⊱ histoire

Jung Alex, né Jung Junyoung, est le premier né d'une fratrie de quatre enfants qui, quinze ans durant, aura maudit sa condition d'aîné de la famille. Premier héritier masculin d'une illustre famille de Busan, il fut conçu par ses parents dans le seul but d'être le petit garçon parfait. Celui qui allait perpétuer la tradition d'excellence de la famille Jung et ainsi permettre à ses géniteurs de passer pour des personnes accomplies aux yeux de la société.

Et c'est ainsi qu'il fut élevé ; tel le garçon parfait qu'il n'était pourtant pas. Junyoung devait exceller dans tout ce qui était possible et, pendant que les garçons de son âge jouaient à la balle ou à chat, lui recevait des cours particuliers alors qu'il n'avait pas mis un pied à l'école. Ses plus anciens souvenirs ? Son père, déçu, qui le grondait et le privait de dîner car il ne parvenait pas à résoudre des calculs mille fois trop difficile pour un gamin de son âge. Son regard sévère hante ses cauchemars aujourd'hui encore.
L'enfance et l'adolescence de Jy ne furent qu'une vaste illusion ; ses camarades de classe l'enviaient et ne voyaient en lui que le petit parfait soldat, illustre premier de la classe, enfant de riche famille. Mais personne ne pouvait ne serait-ce qu’entrapercevoir le fossé béant qui se creusait dans son cœur. Ainsi que les efforts draconiens qu'il faisait pour satisfaire l'ego de son géniteur.

Les petites disputes et privation de dîner se transformèrent rapidement en claque et en coup de ceinture. Son père ne pouvait se contenter d'une seconde place et le lui faisait bien comprendre. Jy dut alors très tôt apprendre à mentir et expliquer aux adultes et aux enseignants que ses bleus étaient seulement dus à sa maladresse. Quant à sa mère, celle-ci se contentait de hocher de la tête et détourner du regard, sa place dans cette société patriarcale étant trop précaire pour qu'elle puisse décider de quoi que ce soit.

Junyoung ne ressentit donc jamais l'amour de ses parents, uniquement de la peur. Mais la crainte est un carburant qui ne fonctionne jamais qu'un temps avant que le moteur ne se mette à cracher. Et ce qui permit au garçon de tenir cette pression fut, ironiquement, l'amour.
On dit que le plus grand amour que l'on puisse ressentir est celui d'un parent envers de son enfant, censé être inconditionnel et indestructible. Jy ne vous contredira pas mais il en pense pas moins autrement. Car pour lui, rien ne dépassera d'intensité les moments où il porta son petit frère puis sa petite soeur pour la première fois. Deux étapes qui lui ont fait réaliser une chose : il ne pouvait pas laisser son père infliger la même chose à ses trois cadets. Qu'il allait devoir être fort pour les protéger.

Et il fut fort. Pendant dix ans, il accepta de porter le poids des responsabilités sur les épaules pour que ses trois petits frère et sœurs n'aient pas à le faire.
Mais aucune corde n'est infaillible et malgré tous ses bons sentiments, elle a fini par rompre.

L'année de ses quinze ans, jjy disparu. Définitivement.