I. christianisme ancré dans les racines familiales, le père conservateur, la mère tournée vers le saint esprit. ses genoux ont raflé tant de fois le sol, ses mains jointes dans une prière mutine. il n'a que le souvenir macabre de l'ombre de la bougie qui illumine ses paupières closes. les châtiments plus grands que les bénédictions quand on condamne sa morale sulfureuse. ses parents lui ont tourné le dos, alors il a délaissé cette croix brûlante.
II.  un passé-souvenir, un passé qui semble si lointain comme s’il n’était pas le sien, caricature de famille qu’il aurait voulu s’approprier. il s'en souvient, parfois, en passages éclairs, c’est presque flou. sa gorge s’est longtemps entaillée de prières sourdes, la bouche tordue et les épaules tremblantes du paternel derrière lui – à ces instants-là, il devinait plus qu’il ne voyait sa mâchoire carrée et ses bras croisés, prêt à sévir s’il percevait la moindre déviance à sa foi. le cœur frigorifié, le cerveau shooté, c’était comme être dans un état second.  
III.  une recherche constante de la moindre attention, tel un animal abandonné, ses iris pris d'une pénétrante vitalité dès qu'une main lui est tendu en offrande. mais de la main, yeon traîne ses doigts jusqu'au bras et enfin le cou. il dévore. une quête d'attention muée à chaque fois en une obsession maladive et ses relations sont une suite d'échecs.
IV.  des couleurs vivaces et d'autres plus ternes, l'odeur piquante de l'huile qui éclos à chaque recoins de la grande pièce, des pinceaux éparpillés et la pulpe de ses doigts salie. il n'a jamais connu plus grande évasion qu'entre les toiles et les expositions. mais la peinture ne nourrit pas l'estomac, il a fallu tourner le dos aux fantaisies et n'en faire qu'un passe-temps, non une nécessité. jusqu'à ce qu'il rencontre celle qui saura faire usage de ce don.
V.   les tremblements rythmiques de ses doigts contre la moindre surface trahissent ses élans d'ancien camé en recherche de sa dose.  des arabesques invisibles tracées le long de son épiderme pour se changer les idées, penser à autre chose. une cigarette enflammée entre les lèvres et des bouteilles de single malt jonchant l'intérieur de son mini bar. homme faible. il combat une addiction par une autre et s'enlise dans un cercle sans fin.
VI. cette foi qu’il n’a jamais pensé être sienne, tout comme ce passé risible dont il se détourne. on lui a dévoré le cœur, enveloppé l’esprit de monstres et de démons jusqu’à en perdre le sommeil. de ses nuits, il n’a que les réminiscences de ses hurlements déchirant la nuit quand il se réveillait en sueur. l'unique lampe de chevet à l’autre bout de la chambre soufflait des ombres fantomatiques sur les murs gris et ses pensées décolorées et fourbes suffisaient à lui jouer des tours, rendre l’imaginaire réel. il a cherché l’amour, a voulu l’imprimer sur ses paumes fiévreuses. ses parents lui ont tourné le dos. le dégoût, compilé à l’ignorance dont ils l’ont toujours enrobé.
VII.  le souvenir d'un visage s'imprime dans les reliques de son esprit, sculpture divine qu’il éternise dans des morceaux de papiers arrachés puis des toiles huileuses. violente obsession. ces mêmes traits guident ses paumes le long de son corps lors de nuit solitaires, ils donnent un sens à sa vie et l'empêchent de dériver. ils lui intiment la lucidité quand il a le cerveau shooté, l'aident à rester éveillé des heures devant ses cours de finance ; pour être celui qu'il mérite.  
VIII. les phares des voitures l’aveuglent, les paupières lourdes et un manteau négligemment posé sur ses larges épaules, il traine les pieds sur ce chemin qui le conduit jusqu’à chez lui. l’âge adulte sans artifices, seulement la réalité et la lassitude qui auréolent ses yeux. les joues écorchés par le froid, le sternum, lui, est un brasier d'orange et de bleu. du vent dans les poumons et la folie plus grande dans la tête. les minutes défilent en une délicieuse langueur à présent que chaque journée est passée aux côtés de l'être adoré. et yeon aimerait tant pouvoir le dévorer, lui aussi anecdote