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L'ancienne demoiselle Myo a un style de vie assez stable aujourd'hui, et a réussi à trouvé sa voie dans l'enseignement ; mais elle a toujours eu la bougeotte, la sale habitude de prendre la poudre d'escampette quand la réalité la rattrape. C'est difficile de se confronter aux conséquences de ses choix, à l'image que les autres lui renvoient d'elle-même. Alors elle quitte tout et part vivre en Europe. Elle a plein de rêves, elle les entame mais va rarement jusqu'au bout. Par peur de tout, aussi bien de l'échec que de la réussite, par peur de ne pas avoir les reins assez solides pour supporter l'issue. Elle ment aussi, pour couvrir les traces de ses fuites honteuses et ridicules ; principalement à Eden-Brontë, héroïne d'un livre que personne ne lira jamais. Elle lui fait croire que son père est mort avant sa naissance, elle l'emmène se recueillir sur la tombe d'un autre. Et pendant ce temps, elle s'enferme dans sa bulle, avec la main de sa fille au creux de la sienne, en regardant les autres aller et venir, vivre leurs vie avec les hauts et les bas. Jusqu'à ce qu'elle épouse celui qui fera d'elle madame Bloem, qui arrêtera sa course, l'emmènera avec lui à Amsterdam et aimera la fille d'un autre comme si elle était la sienne.

Mr Bloem est un photographe qui a l'œil pour trouver des trésors dans les regards et dans les gestes, dans les silences où s'époumonent les non-dits de l'âme. Il a capturé le portrait de celle qui deviendra la femme de sa vie et qu'il jamais laisser partir. Cette figure paternelle, véritable héros de la mère et de la fille, a communiqué sa joie de vivre, son amour pour les êtres vivants, son optimisme ainsi que ses valeurs a Eden. Il partage sa foi avec elle, lui le descendant de juifs ashkénazes arméniens, renié par ses parents le jour où il leur a annoncé qu'il était dorénavant un juif messianique.

Eden aime son père adoptif mais elle a toujours ressenti le besoin d'être plus proche de la famille de celui qui lui a donné la vie et qu'elle pensait ne jamais connaître : son autre père, Ahn Haneul. Pas de photos de lui, nul part et pas même dans le portefeuille de sa mère. Il y avait juste cette pierre tombale qui s'est avéré être fausse. La fille a mis de la distance entre elle et Mme Bloem après avoir découvert que le fameux Ahn Haneul s'avérait être une femme : elle rejoignit l'université de Florence. La botte italienne, elle en a des souvenirs flous mais elle y a passé des jours heureux durant sept ans et son italien n'est pas trop rouillé. Puis elle comprendra que mentir est comme une seconde nature chez certaines personnes, couvrant un mensonge par un autre : Eden croyait que son père était juste un nom parmi d'autres sur une liste de donneurs de sperme et que sa mère le lui avait caché par honte. Mais il n'en était rien. Elle a repris ses valises et s'est envolée pour des contrées bien plus lointaines, en Corée du Sud où son père biologique vit toujours.

Sa mère lui parlait peu dans sa langue maternelle lorsqu'elle vivait en Italie, pensant que ça aurait pu l'empêcher de bien parler l'italien et de s'intégrer. Comme elle est arrivé à Séoul au cours du mois de septembre 2019, en attendant que la nouvelle année commence en mars, elle a pris des cours de coréen. Aujourd'hui elle est assez bien intégrée mais ça a été le choc culturel pendant les premiers mois, et elle a encore du mal à comprendre les mœurs du pays. Ses nouveaux amis contribuent à son adaptation à la vie séoulienne, surtout ses dieux de l'olympe qui sont très vite devenus indispensables. V. Eden a peur d'être comme sa mère, de laisser sa vie lui passer sous le nez. Si elle est assez facile à vivre et tolérante avec les autres, elle se montre dure et intransigeante envers elle-même. Mais rare sont ceux à connaître cette facette perfectionniste qu'elle sait si bien cacher derrière son insouciance légendaire et sa tendance à procrastiner lorsque la tâche est peu stimulante. Elle s'engage à ne se lancer dans aucun projet sans y avoir sérieusement réfléchi au préalable. VI. Touche à tout, tout comme Madame Bloem, à qui elle ressemble plus qu'elle ne le voudrait ; l'étudiante est une artiste dans l'âme. Les murs et les étagères de la maison familiale sont recouvertes de ses œuvres : peintures, poteries et photographies.