❛ c’est beau, le bleu. c’est la couleur du ciel des jours heureux, sans l’aura pesante de la tristesse des nuages gris chargés de larmes — et pourtant, quand on est triste, on a le blues, le genre mélancolie musicale du dix-neuvième siècle pour chanter ses déboires. des bleus sur les genoux quand on tombe la première fois de son vélo, des bleus au cœur quand il se brise, comme les vagues de la même couleur sur les rochers. je me suis toujours demandé si la tristesse et le bonheur pouvaient naître de la même nuance ; cobalt pour l’espoir. cœruleum pour l’amour et saphir pour la peine.

1 ✧ NEW MOON ➥((le diamant de glace)) – c'est ici que les prunelles se sont ouvertes pour la première fois sous les flocons qui ont recouvert le sol déjà immaculé. les premiers pleurs résonnant en écho pour s’écraser contre la glace annonçant la naissance d’un être où le sourire peut réchauffer n’importe quelle âme gelée dans ce monde où seule la froideur règne en maître du jeu. elle est le rayon de soleil qui crame d’un peu trop près.

la beauté éphémère d'un amour calvaire, petite avant-dernière d'une fratrie de trois enfants déjà. p r i n c e s s e.  l'ivresse bonheur, yulji sur toutes les lèvres prononcé; miracle d'une vie, poésie fantastique choyée, adorée. ➥ enfance émerveillée. le soleil embrassé pour l'éternité. le sourire apposé pulpes célestes : ses rires pour mélodie conteste ; lune.  on lui offrent les plus ineffables sourires; ce sont des rires qui bercent la maisonnée du soir au matin. couverte de présents, elle trouve davantage d'intérêt dans les mystères de la vie. gamine aux allures candides, éternelle curieuse. ➥ ((songes épais)) ; elle a toujours été adroite dans son éducation, surdouée de touts côtés. le regard pétillant de ces livres ayant leurs propres histoires ; grandissant dans les beautés, les frayeurs, pour être sans peur. tout est si tragiquement magique. la méfiance au creux des reins ; l’autonomie dans les veines, de ses responsabilités sereines ; sous les mots ensorcelants ✧ ➥ ton papa est là ? non, que mes frères !toutes mes condoléances ma p'tite... un silence assourdissant. s i l e n c e. maman n'est plus, maman est morte. elle hurle, yulji. elle crie, hurle sa peine, crie sa douleur. mais silencieusement. ces lèvres restent scellées, jamais un son ne glisse d'entre elles. rien ne s'échappe dans les airs. rien ne résonne dans le creux des tympans de ceux lui soufflant des mots réconfortants. elle s'enferme. elle se tait. tout simplement incapable de prononcer ne serait-ce qu'un mot pour décrire la souffrance qui la submerge, pour exprimer cette douleur achevant son cœur à petit feu.des sentiments indescriptibles. un silence étouffant pour autrui. ils tentent tous désespérément de la faire parler, qu'elle murmure au moins une syllabe. mais rien. il n'y a que le silence. parce qu'elle est incapable d'élever la voix pour extérioriser ses ressentiments. parce qu'elle a mal. parce qu'elle est terrifiée. maman m'a dit qu'elle m'aimait et qu'elle ne partirait jamais...

             yulji avait réalisé ce jour là
             qu'aimer était le plus cruel des sentiments  
             et qu'elle ne serait plus en mesure de l'offrir    
             à ceux qui voudraient le recevoir

➥ l’amour ne se percevait pour cette petite fille qu’au travers des innombrables coups de poing placés sur ce punching bag. explosive la petite, ses excès de colère font rage et ravage tout sur leur passage. ils se font soudains, abstraits, ils se fourvoient dans son cœur et prennent forme dans ses torpeurs. cet aspect de son âme était une vapeur très dense, une illusion; le meilleur prétexte afin que le monde prétende avoir une solution. pourquoi se devait-elle d’aimer et de l’être en retour? l’amour ne sert qu’à cacher les vautours.

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                                                                 PALETT(R)E
                                                               LES MOTS BLEUS
                                                   *   　　　 ⊹  ˚  .    　　.

Si le bonheur avait une couleur, cela serait celle de ses yeux. Je me sens si belle à travers ses pupilles, galaxies précieuses caressant mes courbes. Je n’avais jamais pu apprécier un regard d’homme comme je le faisais à présent. Une nécessité impérieuse qui me hurle de ne guère rompre l’instant par peur de la perte. Une âme, un cœur, un être — comment peut-on simplement être splendide en toute forme ? Il est insolent l'américain. Détenant dans ses phalanges régulières la clé de mes pulsations. Je ne peux dissimuler mon trouble qui me prend à la gorge, animant mes sens en un ballet maladroit. Et il parle, me dérobant un sourire court, limpide ; inexpliqué. Princesse d’un pays froid se parant d’Icare. Il me semble sentir la tendresse de ses mots sur ma langue —comme si j’embrassais son plexus solaire.


2 ✧ ECLIPSE ➥ ô comme les temps ont changés ; dénuée de sa chaleur, femme - princesse - duchesse - ; le péché l’a abimée. ses chairs pulpeuses expertes en sourire pudiques ont découvert auprès de lui, la lascivité. gâtée et pourrie , l’amour (qu’elle cru véritable)l'a endommagée. l’innocence du sentiment primaire a noirci son coeur ( autrefois si pur ), viciant ce dernier du luxe de l’immoralité ➥ songes peuplés de cauchemars au goût amer, incapacité viscérale à les dissocier de la réalité, la panique fait vibrer son coeur quand ses paupières s'ouvrent enfin. ➥ symbole des forces de l’ordre dans cette vallée des larmes, elle a toujours su faire preuve d’intégrité et de panache, lors de ses interventions policières. seulement, ce soir-là, ces faux-semblants de bonnes mœurs rencontrent leur limite. face à cet énergumène, empreint de délinquance, d’insolence et de flegme, elle perd ses moyens et son sens de la justesse. le délit, saupoudré d’une folie furieuse, le sachet d’opium déverse ses effluves entre ses cils, et ses poings tonnent, frappent contre ce malencontreux visage tuméfié par le vice. elle sait à quel monde il appartient, ce qu'il a fait subir à son petit frère et tout ces autres enfants innocents et cela la rend dingue d’imaginer, ne serait-ce qu’une seconde, qu’il puisse s’en tirer indemne. c’est avec cette hargne à laquelle personne ne l’associe, qu'elle heurte, cogne, désagrège, l’individu qui a osé défier son autorité et s'en prendre à sa familll’éclat d’une purgation à l’image d'ce quartier sombre où même sous les pans de la justice, l’immoralité peut se musser. dans l’ombre d’une ruelle, l’obscurité s’avère alliée, et complice. malheureusement pour elle, quelqu’un a surpris cet égarement, et a enregistré la scène, pour immortaliser sa chute. une vidéo compromettante, scrupuleusement gardée, un outil qui menace sa réputation, et par extension, sa carrière. Une opportunité, pour ses détraqueurs, qui ont su en faire usage à bon escient.


3 ✧ BREAKING DAWN ➥ assise sur ce box-spring bien trop inconfortable, offert comme office de cercueil ; la pénombre grignote chaque parcelle de son faciès. le sang bat dans ses tempes, circule dans son système à un rythme alarmante, tentant de ne pas abandonner son myocarde affolé. violent fracas ; l’épiderme arc-en-ciel créer c'bal d'echymoses sur sa chaire de porcelaine. trachée en détresse ; l’oreiller que son bourreau tient enfoncé sur son visage lui empêche quelconque inspiration ; assis de tout son poids sur son corps quasi inerte. ses cris inaudibles ont fait s’évanouir les dernières traces d’air qui, jusqu’ici, lui avait permie de demeurer consciente. mais petite yulji est une battante, elle n'est pas prête à disparaître, à s'effacer. une brûlante prière l’envahit et prend forme dans son cerveau ralenti par le manque d’oxygène. « s'il vous plait, faites en sorte que je trouve la force de sauver ma peau, je ne peux pas m'éteindre, s'il vous plait, aidez-moi à vivre. » & puis, le poids des plumes fait place à un vertige puissant ; ses poumons se crispent sous cette violente libération qui fut aussi éphèmere que la rose. ses côtes furent les premières crieuses quand ces poings robustes maltraitèrent l’amas de pleurs en quoi elle se transmuait.

les yeux rougis, le visage blême, la sueur et le sang ruisselant sur son corps nu,

les dernière lueurs d'espoir s'effacent dans l'obsidien, elle abdique.



4 ✧ FULL MOON ➥ âme torturée, être bafoué, ermite renfrogné, elle aspira à l'art plus qu'à la sociabilité. elle haïssait la société. possédée par une vengeresse folie meurtrière ô combien dévastatrice, elle tentait en vain d’adoucir ses mœurs des plus anarchiques. les yeux clos, s’offrant à la ville, elle se laissait simplement porter par les notes de musique qui faisaient écho dans le silence du vent. les vibrations des cordes sous les caresses de son archet l’apaisaient, plus que de raison. à cet instant, le monde n’existait plus. en transe mélancolique, elle était emportée par la pureté du moment à mesure que ses phalanges se déplaçaient avec dextérité le long du manche de son violon. doucement, alors qu’elle chantonnait d'un timbre angélique au rythme de la mélodie, elle oublia. elle oublia l'instant qui avait précédé. ce corps sans vie gisant à ses côtés n’avait plus la moindre importance. les taches de sang trônant sur sa chemise d’un blanc jusqu’à lors immaculé non plus. alors qu’elle n’était plus, elle avait oublié la tragédie. elle avait oublié sa tuerie. elle ne s’accordait plus qu’à l’accalmie, palliant à sa démence dominatrice. ➥ il y a des endroits dans le monde qui apporte systématiquement la paix pour autrui. un souvenir d’un rire, d’un « je t’aime », d’un éclat trop fort ou bien si faible qu’il s’apparentait au silence. celui de la brune portait autrefois le prénom d’un homme qui n’était plus. en parler ainsi était bien mélancolique ; comme décrire un disparu. il était mais son souvenir lui, ne l’était. et peut-être que dans l’esprit lunaire : c’était tout comme. quelle ironie n’est-ce pas ? un mort vivant — bien loin de ces clichés cinématographiques— ; un fantôme visible. un parfum qu’on n’a jamais goûté et qui, pourtant, emplit toute l’atmosphère. elle suffoquait des souvenirs qu’elle n’avait pu avoir, maudissant l’amour innocent qui avait tout de bourreau. las, la bassesse de l’espoir qui ne l’avait guère encore quitté. elle pouvait médire, parjurer ses pensées en prêchant la paix ; son patronyme était tempête. et la pluie, c’est dans ses yeux inanimés qu’elle avait trouvé la vie. ➥ Délires noctambules à la respiration hâtive, le corps se veut paisible pendant que l’Âme lutte ; prisonnière du carcan empirique des êtres perdus. Les secondes se veulent meurtrières, ralentissement calculé d’une course qu’on ne veut gagner. Le visage est angélique : lèvres entrouvertes, souffle régulier, regard néant dissimulé. Le calme est Roi dans l’apparence, le silence n’a jamais été aussi trompeur —— elle ne vit qu'à moitié.c’est l’histoire de celle qui est morte avant d’avoir vécu, offerte au présent comme l’Innocence qu’elle n’avait plus. étrange regard éveillé du nouveau-né ; plus sage que celui qui a étudié mille livres sans les avoir parcouru.plleurs silencieux aux allures célestes, les perles ont coulé sans épouser le son et le vraisemblable s’est envolé. Elle fut.