, il est rare de voir son sourire. Mais s'il vient à fendre son visage, il s'illumine comme si les épreuves de sa vie n'avaient eu aucun impact sur lui. Son passé est un secret dont lui seul en est le gardien, et il n'est pas encore né celui qui parviendra à lui arracher les vers du nez.
X. Plutôt calme, il observe bien plus qu'il n'agit. Mais s'il lui arrive de se plonger dans ses pensées, il peut aussi se montrer bien plus abrupt. La colère est un sentiment destructeur qu'il ne sait pas maîtriser, et s'il tente de l'apaiser avec quelques gorgées d'alcool, le poison qui coule dans ses veines prend alors le contrôle comme s'il lui était impossible de fuir ce lien sordide qu'il partage avec son géniteur.
XI. En économisant, et en prenant soin de vérifier chacune de ses dépenses, il était parvenu à mettre de côté une somme importante qu'il destinait au sauvetage de sa mère. Des économies qui ont fondues comme neige au soleil après un passage de Miu... ce fut la première fois qu'il perdait le contrôle avec elle. Anéanti de voir ses efforts voler en éclat aussi facilement, le coup était parti sans qu'il ne puisse le retenir, et aujourd'hui encore, il le regrette amèrement. Mais ce qu'il ignore, c'est que peu importe combien il économise pour retrouver sa mère, elle n'est déjà plus de ce monde.
XII. Si cette fois là lui avait laissé un goût âcre, et s'il s'était promis de ne jamais recommencer... son démon ne semblait pas satisfait et le poussa à réitérer l'expérience. La première infidélité l'avait ravagé, la seconde achevait de le détruire et ce fut après une nuit passée à boire tout ce qu'il avait à portée de main que Miu souffrait d'une nouvelle rencontre douloureuse. Il n'était désormais plus que l'ombre de lui même, mais si son coeur était déchiré, il lui était impossible de la quitter.
XIII. Il est ce qu'on appelle un fêtard par intérêt. S'il donne l'impression de calme et de sérénité, il est pourtant bien souvent le premier à réclamer des soirées bruyantes à s'en faire vriller les tympans, juste pour avoir une raison de se noyer un peu plus dans l'alcool et ainsi oublier tout ce qui vient emmêler ses pensées.
XIV. Il sait... il sait pertinemment que Miu peut parfois disparaître, et pourtant chaque fois lui déchire le coeur un peu plus. C'est lors de ces soirées solitaires qu'il a pris pour habitude d'attraper l'un de ses pulls pour s'endormir en le serrant dans son poing.
XVI. La lecture est une passion, un besoin presque vital tant il lui permet de s'évader de ce qui constitue son monde. Mais avec si peu de moyens, il est parfois difficile d'acquérir de nouveaux ouvrages, c'est donc dans les dépôts solidaires qu'il trouve son bonheur.
XVII. Loin d'être un choix de vie, l'ensemble de ses vêtements tiennent dans un sac de voyage, une habitude qu'il a prit à force d'avoir eu à déménager subitement plusieurs fois, et surtout depuis sa fugue.
XVIII. Loin d'être colérique ou bagarreur, il est plutôt du genre à écouter d'une oreille peu attentive les quelques rumeurs qui se perdent jusqu'à lui... pourtant il a été l'instigateur de plusieurs bagarres en soirées qui lui ont values de belles ecchymoses. Des propos plus que limites tenus par quelques abrutis qu'il n'a pas pu supporter.
XIX.Il fait et refait le même cauchemar depuis sa fugue, un souvenir dont il n'arrive pas à se débarrasser et qui le hante. Encore plus depuis qu'il a perdu son sang froid avec Miu. Dans ses songes, une silhouette, toujours la même : celle de son père. De l'obscurité il peut entendre le rire du patriarche, un rire gras et qui lui fait froid dans le dos, puis une phrase... "Tu es comme moi Do Won... mon sang coule dans tes veines, et tôt ou tard, tu le comprendras..." Il angoisse ainsi de devenir aussi violent que celui qui se dit être son père...