bai dewei (doudou ♡) ✰彡 DOUDOU VOUS ÊTES OU au supermarché. VOUS RENTREZ QUAND bientôt. CA FAIT COMBIEN DE TPS QUE VOUS ETES PARTIS ? J'AI LIMPRESSION QUE CA FAIT UNE ETERNITE ça fait 10 minutes. J'AI DEJA PRESQUE OUBLIE VOS VISAGES !!!!

bai fuhan (tonton ♡) ✰彡 tontoooon jveux aller au supermarché moi aussi la prochaine fois on t'emmènera C'EST VRAI ? promis JE T'AIME TONTON uniquement si tu dors pas t'es méchant tonton. je t'ai acheté des sucettes au coca JE T'AIME TONTON

elle est née dans l'amour et la quiétude, le bonheur dans sa forme la plus simple — une mère un peu dérangée, mais si douce qu'elle en semblait prête à s'effondrer et un oncle, un oncle jeune qui en avait pourtant vu tant que plus rien n'avait l'air de le surprendre. elle est née entourée par un paquet de garçons, tous plus vieux, tous le sourire aux lèvres et les bras tendus vers elle.
elle est née tellement aimée qu'elle s'en serait étouffée et, malgré tout, elle a réussi à oublier tous les rires, toutes les caresses et les baisers de sa génitrice.

sa mémoire se craquelle à six ans, elle oublie tout ce qu'on lui dit et ne garde que les fonctions motrices, les choses essentielles ; elle parle elle rit elle aime elle embrasse et elle est protégée. mais il lui manque quelque chose, dix doigts à entrelacer avec les siens, deux yeux dans lequel son propre reflet brillait, un petit corps fragile contre lequel elle vivait. il lui manque un truc sur lequel elle n'arrive pas à mettre de nom — comme si on lui avait arraché un morceau de son âme et qu'on la narguait avec, sans qu'elle puisse trouver quelle partie il lui manquait.

mais elle oublie lijuan, elle oublie toujours la tristesse qui se glisse entre deux sourires, les larmes qui lui montent aux yeux sans qu'elle sache pourquoi, le manque qui lui serre la gorge parfois, quand elle se couche. et elle s'appuie sur les autres, se faufile dans les bras de ses frères, leur quémande des histoires et tellement d'attention qu'ils devraient en avoir marre.

deux ans, elle passe deux ans à oublier les journées. deux ans durant lesquels lishui, son frère aîné, lui raconte tous les soirs ce dont elle ne se rappellera plus le lendemain — deux ans à se demander ce qui a cassé sa mémoire, avant qu'on le lui annonce. c'était un grand monsieur, le menton couvert d'une fine barbe de trois jours, les yeux perçants et le sourire hypocrite ; il lui faisait peur, mais lijuan n'a jamais été lâche. et elle l'a affronté, campée sur ses petits pieds, pour qu'il lui dise ce qu'ils soupçonnaient tous, sauf elle.
des troubles de la mémoire immédiate.
on lui dit des jolies choses, qu'elle oublie quelques minutes plus tard.

leur vie lui paraît presque calme, à la petite chinoise — aussi calme qu'elle l'a été, les jours qui passent entre chamailleries et règlements de compte, révisions et, quelques fois, des petites siestes collectives auxquelles elle participe gaiement, le sourire aux lèvres. elle adore dormir lijuan, c'est un secret pour personne ; toujours la dernière levée, mais la première à avoir su faire ses nuits, étant bébé. impossible de la réveiller, ni même de l'empêcher de parler dans son sommeil — c'est une plaie au quotidien, mais une fois l'habitude prise, peut-être qu'ils y pensent tendrement, peut-être qu'ils l'aiment pour ce genre d'incidents.

le seul qui continue fièrement de s'opposer aux avalanches d'aegyos de lijuan, c'est dewei, son aîné de deux ans ; on ne sait plus qui a commencé les hostilités entre eux, mais les batailles font rage du matin jusqu'au soir. lijuan met du sel dans son chocolat chaud, dewei démantèle ses jouets et la fait pleurer, et lijuan se mouche dans les t-shirts propres de dewei. s'il arrive parfois qu'elle s'agrippe à lui pour tenter de l'écraser de son maigre poids, jamais il n'aura levé la main sur elle — et elle pense que c'est parce qu'il a peur d'elle, qu'il sait qu'au fond elle est bel et bien la féroce combattante qu'elle proclame être.
mais la vérité, c'est que, derrière leur éducation bancale, ils ont appris à ne pas frapper les demoiselles, encore moins celles qu'ils aiment.

elle a commencé à tenir un carnet, dès qu'elle a su qu'elle continuerait d'oublier. des feuilles sur lesquelles elle écrit tout ce qu'elle vit, des feuilles qu'elle lit tous les matins en se levant, pour être sûre de se rappeler de ce qui lui est arrivé — c'est compliqué à vivre au quotidien, mais elle oublie d'être triste, lijuan. alors elle est heureuse, parce qu'on lui répète tous les jours d'être heureuse, de sourire, de jamais se détruire en repensant à ce qui lui a brisé le coeur.

c'est en 2014 que tout s'est compliqué, un peu. maman a recommencé à disparaître les soirs, comme elle faisait avant d'avoir lijuan — et quand elle entend ses frères en parler, ils disent tous lijuan, et... vous savez. mais lijuan, elle, elle sait pas et elle veut savoir ; elle veut qu'on lui dise, ce qu'il y a après ce « et ». ce qui se cache à côté d'elle, ce qu'elle a toujours senti mais dont elle a jamais pu se rappeler. parce qu'essayer c'est comme tenter de se remémorer un rêve, plus elle se concentre plus elle oublie.
elle essaye d'attraper ce souvenir comme on veut attraper une goutte d'eau.

sauf qu'un jour, maman elle tombe malade, maman elle vomit un peu et elle se tient le ventre — maman va pas bien, mais maman va pas mourir. au contraire ! maman va donner la vie. y a un petit être caché derrière la peau détendue par les autres grossesses, peau qui finit d'ailleurs par se retendre quelques mois plus tard, doucement mais sûrement.

le problème dans tout ça, c'est qu'apparemment, ils ont pas le droit. à partir de là, lijuan a pas compris. tonton lui a dit de pas s'inquiéter, de laisser les garçons gérer ; ils lui ont tous souri mais elle sentait qu'ils se forçaient, comme s'ils en avaient pas vraiment envie. et ils ont dû partir, grâce à quelqu'un que lijuan ne connaissait pas.

le même monsieur que celui qu'elle avait vu, quand elle était petite, et qui l'a guidée pour le diagnostic de ses troubles. mais elle a oublié, elle s'en souvient pas ; pour elle, c'était comme le voir la première fois. et elle se sent pas bien, dans la voiture, entassée entre deux des bai. elle se sent pas bien mais elle garde le sourire, elle oublie rapidement le malaise — elle les fait rire, elle chante et ils passent le temps du voyage comme une famille normale, entrecoupés par les maux de ventre d'une maman fatiguée et effacée.

quand ils arrivent, de longues heures plus tard, dans un joli pays qu'ils appellent la corée du sud, lijuan elle est perdue. ils ont appris les mots élémentaires avant d'arriver, ils y ont passé quelques semaines, quelques mois ; mais elle a déjà oublié comment on dit bonjour, elle a déjà oublié comment on demande où sont les toilettes.

les premiers jours sont durs, tonton fuhan s'occupe des problèmes avec le monsieur — ils ont tous l'air fatigués et lijuan elle est là pour leur remonter leur moral, pour embrasser leurs joues et leur chuchoter des mots d'amour. c'est son rôle, dans cette histoire : elle essaye de leur donner des ailes, les saupoudre de poussière de fée.
y en a qui diront que c'était que du sucre mais, pour elle, c'était vrai.

grâce à tonton et au monsieur qui n'a plus sa barbe — monsieur cho, il s'appelle monsieur cho —, les bai finissent par obtenir leur propre maison, leur propre identité. et c'est joli, quand ils reçoivent leurs uniformes. c'est joli, en 2015, quand ils vont à l'école tous ensemble, que lijuan elle embrasse son oncle, et sa mère. mais maman est vide, maman est plus très vivante ; le bébé ne sera jamais né. et maman n'a jamais eu l'air de l'aimer.

et c'est joli aussi, quand elle glisse ses mains dans celles de ses frères.

avouez vous aviez cru que ct fini lol

Et le petit bout de code pour le bottin ♥

Code:

[code]<span class="style1">✗</span> [b]KIM MINJI[/b] (kimi - BULLDOK) ⟫ bai lijuan[/code]