le regard souvent rivé sur son téléphone ou à sa console portable, image même de la jeunesse connectée. ❖ quand ce n'est pas cet écran, c'est derrière un appareil photo qu'on le retrouve, il n'est pas si doué que ça, mais il aime prendre en photo tout et n'importe quoi, et en fait souvent des tirages. ❖ passionné et touche à tout, il apprécie la peinture et il est plutôt doué. il aime passer ses après-midi perdu devant des vidéos youtube, surtout de chats, et de chiens heureux en voyant leurs maitres rentrer de missions militaires. ❖ sa mère le dispute souvent pour ramasser n'importe quel animal retrouvé dans la rue et le ramener à la maison pour s'en occuper. dernièrement, c'est une grenouille et un chaton qu'il cache dans le jardin de la maison. ❖ il a une santé assez fragile, attrape souvent des rhumes que ce soit en hiver ou en été. depuis un peu plus d'un an, une tumeur lui a été diagnostiqué, elle progresse doucement mais le rend faible. il culpabilise de cette charge de plus qu'il oblige sa mère à supporter. ❖ il a plusieurs tâches de rousseur héritées de son père, il les a toujours aimé, lui donnant l'impression d'être unique, et les moqueries ne l'ont jamais atteint. ❖ il adore les fraises, les smoothies à la fraise, la charlotte aux fraises, les sorbets à la fraise. Il se lève en pensant aux fraises, s'endort en pensant aux fraises. ❖ il parle uniquement mandarin, cantonais et anglais. Il apprend petit à petit le coréen, connait les bases et surtout le "noona achète-moi à manger." ❖ il a un style vestimentaire assez random, un jour en capuchon noir, le suivant habillé de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. ❖ il a un tamagotchi. à chaque fois qu'il veut fuir une situation gênante, il use d'un "pardon, je dois nourir mon tamagotchi." pour s’éclipser.❖ il collectionne les gundam. les timbres aussi. les coquillages. beaucoup de choses à vrai dire, il se passionne rapidement de tout.

son père, une ombre. un être tenu en estime pendant si longtemps, incroyable à ses yeux jusqu'à ce que ses traits ne s'enlaidissent et que son souvenir ne s'entache. yao aimait tout de lui, était fier de l'appeler papa. il était sa personne préférée jusqu'à ce qu'il ne le soit plus. un réveil matinal sans sa voix qui l'appelle pour descendre manger, l'effroi de sa mère quand elle compose son numéro de téléphone à plusieurs reprises sans réponse. papa les avait abandonné et plus tard, yao apprendra qu'il avait une nouvelle famille, une sans doute meilleur que ce qu'ils avaient pu lui offrir.

les mois d'après ont été une lente chute aux enfers. sa maman ne leur a jamais caché son chagrin dès qu'elle faisait un pas à l'intérieur de leur maison et qu'elle pouvait enfin ôter ce masque impassible qu'elle préservait toute la journée dehors. yao séchait doucement ses larmes et tentait de la rassurer, tandis que sa jumelle yuna redoublait d'injures envers ce paternel traitre, affirmant qu'ils n'avaient pas besoin d'hommes sous leur toit.

ce n'est que bien plus tard que yao a saisi pourquoi cette rupture avait autant brisée sa mère. ce n’était pas la première. un soir de confidence alors qu'elle sirote tranquille son vin à leurs côtés, elle lui parle de son passé d’idol en corée du sud, pays où elle avait débarqué les étoiles dans les yeux et des rêves pleins la tête. comment elle avait aimé, avait fait confiance à un homme qui représentait tout pour elle. un autre homme marié. pattern similaire. mais elle ne comptait pas refaire les mêmes erreurs, et si elle a abandonné sa première fille, elle compte garder les jumeaux à ses côtés pour toujours. plus tard, par des paroles indirectes, Yao comprend que cette grande sœur était morte bébé. il n’a jamais pensé à vérifier les dires de sa mère, et ce n’est pas comme s’il a les moyens de le faire non plus.

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il se souvient du flou, ses yeux qui ne perçoivent que le brouillard. les oreilles qui sifflent. comme un malaise, puis le noir total. puis aucun souvenir quand il se réveille paniqué, aveuglé par les murs blancs d’un hôpital. sa mère n’a jamais rien voulu lui expliquer, assurant que ce n’était que passager. mais depuis ce jour, son visage est devenu plus sombre, ses heures de travail ont décuplés. il grimace quand elle lui dépose une pile de médicaments devant lui. obéissant, yao l'écoute, surtout encouragé par la manière dont le visage de Parce qu’au moins, le visage de maman s’éclaire un peu.
il sent parfois le regard inquiet de sa jumelle sur lui, quelques attentions dont elle l'enrobe. elle le taquine moins, semble plus aimante même si leur relation a toujours été fusionnelle. il ne veut penser à rien. mais quand les symptômes recommencent et qu’il se sent réellement faiblir, quand on ne le laisse plus faire de sport à l’école ; yao sait que ça n’a rien de passager. maman avait menti, ce n'était pas un rhume têtu, ça ne passera pas.
ça fait déjà des mois que ça dure et ça ne s’arrête jamais. Sa mère lui explique, ses mots sont si vagues, si imagés. il a du mal à tout comprendre, il aurait préféré qu’elle lui donne simplement le nom d’une maladie, des syllabes bien claires, quelque chose qu’il pourrait au moins chercher sur google. yao comprend juste qu’il malade, et que les virées à l’hôpital risquent de devenir de plus en plus fréquentes.

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il ne saisit pas la raison de ce changement brutal de vie. sa mère explique simplement qu’un médecin plus réputé réside à séoul et au lieu de dépenser de l’argent en avion à chaque fois pour le consulter, ce serait plus simplement de déménager, juste temporairement. elle prétexte également avoir trouvé un meilleur travail ici et qu'elle y réfléchissait depuis des mois. il ne comprend pas mais ne dit rien. sa jumelle est évidemment trainée avec eux.  
cela fait un peu plus d'un an qu'il a atterri dans un pays à la langue inconnue, chaque pas se fait avec incertitude même s’il prend peu à peu ses aises. c’est difficile de se faire des amis au lycée quand il ne parle pas leur langue et s’absente énormément. sa maman leur offre plus de luxe depuis ces derniers mois aussi, et il ne se doute absolument pas que cela est le fruit d'un chantage avec son ancien amant.