run for roses
il se demande s'il a toujours été patient, ou s'il a appris à le devenir. sûrement qu'il devait avoir une certaine prédisposition, une appétence incontestable à gagner en patience. le temps ne lui semble plus très long, désormais. même quand il se tient debout, devant la mise en place, que le chef passe devant tous pour vérifier l'excellence de leurs gestes. il obtiendra sa place, il le sait.

autant minjun est très proche de sa mère, autant il voulait quitter le nid familial le plus tôt possible. la licence était une excuse pour voler de ses propres ailes. la cuisine est devenu un étrange refuge, dans lequel il accumule les compliments. il en devient addict, ne peut passer une journée sans penser à ce qu'il fera le lendemain.

ce n'est pas quelqu'un de forcément "extrême". mais lorsqu'il trouve quelqu'un, il s'attache. trop. devient envahissant, lentement. le voilà qu'il s'insère dans les crevices de ce coeur déjà plein, qui ne veut pas forcément de lui. jun enchaîne les désastres amoureux, et il le comprend. sa vie professionnelle ne lui permet pas d'avoir une vie sociale normale, et sa vie sociale n'est jamais assez normale.

il n'est pas non plus du genre à envoyer un milliard de messages. c'est juste, que lorsque le garçon en face va bien, il va mieux. lorsqu'il va mal, son humeur s'assombrit. il sait que ce n'est pas sain, mais il n'a pas le temps de faire mieux. il est sensible, voyez vous.

oui, il a un couteau préféré. il ne trouve pas ça bizarre.

il n'aime pas trop boire, même lorsqu'on essaye de le pousser aux jeux d'alcools. il aimerait bien découvrir le monde, les cuisines d'ailleurs, mais il se dit qu'il n'a pas le temps, alors il a une longue liste de restaurants qu'il note scrupuleusement sur naver map, des photos de plats dans son téléphone qui s'entassent, des idées en fusion.

il ne penserait pas qu'il vivrait autant. ce n'est pas qu'il s'imaginait vraiment mort, mais lorsqu'on lui demandait où il serait dans cinq ans, et qu'il en avait dix-huit, il n'imaginait rien, alors il mentait.

il se laisse aller, au travail. pas dans son travail, il sera toujours minutieux dans celui-ci. mais si son chef décide de lui marcher dessus, alors il l'acceptera. il voue beaucoup d'admiration à ce chef renommé de seoul qui a accepté de le prendre dans son restaurant. il apprend beaucoup, et fume beaucoup entre deux pauses. pourtant, il se sent bien, il croit. il serait parti, si ça ne lui plaisait pas. la chaleur est suffocante. les brûlures sur ses mains s'accumulent. il le déteste, il l'adore. un jour, ça sera différent.