elle n’est plus là désormais ; la fragrance subtile de son existence qui s’était faufilée dans les tissus de son oreiller, les rires aux éclats d’argent et de bonne fortune, l’exhalaison d’une cuisine si vivace. celle qui vivait de grands gestes et d’une euphorique suffocante, elle n’est plus là et l’enfant ne se berce pas d’illusions car elle lui a tout dit, car elle avait peur elle aussi, toute frêle, toute fragile dans ses longues robe de mousseline d’un pastel apaisant, sans ses papiers sans l’ombre d’une force suffisante à le stopper ; qu’est-ce qu’elle aurait pu faire ? elle avait peur du divorce, de l’expulsion, des rues la nuit et de lui plus que tout au monde alors elle est partie. ô, elle savait qu’il se débrouillerait bien sans elle alors elle est partie sereine, laissant dans un bout de papier le secret d’une relation qui s’étalera dans le temps.

ce n’est pas l’amour qui fait grandir cet enfant ; c’est l’obsession de la force et de l’honneur d’un paternel parfois un tyran. il trouve au recoin de quelques rues des traces infimes de bonheur. cependant il n’est pas malheureux pour autant ; il a simplement le mal d’un pays qu’il n’a jamais vu ou connu mais qu’il idéalise dans ses rêveries. force et honneur des mots qui polissent lentement mais surement quelques traits de sa personnalité. il devient premier dans tout ce qu’il entreprend mais ce n’est pas la soif de savoir qui le presse, c’est la peur et rien d’autre ; ainsi donc il passe du collège au lycée et du lycée à l’université où il se prépare à devenir neurochirurgien. si on lui avait demandé son avis il aurait pu être n’importe qui mais en réalité il ne savait pas lui-même ce qu’il avait envie de faire à l’époque. la facilité a un goût addictif.


ne se rapprochant que de quelques millimètres de la fin de ses études, il compense tout ce stress et ces insomnies dans des soirées où son masque se fissure pour laisser place à un autre plus joyeux. bientôt tout ça ne sera qu’un souvenir, il se dit. bientôt. tous ses héros sont morts et il est né dans la mauvaise époque.

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