mauvaise génétique qui lui a été léguée à la naissance. bien que sa condition ne soit pas affectée dans sa totalité, mais dans sa partialité. santé plus fragile, qui le fait tomber malade trop souvent et le coupe de sa vie étudiante. il fait attention, shinae, mais pas assez, parfois. jeune âme voulant découvrir le monde, voulant vivre comme n'importe qui de dit "normal". c'est pour ça qu'il ne dit rien, garde tout pour lui-même. gamin obnubilé par cette passion dévorante, à laisser les yeux dériver contre les décors coupés par les fenêtres de la classe qu'il occupe. absences néanmoins répétées, le privant des plaisirs d'adolescents.

souvenirs bien ancrés de ce moment où ce garçon l'a approché, prétextant avoir des cours à rattraper. interrogations fugaces qui traversent les esprits, il a tout de même accepté d'échanger ses notes avec lui pour se rendre compte de la complexité de la chose. déchiffrer un cahier qui n'est pas le sien n'est pas chose aisée, mais minsu (ô douce mélodie à ses oreilles chastes) est d'autant plus désordonné dans la prise de ses gribouillis qu'il appelle "notes". honnêteté qui a fini par franchir la barrière de ses pulpeuses rosées. sourires échangés marquant la naissance d'une nouvelle amitié.

curiosité au fond des tripes, il l'a vu, un jour, s'égarer du troupeau et les pieds l'ont suivi derrière ce petit muret. cachette découverte et s'il ne désirait pas détruire quelconque moment d'intimité, il s'est plu à être l'unique personne connaissant ce petit endroit. à s'y retrouver tous les deux dans une récurrence réconfortante, il se sentait enfin normal. c'est pour cette raison que les sourires sont devenus plus doux en sa présence. silences qui le mettaient souvent mal-à-l'aise, sans pour autant le faire partir, c'est en cet endroit qu'il a découvert la passion de son comparse. enthousiasme avenant en voyant les crayons s'appliquer sur le papier. l'envie de partager les rêves s'est faite douloureusement poignante. s'il a toujours aimé danser, jamais n'a-t-on accepté qu'il suive des cours à cause de sa santé fragile. exerçant dans l'ombre, c'est là, aussi, qu'il a partagé cette partie de lui avec minsu.

froid de décembre qui le force à redoubler de prudence, attrapant froid à la moindre négligence. amusé, enjoué, à l'idée de lui apprendre quelques pas. le sourire ourlait ses lèvres quelque peu asséchées par le froid de l'hiver. souvenirs de ce moment où la main s'est levée pour lui tendre feuille de papier. interrogation sur les traits avant de comprendre qu'il s'agissait là du croquis presque contraint de lui faire. les sentiments qui remuent, le poussent à déposer un baiser sur cette joue rougie par l'embarras. qui en a entraîné un autre bien plus complexe, lui faisant découvrir la douceur de ces lippes gelées. le battant affolé, les pensées ont tourné plus d'une fois dans sa tête et la nuit fut de courte durée. à se retrouver le lendemain pour en discuter et faire évoluer ce lien qui les unissait. il a pu affirmer l'aimer et cette simple formulation l'a chamboulé. néanmoins, il y avait le désir de rester cachés, comme des parias, puisque l'ouverture d'esprit de leurs semblables est presque inexistante. et de normal, il est passé à "spécial".

des semaines à répéter avec acharnement mouvements précis, à s'épuiser. jusqu'à cette petite (( énorme )) victoire. engouement bien présent, à couper le souffle, devant l'idée de se produire devant celui que son coeur a choisi. pourtant, le bonheur s'est éteint et la colère s'est abattue sur lui. lui qui ne demande rien d'autre que de vivre comme tous les adolescents de son âge. vivre sa première idylle qui fut de bien trop courte durée. arrivé chez lui, tout juste avant d'aller le rejoindre, ses yeux découvrent une réalité affolante. séparation de ses parents et visiblement, le choix ne lui appartient pas. il part avec sa mère, doit déménager, refaire sa vie. sauf qu'il ne veut pas, ne supporte pas d'être loin de lui. et la vérité éclate sans sa permission, sous l'impulsion désespérée. sous les larmes d'une chaleur lancinante. explosion de colère et l'obligation tombe, l'abus de pouvoir le fait chanceler. c'est dans cet état qu'il rejoint le point de rendez-vous. il ne cesse de sangloter, les doigts tentant vainement de sécher les sillons sur ses joues. blessé, il pourrait aller à l'encontre de celle qui l'a enfanté, mais le chantage émotionnel a été fort. aucune chance pour minsu de l'approcher, alors que les paroles viennent lui écorcher la gorge. "ça ne peut plus continuer." oh que cette incompréhension sur ce visage si doux est douloureuse. ça le déchire de l'intérieur et comme le largué ne semble pas vouloir en rester là, les mots deviennent blessants, les doigts frottent trop la nuque à laquelle était accrochée une fine chaîne qui se défait, qu'il égare en prenant la fuite.

ils ne se sont plus jamais revus.

pourtant, il ne peut l'oublier, alors que les pieds foulent une ville bien différente, alors qu'il tente de continuer à vivre. la douleur est imposante de même que la culpabilité. chaque jour, les pensées dérivent vers lui, son premier amour. il n'a jamais pu l'oublier ni développer à nouveaux des sentiments pour quelqu'un d'autre. la coquille s'est forgée, pour ne plus laisser entrer personne. car c'est lui qu'il veut. c'est minsu. et c'est probablement cette nouvelle occasion d'étudier (( enfin )) en danse qui lui permettra de réparer un passé qu'il regrette plus que tout.