— BAL DES ECCHYMOSES

tu seras viril mon kid, tu brilleras par ta force physique, ton allure dominante, ta posture de caïd. Et ton sexe triomphant pour mépriser les faibles, tu jouiras de ta rude étincelle.

home is where it hurts

encore il se demande, s'il les a jamais aimé, seulement voulu. L'excellence comme seul adage, suprême et subversif, l'intransigeance d'une quête belle dans sa démesure, destructrice dans son accomplissement. D'abord ils étaient quatre, leur père peignant en artiste maître les tâches cobalt partout sur la peau tendue de Junyoung. Junyoung qui protégeait des colères divines, des ressentiments acerbes, parce que la mère était absente du sinistre, disparue sous l'écume de l'ignorance, elle ne voulait pas voir, elle ne voulait pas entendre. Mikyu a fait comme elle, fermé fort les yeux et les oreilles. Jusqu'à ne plus savoir parler, jusqu'à tout refermer - à double-tour - on éteint la lumière, pour s'évader, s'échapper du côté de l'océan. Comme maman. Jusqu'à ses six ans, plus rien n'est sorti, malgré les cris, malgré la peur, malgré les exigeantes paternelles : humiliations en série forçant la serrure de son esprit. Stratégie de l'évitement, imaginer un univers derrière la colère, entouré de compagnons de fourrure, à pattes douces et au museau frémissant. Tragédie de l'insolence Junyoung a décidé de s'enfuir, Jungyoung a changé de nom, d'adresse, de visage, de bouclier il est devenu mirage. Et ils ne furent plus que trois. Enfants imparfaits, spectateurs de l'échec du premier né, il était héro, il était bonheur, accueillant les douleurs qui auraient dû être partagées - l'auraient-elles été ? Nayoung n'était pas meilleure poupée. Rébellion dans les veines, promesses éternelles bafouées entre ses lèvres guerrières, elle était l'imagerie athénienne d'une force qu'il pouvait lui à peine effleurer, elle les couvrait d'illusions pour les préserver du bal de l'horreur, empêcher leur père de s'adonner à ses passions aquarelles sur eux. Jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que deux. Si jamais de sa main il n'a abattu le couperet, ses mots étaient plus sauvages que la pire des massue, au cœur de l'abandon Kyu avec une capacité d’émerveillement, un goût de l’aventure et de la surprise. Sans pour autant "régresser", on doit pouvoir se souvenir de cette condition instinctive et spontanée. Abandonner les postures !a trouvé l'espoir de briller par lui-même, satisfaire à l'impossible, incarner un troisième choix acceptable à défaut de majestueux.

— RÉCIFS ARC-EN-CIEL

we thought our paper crowns were silver and gold. We thought our arms had feathers and hollow bones. The more I'm learning, the more I don't know. I feel smaller the more I go, for a second, for a minute can we go ? Can we go back when we were young...

We have forever so we got lost

Le plaisir de régresser ; retourner vers l'inconnue condition instinctive et spontanée de l'émerveillement : abandonner ses postures. Un goût de l'aventure et de la surprise tardive, presque endormi. D'enfant moqué, pour ses bourrelets - réconfort par la nourriture - désigné unusuel d'être trop solitaire, trop réservé, pas assez volontaire pour se fondre à la mêlée — toujours trop ceci, ou pas assez cela. Le fossé d'un sociabilité forcée où Kyu n'a jamais su s'épanouir, l'autre était menaçant, parfois intriguant, toujours redouté, il y a avait dans les interactions du genre humain des dérives cachées, des visages de laideur derrière les sourires de façades. Il n'a jamais pu se convaincre du contraire, jusqu'à lui.
— C'est un peu mon chat tu sais ? Enfin oui - non, c'est celui du Konbini quoi !
Kyu a relevé les yeux vers lui derrière ses mèches cendres, dévisageant le gosse aux airs d'Artful Dodger qui s'agitait d'un pied sur l'autre.
— Ah ?
— Ouais même que son nom c'est Gouttière ! l'affirmation semblait déjà incongrue, l'iris plein de malice y'a eu ses doigts affectueux tendus dans sa direction, chaton entre eux remuant la queue pour lécher ceux de Kyu à la recherche de quelques friandises oubliées. Il se souvient, l'avoir regardé cette main pendue dans le vide un quart de secondes trop longues pour que dans son regard ne brille pas l'incompréhension d'un échange méfiant. Il ne savait pas quoi, mais il voulait le lui prendre, c'était certain. Sans même se douter qu'il n'était que don, pas vol. Dons de paroles, un trop large débit pour quiconque, et Kyu trouvait cela reposant, il parle, il parle, et ma douleur s'apaise, dons de caresses, l'affection au cœur des bras sans cesse à recharger les batteries au travers d'accolades, dons de rires mais surtout de présence.
— C'est mignon...
— Hein ?
— Non rien.
— Hé tu veux boire un truc ? Tu reviens demain ?
— Euu... Oui ?
Il a emporté les séismes de l'étrange derrière ses histoires à rêves, et ses idées folles, ses éclipses de cracheur de feu - des étincelles dans ses yeux et surtout dans ses veines, véritable petite machine à espoir. Destruction massive de l'esprit de sérieux pour relancer l'ardeur de l'insouciance : avec lui il (sur)vivait et qu'importe qu'il ne brille pas aussi fort, il se recolorait à la lueur de ses feux d'artifices. Chaque fois qu'il pétait en plein ciel d'encre, Kyu se tenait là, dans le confort du froid à tendre les mains pour récupérer chaque braise, ça ne brûlait jamais, parce qu'à son contact il crépitait de la douceur d'une âme jumelle. Il ne savait pas alors, qu'un jour, il lui laisserait des cloques partout sur la peau.