elle avait eu envie de passer la journée seule areum, habituée à vagabonder au milieu des espaces verts quand elle ne restait pas enfermée chez elle à lire l'un de ses (trop) nombreux bouquins, ou à écouter de la musique, suffisamment forte pour embêter – sans le vouloir - ses voisins de pallier. elle s'était laissée porter par le vent de saison, la neige et le froid ayant déjà fait place au soleil et aux températures plus appréciables, pour le plus grand bonheur d'areum, qui détestait l'austérité de l'hiver. ingénue aux envies de profiter du moment et du spectacle qu'offraient les arbres en fleurs, maintenant que les bourgeons étaient sortis et que le printemps venait définitivement de s'installer. elle n'avait pas eu de but précis, si ce n'était de se rendre au parc pour observer la myriade de couleurs, vert d'eau, rose pâle, rouge rosé, jaune bonbon, palette-douceur, tons pastels qui donnaient à la blondinette des idées de compositions florales, de bouquets qu'elle s'appliquerait à créer dès l'instant où elle serait autorisée à remettre les pieds sur son lieu de travail : le fleuriste de son petit quartier. jours de repos que sa responsable lui avait accordé suite à la mésaventure qu'elle avait provoquée dans son appartement, glissade-catastrophe pour éteindre son alarme incendie (qui s'était mise à sonner sans raison précise) sur sa jambe déjà maudite par la douleur d'un précédent accident, malédiction qui lui avait valu une visite des pompiers pour la remettre sur pieds. depuis ce jour de malheur, areum se déplaçait péniblement, parfois en béquilles (c'était le cas aujourd'hui) quand elle pouvait éviter le regard du peu de personnes qui constituaient son proche entourage. désir de ne pas provoquer l'inquiétude ou de leur faire perdre du précieux temps... areum n'avait rien dit à personne, ayant réussi à éviter le sujet ou à feindre la fatigue quand on lui proposait de sortir pour une activité, mutisme passager qu'elle s'évertuait à protéger, attelle qu'areum cachait sous des pantalons trop grands quand elle n'avait pas d'autre choix que de se rendre à l'université pour ses cours obligatoires... assise dans l'herbe de l'immense parc de jamsil, là où elle était susceptible de ne croiser aucun visage familier, elle sentait les fleurs délicatement cueillies, areum ayant pris le droit de le faire, à l'abri des regards. mais ce que l'étudiante n'avait pas prévu, c'était la ribambelle de guêpes venues elles aussi, apprécier le délicat parfum des jonquilles et des jacinthes fraîchement coupées. ah noooon, partez ! ode au chaos, areum qui haïssait de tout son être les insectes (le comble pour une fleuriste) tandis qu'elle commençait à s'agiter, de quoi affoler davantage les petites bêtes qui tournaient autour de son visage. elle sentait déjà son châtiment ployer, une piqûre à la joue.