depuis qu'elle a subi le départ inopiné de minzhe, frère qui lui a caché son voyage vers l'étranger, elle se sent inlassablement égarée, comme poussée dans les abysses de la tourmente. ça a le goût de la colère, de la traîtrise, et si elle s'écoute, elle pourrait lui crier à la figure à quel point il a été idiot de partir sans prévenir. mais elle le sait hara, qu'elle sera incapable de tempêter sur le garçon dès l'instant où elle apercevra sa bouille angélique – s'il décide de montrer son visage -, se maudissant d'avance, trop faible, trop attachée à lui pour le blesser. gamine perdue entre les irrémédiables sentiments qui bousculent son palpitant agacé, terni par la trahison du petit frère adoré, hara aux envies de devenir subtilement céleste ou tendrement succube, à provoquer consciemment les bêtises, pour oublier la calomnie fraternelle initiée. doucement scandaleuse, elle s'égare dans les bars, se fascine pour l'alcool, se fourvoie dans les idylles éphémères, mais ne pousse jamais le vice plus loin que de simples baisers, n'osant jamais sauter le pas, préférant détruire instantanément les espoirs d'autrui, plutôt que laisser espérer qu'il pourra se passer quelque chose à ses côtés. cœur moins pierre qu'on ne le pense, qu'elle ne divulgue qu'à une poignée restreinte, hara aux peurs de laisser montrer qu'elle est vulnérable, remplie de désespoir, submergée de chagrin... les pensées sont vivement chassées lorsqu'on tapote à côté d'elle pour lui indiquer que son cocktail est prêt. les faux ongles viennent pianoter le comptoir dans une symphonie passagère, tandis qu'elle plonge ses pupilles dans celles de son interlocuteur temporaire, rencontré quelques jours plus tôt à l'université. date improvisé qu'elle s'autorise malgré le dégoût et le désintérêt qu'elle ressent à chacun de ses rendez-vous, toujours épouvantables, constamment exécrables. alors elle attend qu'il se manifeste, que le temps passe, qu'il provoque nonchalamment le terrible faux-pas pour qu'elle lui dise de partir aussitôt. mais rien ne vient. garçon adorable, joues rosées dues à la gêne apparente. hara s'en veut presque, de le laisser espérer qu'il peut y avoir plus entre eux. paille glissée entre ses lippes, déposant silencieusement sa main sur la joue du jeune homme, soupirant un tu peux me parler tu sais. hara ne lui brisera pas le cœur ce soir. les yeux voguent alors plus loin, se posent sur les personnes qui les entourent, hara au calme apparent. et elle le voit enfin, le sourire amusé de l'homme moqueur, silhouette désinvolte qu'elle connaît par cœur.

il a besoin de souffler. de se laisser aller après les dernières semaines chargées qu'il vient de vivre. depuis qu'il est diplômé et officiellement médecin au sein de l'hôpital, sangjun n'a que très peu de temps libre. encore moins qu'avant et s'il est de nature fêtarde, chaque moment de repos a servi à récupérer ses forces. aujourd'hui, il a enfin pu terminer le travail tôt et il pourra profiter d'une journée entière de congé le lendemain. la soirée parfaite pour sortir dans les bars. il hésite un moment à envoyer un message à injoon afin de le voir l'accompagner, mais il ne le fait pas. tout est toujours tellement compliqué, en sa présence. ou alors, tout est toujours trop simple? ça dépend de la façon de voir les choses, probablement. c'est simplement que jun se voile la face et ce, depuis toujours. il ne remarque pas les sentiments qui l'habitent à l'égard du garçon, tout simplement, parce qu'il n'a jamais ressenti pareilles choses pour quelqu'un. une part de lui est probablement effrayée et le pousse complètement dans le déni. armé de son plus beau sourire charmeur, il papillonne de demoiselle en demoiselle sur la piste de danse, appréciant bière après bière. le temps semble s'écouler à une vitesse faramineuse, lorsqu'il revient vers le comptoir du bar pour se commander autre chose à boire. lui qui tient à peine sur ses jambes et qui finit par remarquer un visage connu à l'une des tables un peu plus loin. le rictus se fait amusé et il s'empare de la nouvelle bouteille qui lui est apportée avant de s'avancer à pas de loup vers la table où trône fièrement hara. hara à la main qui caresse la joue d'un jeune homme. s'enfilant une gorgée de sa bière, sangjun arrive à leur hauteur et prend appui contre la table haute, laissant son regard naviguer entre le jeune homme et la demoiselle. "hara! en rendez-vous galant, mh?" ça l'amuse énormément, alors qu'il porte son attention sur le timide. "t'aurais dû me le dire, je t'aurais présenté un pote! celui-là est beaucoup trop coincé pour toi, tu trouves pas?" puis il se penche vers le concerné en mettant sa main sur le côté de son visage pour faire écran à sa bouche et ses paroles. "c'est une vraie lionne, tu peux pas la gérer, abandonne." il n'a absolument aucun scrupule à ruiner le date de son ex. il y prend même grand plaisir.

les yeux divaguent sur les corps qui dansent, vers les néons multicolores, puis sur la silhouette familière, qu'elle connaît pas cœur. elle n'a pas besoin de battre les cils pour deviner le portrait, respiration saccadée alors que l'individu s'avance solidement vers eux, bouteille à la main. elle fait mine de s'en soucier, indifférence qui colle dès qu'elle voit sangjun face à elle. les mains pianotant doucement sur la peau des joues du garçon qui l'accompagne ce soir et retombant instantanément, quand le démon s'invite de lui-même à leur table, sans autorisation. duo devient trio, pour son plus grand malheur. les dents se serrent, les yeux se ferment, contrariété non dissimulée. il sait qu'elle ne veut pas de lui ici, il sait quoi faire pour la provoquer, sangjun gentiment énervant. sangjun, qu'est-ce que tu fais là ? attends... laisse-moi deviner... t'as pas réussi à te trouver une fille à tromper ? le sarcasme effleure les lèvres, siffle sur sa langue, regard noir adressé au garçon debout. l'ennemi se tient devant elle, bataille semble déjà engagée, alors qu'elle sirote dans une désinvolture éphémère son cocktail alcoolisé. ses pupilles tournent en direction du garçon perdu, sentiment d'incompréhension qui trahit son visage alors que les secondes passent, là au milieu des péripéties qu'elle aurait voulu éviter. il n'y est pour rien et elle sent qu'en un instant, il pourra lui échapper. c'est pour ça que tu viens m'embêter ? monsieur est frustré de ne pas avoir réussi à gérer quelqu'un ce soir ? le sourire ploie lentement dans une désinvolture certaine, hara qui ne peut s'empêcher d'étaler son dédain en la présence de son ancien copain, mépris dont elle ne parvient jamais à se défaire lorsqu'il se trouve à ses côtés. rencontre provoquée, insolence masculine peu appréciée. faux rictus s'acharne sur ses traits aquilins, hara au désintérêt total de passer pour la sorcière de glace. sois un bon garçon et va-t-en. on ne veut pas de toi ici. les mots serpentent, froideur instantanée, alors que son attention se porte à nouveau sur le timide, risette attendrie à l'égard du concerné, comme pour lui montrer que tout ira bien. serait-ce vraiment le cas ?

Il se délecte de la froideur construite de Hara à son arrivée. Il sait que sa simple présence la contrarie et c'est exactement pourquoi il en joue. Si elle était indifférente, il ne perdrait même pas son temps avec elle. En est-elle seulement consciente? Sa remarque le fait rigoler. Probablement un peu trop, alors qu'il prend appui contre la table afin de ne pas perdre l'équilibre bêtement. "Comment pourrai-je tromper qui que ce soit? Je ne suis pas en couple, tu le sais." Et d'ailleurs, pourquoi ne l'est-il pas? Papillon volage qui ne reste jamais bien longtemps seul. Il lui semble pourtant qu'il y a une éternité qu'il n'a pas entamé une relation avec une jolie demoiselle, se contentant d'en mettre quelques-unes dans son lit, plutôt. Il met ça sur le dos du manque de temps, alors que la vérité est toute autre ; il se refuse simplement à la voir. "Hmpf!" Suivi d'un rire amusé et d'une lampée de sa bière. "Oh, Hara. Je peux partir avec n'importe quelle femme ici, si je le voulais." Un sourire malicieux effleure ses lèvres. "Enfin, presque n'importe quelle femme. Parce qu'avec toi, j'veux pas repartir." Lever sa bouteille à la santé d'on-ne-sait-quoi, le liquide se retrouve à nouveau dans sa gorge. C'est si naturel, entre eux, cette tendance aux insultes. Ça coule de leurs bouches avec un aisance effarante. Et ça, franchement, ça amuse beaucoup trop l'aîné qui n'a rien perdu de son sourire arrogant et amusé. "Je suis un bon garçon. Je tiens compagnie à mon nouvel ami, c'est tout!" Devenu tactile et envahissant à cause de ses consommations, Jun s'approche du jeune homme coincé entre deux feux pour passer son bras autour de ses épaules. "On se soutient entre hommes, tu vois. Face à une sorcière, il le faut bien." Toujours dans la provocation en ne sachant jamais quand s'arrêter ; il pousse toujours le plus loin possible.

tant mieux, personne ne souffre inutilement comme ça. les paroles sonnent presque l'espoir, à être ravie des mots employés par le garçon, contente que sangjun ne bouleverse pas à nouveau l'existence de quelqu'un qui ne le mérite probablement pas. dans leur histoire commune, hara a ses propres torts, elle espère toujours que son ex reste seul, de peur qu'il n'abîme des cœurs innocents. pas dans cet état, non. c'est quand même curieux, de te rencontrer uniquement dans les bars. tu dois vraiment avoir touché le fond pour que je te retrouve constamment avec une bouteille à la main. coïncidence qu'elle n'oublie pas d'évoquer, hara trop distraite pour pouvoir faire l'impasse sur une occasion de se moquer de son ancien copain, de titiller la provocation, quitte à paraître pour la fille trop directe aux yeux de son date actuel, qui n'ose pas s'interposer entre elle et sangjun, à se murer dans un silence qui veut tout dire. il ne se sent pas à sa place. rassure-toi, c'est réciproque. elle le regarde faire le spectacle, animosité qui anime davantage ses pensées entremêlées, immaturité de sangjun qui lui fait lever les yeux au plafond alors qu'il s'emploie à montrer qu'il ne bougera pas de leur table, compagnie du garçon imposée au duo, hara redoutant qu'il ne fasse davantage de dégâts. sangjun à la facilité presque effroyable, celle de s'imposer là où on le ne veut pas, et de jouer avec les nerfs si fragiles de hara, qui tente difficilement de tolérer sa présence gênante. je sais pas si je dois mettre cette ridicule insulte sur le fait que t'es bourré, ou tout simplement parce que t'es un véritable abruti. les mots cavalent entre ses lèvres, agressivité qu'elle rend presque instantanément. ses mains viennent empoigner le bras du garçon qui n'a de cesse de défier ses nerfs pour le rapprocher d'elle, sangjun à la réussite d'avoir agacé la demoiselle. qu'est-ce que tu fais ? sourire forcé alors que ses mots s'échappent minutieusement de ses dents serrées, question posée tout bas à l'ancien petit-ami envahissant. le regard ne divague pas ailleurs, à rester posé sur son nouvel interlocuteur, contrariété qu'il peut lire en elle et qu'elle ne cache qu'avec l'aide de sa risette factice.