I. Dan Bi, malgré son nom de famille étranger, est bel et bien née en Corée du Sud. Son père est un japonais opportuniste, qui est venu dans ce pays dans le but de faire fortune. Quant à sa mère, c'est une coréenne qui s'est trouvée sur le chemin de ce japonais et qui n'a pas su résister à ses charmes. D’origine forte et indépendante, elle s’est délaissée face aux promesses qu’il lui faisait encore et encore, lui promettant une vie de rêve. De cette union est née une enfant, la seule et unique enfant Nako, Dan Bi, deux ans seulement après leur rencontre.

II. Sa vie à la campagne s’est déroulée sans embûche dans les grandes lignes. Elle vivait proche de Busan, mais suffisamment loin pour ne connaître cette grande ville qu’en surface. En dehors de quelques excursions là-bas, que ce soit avec son école ou de rares moments avec ses parents, elle n’est que très rarement sortie de sa campagne. Dire qu’elle détestait cet endroit serait un peu fort, mais elle était jalouse, oui, quand elle voyait la vie des autres sur internet, que ce soit à Séoul ou Busan, dans des endroits animés et plein de monde.

III. Pour en revenir à son père, Dan Bi a longtemps ignoré le métier qu’il pratiquait. Il était simplement un homme d’affaires, qui préférait ne pas mélanger sa vie personnelle et professionnelle, à tel point qu’il n’évoquait que très rarement le travail à la maison. Pour cause : il trempait dans tout ce qu’il ne fallait pas. Pour le coup, lui connaissait très bien Busan puisqu’il travaillait là-bas. Lorsqu’il était au Japon, durant son adolescence, ce n’était qu’une petite frappe de bande locale, mais en prenant du galon il est venu en Corée du Sud pour superviser les affaires de son groupe ici. Il avait la main mise sur un petit port là-bas, s’assurant de l’import-export en prenant soin de détourner l’attention de la police, ou en cognant sur les regards trop curieux. Enfin, il ordonnait à ses hommes de le faire, puisqu’il ne se salissait plus à proprement parler. En y repensant, il est vrai que Dan Bi avait toujours trouvé ça un peu étrange, de vivre dans un tel coin paumé malgré la fortune qu’ils avaient. Leur maison restait plus ou moins modeste, mais ils avaient une belle voiture, les dernières technologies qui sortaient. Ce genre de détail qui passait inaperçu auprès d’un enfant.


IV. Malgré une jeunesse plutôt tranquille, elle a connu une légère période de harcèlement dans ses premières années de lycée. La raison ? Elle l’ignore. Peut-être était-ce à cause de son nom de famille qui sonnait trop étranger, ou alors parce que, malgré elle, elle était riche. On l’a d’abord ignoré, parce qu’elle avait osé se pointer un jour avec une montre de marque - un cadeau de son père, preuve soi-disant qu’elle prenait les autres de haut. Puis ce fut quelques brimades, jusqu’à ce qu’une bande se mette à trouver que ce serait drôle, de l’enfermer un soir dans la réserve du gymnase. Isolée dans son coin, elle a presque sauté de joie, quand elle a reçu un message sur kakaotalk pour lui dire de venir trainer avec un groupe, à l’arrière du gymnase après les cours. Grave erreur de la jeune Nako, puisqu’une fois arrivé là-bas, les deux garçons du groupe la trainèrent de force jusqu’à la fameuse réserve, qu’ils prirent soin de bloquer de l’extérieur sous les rires glaçants de deux filles qui accompagnaient le groupe. Dan Bi a passé deux bonne heures dans ce cagibi, seule dans l’obscurité à marteler sur la porte pour qu’on vienne lui ouvrir. Ce n’est qu’après ces deux heures que le gardien de nuit vola à son secours. Bien évidemment, elle affirmait s’être enfermée toute seule pour ne pas se prendre de représailles sur le coin de la figure.

V. Les choses se sont calmées les mois suivants, quand un autre garçon partageant ses origines était arrivé au lycée. Elle aurait dû avoir un signal d’alerte à cette époque mais elle n’y a pas prêté attention, ou n’a pas voulu. Il était courtois et charmant, ce n’était pas le souci, mais son arrivée avait coïncidé avec l’hospitalisation de l’une de ses brutes. Si Dan Bi les haïssait de tout son coeur, elle ne souhaitait le mal de personne. En réalité, il n’était que le fils de l’un des collègues de son père, qui venait d’arriver en Corée du Sud et que son père logeait provisoirement dans l’une des maisons de la ville. C’est au détour d’une conversation dérobée, qu’elle comprit que celui qu’elle considérait comme son petit-ami depuis quelques mois n’espérait en réalité que s’attirer les faveurs de son géniteur sous couvert de protéger sa fille chérie. Autant dire que la séparation n’a pas tardé, Dan Bi a collé pour la première fois de sa vie sa plus belle des gifles, lui laissant la trace de sa main en souvenir sur la joue pendant quelques heures, si ce n’est quelques jours.

VI. Elle a complètement vrillé en se rendant compte de tout ça. Elle avait envie de se rebeller, de montrer sa colère comme pouvait le faire d’une adolescente de 16 ans qui se sentait trahie. Cigarettes, consommation de bière bien avant l’âge légal. Rien de dramatique, un simple majeur en l’air à qui veut l’entendre. Ce n’est qu’une seule autre élève de son lycée, au final, qui a entendu son appel à l’aide. Si le harcèlement s’était bel et bien arrêté après l’apparition de son ex, ce n’est pas pour autant que les gens faisaient la queue pour être son amie. Sauf elle, probablement parce qu’elle faisait tache dans le décor, elle aussi. Elle venait d’être transférée après la mutation de sa mère, et arborait un je m’en foutisme à l'extrême, qui fut très vite contagieux pour Dan Bi. Elle fut sa première véritable meilleure amie, bien que perdue de vue à l'heure actuelle.

VII. Son père est passé par la case prison. C’est vers la fin de son lycée, que la police est venue cogner à la porte de la maison familiale pour l’embarquer. Corruption, activités criminelles en bande organisées, et sûrement d’autres chef d’accusation que n’a pas retenu Dan Bi.

VIII. Ce n’est qu’à ses 18 ans qu’elle a enfin eu le courage de s’envoler pour partir loin d’ici, honteuse du véritable visage de son père. Malgré les crimes de ce dernier, il avait assez d’argent pour se payer un très bon avocat et réduire sa peine, le laissant revenir dans le monde réel quelques mois après le départ de Dan Bi. Dan Bi a essayé de convaincre sa mère, que son père n’était pas une bonne personne et qu’elles pouvaient tout à fait prendre leur envol avec l’argent mis de côté. Mais elle a refusé, éperdument amoureux de cet homme. Alors Dan Bi, elle a fait main basse sur les quelques liasses de billets que son père cachait dans son bureau - assez pour se payer un billet de train et un logement à son arrivée, rien de plus. De l’argent sale qu’elle n’utilisait qu’en cas d’urgence.

IX. Son premier arrêt fut Gwangju. Elle était partie sur un coup de tête mais n’avait pas vraiment de plan de vie défini. C’était surtout le premier billet de train qu’elle avait pu acheter. C’est là-bas qu’elle a rejoint une université dans un premier temps, renouant avec l’une de ses passions d’adolescence, à savoir l’informatique. Sauf que comme elle aurait pu le prévoir, il ne fallut que quelques mois après sa libération pour que son père ne retrouve sa position et la contacte sur son nouveau téléphone pour lui ordonner de rentrer à la maison, qu’il viendrait jusqu’à Gwangju s’il fallait la trainer par la peau du cou. A croire qu’il lui avait fallu une petite peine de prison pour faire tomber le masque du père en or.

X. Elle a tout plaqué de nouveau, son logement, l’université, arrivant à Séoul. Elle fut confrontée à la réalité de la capitale : la campagne a l’avantage d’avoir des prix relativement corrects. Tout coûte plus cher ici, la nourriture, le logement. Alors Dan Bi, elle a commencé par travailler dans un fast-food à mi-temps, histoire d’avoir assez d’argent pour se racheter un matériel informatique et commencer à payer ses premières mensualités pour ses cours en correspondance. Elle avait déjà de bonnes connaissances en informatique en autodidacte, certes, mais aucun diplôme pour le prouver puisqu’elle n’avait fait que ses premiers mois d’université. Avec ces cours, elle s’assurait une preuve concrète de ses connaissances, puis commençait à récuperer quelques contacts, que ce soit d’autres élèves du module ou bien ses professeurs.

XI. C’est en parcourant pour la millième fois les offres d’embauche sur internet qu’elle est tombée sur celle de Pas’tech il y a de ça neuf mois. Pour une fois, ils recherchaient une codeuse sur le long terme, pas simplement pour développer un module ou quelques lignes de commande dans un programme. Bien moins rêveuse et plus terre à terre que les autres membres de Pas’tech, elle a quand même su se faire séduire par l’idée - puis maintenant elle n’a plus vraiment le choix, puisque son modeste appartement est devenu leur QG avec le temps. Même si elle ne se prive pas pour faire savoir que si elle ne faisait pas payer de loyer à l’entreprise, c’est parce qu’elle comptait avoir son salaire en temps et en heure lorsque le projet deviendrait rentable. Elle a même déjà menacé de changer le code de son appartement et supprimer tous leur numéro, estimant qu’elle avait fait bien trop d’heures pour ne pas être payée en bonne et due forme.

XII. Depuis son départ de la maison familiale, Dan Bi n’a absolument aucune nouvelle de sa famille au sens large. En partant en pleine nuit à l'époque, elle avait laissé une lettre à sa mère, s’excusant et lui affirmant qu’elle l’attendrait à Busan, si jamais l’envie de la rejoindre lui prenait - elle savait que cela n’arriverait jamais, d’où la fausse adresse. Et surtout, elle ne tenait pas à ce que son père vienne pour lui réclamer son argent, ou pire, pour l’obliger à rentrer chez eux. Au final, cette tentative de brouiller les pistes n'avaient pas vraiment marché puisque son père l'avait vite retrouvé à Gwangju, mais depuis son départ pour Séoul elle semble être relativement tranquille, bien qu'elle reste sur ses gardes par principe.

anecdotes en vrac

Dan Bi baigne dans l'informatique depuis le collège. Tout a commencé lorsque son père lui a offert un ordinateur, et que sa curiosité l'a poussé à inspecter la machine sous toutes ses coutures. Elle était emerveillé par le moindre site internet ou logiciel, à tel point qu'elle a commencé en bas de l'échelle en tapant "comment créer un site" dans google. Ses premiers essais fut catastrophiques, mais elle a su perseverer, délaissant cependant vite la partie web pour la partie logiciel.

~ C'est une grande joueuse de jeux-vidéos, à tel point qu'en arrivant à Séoul, ses deux premiers achats fut : un ordinateur ainsi qu'une console, bien avant même de penser à acheter un lit. Ce qui lui a valu de dormir sur un matelas posé au sol les premiers mois.

~ Si sa phase de rebellion est bien derrière elle et qu'elle a abandonné la cigarette aujourd'hui, elle n'en reste pas moins une grande amatrice de soju et de bières - en toute légalité à présent. Elle n'en boit pas quotidiennement, mais lorsqu'il faut en boire pour la bienséance lors d'un rassemblement, ce n'est pas la dernière pour vider les bouteilles. Chose qu'elle regrette de temps en temps le lendemain matin, lorsqu'elle a la gueule de bois.

~ Elle a un niveau correct en anglais, langue importante dans l'univers de programmation, ainsi que de solides bases en japonais. Elle ne l'a jamais réellement pratiqué assidument, mais son père avait toujours tenu à parler au moins 20% japonais à la maison, pour l'éveil de sa fille.

~ En dehors de ça, si elle ne garde que très peu de lien avec ses origines japonaises, ce n'est pas pour autant qu'elle crache sur les animés. Elle a commencé à en regarder par simple envie de maintenir ses bases en japonais, puis a finalement continué d'en regarder par la suite, par pur plaisir. Quand on lui demande, elle sort les noms des animés à la mode bien badass, alors qu'en réalité elle regarde aussi beaucoup d'animés un peu niais sur des histoires d'amour, mais pour le bien de son image elle n'en parle jamais, voyons.