⊱ histoire

il y a toujours eu des relents de médiocrité derrière le parfum synthétique de lessive à la lavande bon marché utilisé par sa mère les dimanches. Acre, un peu agressif, le genre à prendre à la gorge pour n’être relâché qu’une fois véritablement éloigné de l’appartement étriqué d’Incheon – le 213 – qui, malgré tous les efforts d’une petite institutrice sans grandes ambitions et d’un employé de banque au bas de la chaîne alimentaire, restait dans les codes archaïques d’un niveau de vie modeste sans beaucoup de rêves pour y changer quelque chose. Pathétique. Le seul détail, c’était le chat mais d’aussi loin qu’on s’en souvienne, il n’était pas constant.  

« i always despised it »

enfant unique, gamine laissée seule à s’inventer des vies au bas de l’immeuble, elle se souvient mal des premières années - celles qui ne comptent pas vraiment - avant un déménagement précipité dont elle n'a jamais connu ni les raisons ni les conséquences, empoisonné par un secret de famille noir et visqueux ayant coulé jusque sous la porte tagguée à l'amertume des Sun. Soleil sombre, le paradoxe se fait vital, 서울 sous la constellation d'un scorpion au dard apparemment trop court pour atteindre la capitale.

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elle les a rencontré un soir d'août dans le parc derrière une barre d'immeuble random qui volait au ciel sa beauté relative, tachant de bitume les nuages reflétés en gris. Auréolées de leur innocence d'enfants à laquelle il ne faut à peine que quelques instants pour poser les mots sur une relation basée sur le partage de yanggaeng et de frustrations à l'idée de ne pas pouvoir rester plus tard le soir ;; comme des adultes. Fille unique, elle les a utilisé pour combler son vide, les considérant comme des adelphes, signant dans leurs paumes à l'encre invisible la promesse sacrée que jamais rien ne les séparerait. Temps traître fait s'envoler les mots doux au grès des tempêtes, il ne reste de leurs promesses qu'une boîte enterrée à l'endroit du serment - le parc - ou elle a lâchement abandonné sa première paire de boucles d'oreilles, deux petites pierres à la valeur probablement risible dépolies par le temps. Le genre de bijou à oublier à la seconde ou elles ont quitté la chair tendre de son lobe rougi par le sang affluant ((ou le solennel du moment ? who knows)).

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à la seule figure maternelle qu'elle admire vraiment elle doit sa passion pour l'ambition. Vieille femme au sourire rêche, les yeux assassin et la bouche mortelle d'une vipère à qui l'âge n'aura jamais enlevé à la dureté de son venin, les crocs luisant d'un poison reconnu comme acide jusqu'à jeju do sûrement. Matriarche maternelle régnant d'une main de maître sur les Sun sans que l'on n'ai jamais trop su pourquoi, dominante même avant la mort de son mari, elle aimait le beau. Tout ce qui brille et l'or de sa vapeur rouge seul avait le pouvoir de réellement la faire sourire. Elle sentait shalimar jusqu'à la fin. Femme dure, Dasom a passé la plus grande partie de son enfance entre une académie pour la faire progresser en mathématiques et le salon traditionnel de sa grand mère lui répétant de travailler plus dur si elle ne voulait pas terminer comme sa génitrice.

« maybe i hated her. »

relation conflictuelle confessée à la lune, elle n'a jamais su mettre de mots sur les sentiments qu'elle a entretenu avec cette femme jusqu'à ce qu'une violente crise cardiaque l'emporte un soir de décembre lorsque Dasom avait seize ans. L'héritage moyen de Bang Hyeori lui revint entièrement, monnaie attrayante dont elle aurait le contrôle total à dix huit ans. Elle passe chaque semaines poser des fleurs et allumer un bâton d'encens devant la plaque commémorative d'un cimetière dont elle ne se souvient même pas du nom, mais c'est pour le principe.

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à l'obsession des études est venue s'ajouter celle, plus perverse, insidieuse de l'argent. Devenir riche ou se laisser marcher dessus, se faire oublier et dépendre du bon vouloir des choses pour vivre une vie trop douce amère. Préfèrerait disparaître ;; elle a toujours été douée pour l'école, classée première le plus souvent, deuxième ou troisième dans les matières lui posant le plus de difficultés. Très vite attirée par les sciences plus que par le domaine littéraire ou elle aura plus brillé par son incapacité à retenir correctement les quelques dates importantes de l'histoire de Corée ou ses analyses médiocres des textes de Hong Taeyong. Petit génie de physique, intéressée par l'ingénierie, codeuse précoce s'étant prise pour mister robot dès son premier ordinateur pour ranger ses rêves de hackeuse à la anonymous après un échec cuisant à craquer correctement le mot de passe des comptes sns de son crush de première. (odly specific).

trahie par les cernes bleutées dont elle ne se débarrassera jamais vraiment, après s'être échinée des années en académie pour briller au 수능 et être admise à la Seoul National University en computer sciences - et devenir réellement l'ingénieure qu'elle vente à tout le monde - elle subit une pression constante de la part de parents qui la voit comme un levier social plus que comme une étudiante brillante à laquelle ils n'ont jamais porté qu'un intérêt imparfait, tout au plus moyen. Boursière, elle vit encore dans sa chambre, préférant la compagnie de ses géniteurs plus que l'idée amère de dépenser le moindre won dans une chambre d'étudiante au loyer indécent.  

« she's all greed after all. »

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y'a cette idée malsaine qui murit dans un coin de sa tête depuis son entrée à l'université, inspirée par la perte encore parfois trop étrange de sa grand mère et de la mort en général, du marché dont elle pourrait profiter parce qu'elle n'épargne personne la mort et que c'est la seule chose que chaque être humain est vraiment capable de réaliser sans faute à un moment ou un autre. Que c'est tellement lucratif le deuil, qu'il y a moyen de s'enrichir de manière exponentielle quand on y réfléchit vraiment. C'est son grand projet, un truc secret dont personne n'est au courant sur lequel elle travaille en parallèle de son master, jamais lassée des lignes de codes infinies qui s'enchaînent sous ses paupières et de la satisfaction qu'elle tire quand ça semble avancer.

« it's a prototype for now. »

une application qu'elle s'amuse à appeler programme agatha. Le genre à être téléchargée gratuitement pour le bonheur d'un utilisateur qui se morfond trop pour comprendre que si c'est gratuit, c'est lui le prix. Un cercle vicieux basé sur le manque permettant de faire revivre une âme perdue, égarée, pour quelques instants précieux grâce à une conversation téléphonique générée par un code recréant précisément la voix recherchée grâce à des extraits vidéos ou audio. Robot tressé d'accents synthétiques à la précision captivante terrifiante à faire revivre d'entre les défunts ceux qui doivent y rester. En réalité débités à la minute d'un prix subissant l'inflation scandaleuse à chaque nouvel appel de ceux qui ne peuvent probablement plus s'en passer - à écouter la larme à l'œil une voix magnétique - dépendants de leurs propres deuils. Ames esseulées dont elle a peu à faire en réalité, l'appli est profondément toxique et elle le sait, mais les promesses de richesses reflétées pèsent plus dans la balance -  judas corrompu - que son éthique exécrable.

le développement est lent, elle n'en est qu'à son coup d'essai, réalise des exploits troublants à recréer le ton de sa grand mère pour quelques minutes, dues aux maigres ressources de sa voix auxquelles elle a accès. Morte depuis des années, Dasom capable cependant d'écouter le son éraillé de l'ancêtre lui répéter de travailler plus, que le projet sera une réussite et qu'elle mourra trop riche pour compter. Et sunny, parfois elle sait plus trop quoi en penser.

« maybe i'm a monster »