les traces des roues de son skate sur le bitume qu’il foule depuis plus d’une heure, à s’essayer à des acrobaties dont il ne connaît pas encore toutes les subtilités, tombant à la renverse plus qu’il ne l’aurait souhaité. kiro ne s’avoue pourtant pas vaincu, à vivement se relever dès que ses fesses tombent au sol, garçon borné depuis son plus jeune âge, à ne jamais renoncer à la tâche parfois trop rapidement engagée, quitte à se faire mal ou à ne pas admettre qu’il n’est pas assez doué pour l’entreprendre. il titube, réessaye, sourire tendrement collé à ses traits malicieux, comme si rien ne pouvait réellement entraver sa bonne humeur, kiro trop rarement en colère, même lorsque la situation l’exige parfois.

et en un rien de temps, son prénom résonne dans les airs. se dévoile la silhouette familière qu’il a à peine le temps de saluer, et kiro se trouve alors à courir à vive allure dans les rues de la capitale, suivant à la trace le garçon qui l’a incité à le rejoindre dans sa course effrénée. les questionnements attendent, soleil se prend immédiatement au jeu du chat et de la souris et comprend la réalité de la situation : ce n’est pas une plaisanterie.

ruelle étroite trouvée par le japonais, dans laquelle ils s’engagent finalement, à bout de souffle. tu fais un cache-cache géant avec tes fans, c’est ça ? question posée alors qu’il sourit davantage, innocence tachetée d’une pointe d’humour, kiro s’autorisant à être blagueur. t’as perdu tes gardes du corps ? j’ai vu que tous les idols en avaient ! murmures pensés tout haut, alors qu’il tend l’oreille près du conteneur, se retenant de ne pas grimacer à l’odeur des ordures qui viennent déranger son nez. si kiro a jusque-là, trouvé leur course amusante, l’endroit choisi pour leur cachette le fait froncer des sourcils. les cris des folles gamines viennent lui briser les tympans et il se sent d’humeur généreuse, à subtilement devenir héros pour secourir l’astre à la dérive : nao coursé par ses fans les plus écervelées. l’espiègle garçon se relève alors et s’avance vaillamment, ignorant les possibles complaintes de son ami, pour se diriger vers le petit groupe de filles ayant rapidement fait demi-tour sur leur chemin. VITE ! J’AI VU NAO COURIR PAR LA ! DÉPÊCHEZ-VOUS ! et n’oubliez pas les photos hein ! qu’il assure d’un geste de la main, à sautiller sur lui-même pour les inciter à aller dans la direction qu’il montre de ses mains, demoiselles mal avisées criant davantage et courant à la directive inverse de leur refuge éphémère. t’as vu, je me suis débrouillé comme un chef. il regarde nao, fierté non dissimulée sur son visage enfantin, presque en rigolant.

Il revient vers lui en bombant presque le torse, content de son plan audacieux avec les quelques fans hystériques de Nao, à se pavaner devant ce dernier, et à rire de la situation dans un amusement de courte durée. Le sentiment joyeux d'avoir aidé un ami remplit son âme de bonheur momentané, Kiro en constante recherche d'utilité, pour lui-même, mais surtout pour les autres. Oh je t'en prie ! Il aime bien aider, peut-être trop, quitte à paraître pour le garçon bien serviable, voire même un soupçon naïf, à faire tout ce qu'on lui demande - parfois même des choses dont il n'a pas très envie - et ne rien attendre en retour. Pourtant, les péripéties affrontées avec Nao lui font afficher un large sourire sur ses traits enfantins, aîné plus d'humeur à rigoler qu'à vraiment en vouloir au cadet qui l'a entraîné dans sa foulée. Cela fait longtemps, qu'il n'a pas vécu une aventure avec ses amis et il se surprend à être content d'avoir partagé cette folie passagère avec Nao, qu'il ne connaît, au final, pas tant que ça. C'est pas grave... Mais, elles sont toujours comme ça tes fans ? Il ne pourrait assurément pas faire le même métier que son interlocuteur japonais, en dehors du fait qu'il n'a aucun sens du rythme, l'idée de se faire suivre ou épier en permanence par ce genre de personnes, un soupçon furieuses et qui semblent inarrêtables, terrifie beaucoup trop Kiro. Ça ne doit pas être marrant tous les jours. Qu'il lâche en le regardant un instant, subtilement honnête. C'était quand même amusant, mais je pense qu'on devrait rester un peu là. On ne sait jamais, peut-être qu'elles ont fait demi-tour si elles se sont rendues compte qu'elles suivaient un fantôme. Les cris de la horde d'écervelées ne s'entendent presque plus, s'éloignant de plus en plus de leur cachette éphémère, réaction de Kiro instantanée, soupir de soulagement pour Nao, alors qu'il s’assoit contre le mur en face de l'idole, prêt à reprendre la conversation. Je m’entraînais sur mon skate, je voudrais réussir à faire des kickflips mais j'ai du mal. Il lui montre un instant son pantalon abîmé par les chutes, et les légers hématomes qui viennent parsemer ses bras, Kiro plus fort que ce que sa silhouette laisse présager, à ne pas avoir eu mal de la journée. Attends ? Mon skate ! Je l'ai oublié là-bas ! Mots lancés à la volée alors qu'il tourne et se retourne sur lui-même.