Summer 1994, Jeju Island.
1994 년 여름, 제주도.
Il paraît que je suis né un été chaud et chargé en omega trois, au coeur de l’île Jeju avec pour seul et unique but :
pourrir la vie de mes géniteurs. Askip j’ai même pas pleuré, j’ai gazouillé quelques mots de velours avant de passer quatre-vingt-dix pour-cent de mes journées à
manger et dormir lors de ma première année de vie. J’ai eu une enfance tout ce qu’il y a de plus
banale, du moins j’ai fais ce que j’ai pu avec un père
psychothérapeute et une mère
auteure de romans érotiques. Faut dire que leur éducation était vachement open minded et j’ai eus pas mal de liberté jusqu’au moment de quitter le nid familiale. On vivait dans une petite baraque au
bord de l’eau, je passais mes weekends à
surfer,
pêcher et
draguouiller les petites donzelles qui venaient de la capitale. Mon père s’occupait nuit et jours des problèmes existentiels des gens de l’île tandis que ma mère s’enfermait des jours entiers dans son
bureau antre du sheitan. J’crois bien que j’ai jamais mis un pied dans cette foutue pièce. J’avais déjà du mal le jour où, au
collège, la vieille s’est ramenée avec ses foutus bouquins
pornos pour donner des cours d’éducation sexuelle à des minets en pleine puberté. Ouais, c’était
glauque. C’est comme ça que j’ai commencé à sécher les cours pour aller surfer,
jouer de la gratte ou cueillir des pâquerettes sur le
Mont Hallasan.
Autumn 2012, Jeju Island.
2012 년 가을, 제주도.
Fraîchement diplômé de l’unique
Lycée de Jeju, j’ai décidé de quitter mon île natale pour entrer à la
SNU à Séoul. Autant vous dire que c’était de la vraie
merde. J’ai jamais été un gamin scolaire, je préférais lézarder dans les bars et autre recoins sombre de la jeunesse étudiante. Après deux ans
d’études d’Arts à la fac, j’ai
dropout comme un faible parce que ça me saoulais alors je suis partis faire mon service à
l’armée plus tôt que prévu. Ce que j’avais pas prévu c’était non pas d’y rester deux ans, mais
quatre. J’étais un bon soldat malgré le déchet de la société que j’suis maintenant. Je me suis assez bien débrouillé pour finir dans les forces spéciales, ces mecs un peu badass qui manie les armes à l’aveugle et font tout le sale boulot. Bref, la quatrième année j'ai eu disons…
quelques soucis à l’armée. J’ai été viré.Spring 2018, Seoul City.
2018 년 봄, 서울.
Printemps
2018, ça faisait bien trois mois que j’avais été viré de l’armée, alors j’ai eu l’idée du siècle :
être mon propre patron, parce que j’en avais ras-le-cul de me farcir les ordres de quelconques supérieurs hiérarchiques. Et dans quel domaine un trouduc marginal comme moi pouvait bien bosser ? J’vous le tape dans le mille :
Patron de bar, pseudo-barman qui passe plus son temps à vider les
stocks et essuyer des verres que de vraiment
bosser. J’ai ouvert le
Hyuk’s Cabine à Hongdae, pas loin du
Playground là où toutes les âmes perturbées viennent s’enivrer à la tombée de la nuit. J’en ai profité pour y faire jouer mon groupe de rock et ça tourne plutôt bien
depuis trois ans. A ce jour j’ai pas encore mis la clé sous la porte et j’prie Bouddah pour pas que j’ai à l’faire sinon ça me briserais le kokoro d’abandonner ma
Cabine. Le pire c’est que je vis sur le rooftop de ce foutu bar, donc si jamais vous voulez faire tourner mon business pour pas qu’je perde mon gagne-pain
ET ma baraque, venez consommer jusqu’au coma et vous déhancher sur du vieux rock indé
du lundi au dimanche, de 5pm à 5am.