ღ La nuit est tombée depuis un bon moment, lorsque ton regard finit par se perdre sur la fenêtre de ton penthouse. Armé de ton porte-épingles au poignet et de tes lunettes sur le bout du nez, tu sembles avoir travaillé toute la soirée, une nouvelle fois. Une habitude qui ne te quitte plus depuis de nombreuses semaines. C’est qu’entre le boys band et tes activités personnelles, tu n’as plus une minute à toi. Travaillant d’arrache-pied à longueur de journée, tu as trop souvent tendance à en oublier la faim et le sommeil ; ce qui explique sûrement ces joues creusées et ces vilains traits tirés, qui ternissent ton si joli visage. Une chance que l’idole qui partage dorénavant ta vie, soit beaucoup trop occupé par ses activités, pour se rendre compte de ton laisser-aller. Enfant qui a tendance à se faire du souci pour la moindre petite chose, lorsqu’elle te concerne directement. Heureusement que tu sois un expert en maquillage ; L’anti-cerne et le fond de teint, étant devenus tes deux meilleurs-amis ces derniers temps.
D’ailleurs, en parlant de meilleur-ami, ton cœur loupe un battement, lorsque ton regard croise ce prénom, qui s’affiche sur l’écran de ton téléphone. Daesung. Un appel clairement inattendu, auquel tu hésites à répondre, l’espace d’un court instant. C’est que depuis votre petite virée aux Etats-Unis, il y a deux ans, et ce baiser échangé, Daesung a tout simplement disparu de ta vie. Du jour au lendemain. Une situation que tu as vécue comme un abandon ; Bien que tu en comprennes les raisons, cela ne rend pas le deuil de votre relation plus facile à réaliser, pour autant. Que du contraire. Ça le rend encore plus difficile, même. C’est que toi, tu l’as toujours aimé, Daesung. Il a été ton premier ami lorsque tu es arrivé à Séoul, ton premier soutien, et surtout, ton plus grand fan. Quoique tu fasses, le garçon était toujours présent ; Dans les bons, comme dans les pires moments de ta vie. Alors, c’est vrai. Même si tu n’aurais pas dû, tu lui en as beaucoup voulu d’avoir cessé de t’écrire. Raison pour laquelle tu n’as pas pris la peine de le faire, non plus. Après tout, c’était lui, qui avait décidé de prendre ses distances avec toi. Seulement, avec le temps, sont venus les regrets. Dorénavant, c’est à toi que tu en veux le plus ; Te rapprochant constamment de ne pas avoir été l’ami que l’architecte à en devenir, méritait. Dans le fond, c’est sûrement l’une des nombreuses raisons, qui t’a poussé à répondre à son appel, malgré ton hésitation.
Pour être totalement honnête, tu t’attendais à tout, sauf … À ces sanglots, à ces longs silences, et surtout, à ces mots que tu as beaucoup de mal à interpréter ; I want this to end. Ou du moins, que tu refuses d’interpréter. Annonçant ta venue, tu ne perds pas un seul instant avant de te saisir de tes clés de voiture - oubliant d’enlever le porte-épingles qui trône toujours à ton poignet dans la panique. Bien que tu lui aies demandé de ne pas bouger, et de ne toucher à rien, tu as l’horrible sensation qu’il n’en fera rien. Que s’est-il passé pour que ton ancien meilleur-ami se retrouve dans cet état et veuille en finir ? Nombreuses sont les questions, qui tournent en boucle dans ton esprit comme un vieux disque rayé, alors que tu traverses les rues de Gangnam jusqu’à Hongdae à vive à allure, manquant de heurter quelques piétons à quelques reprises. C’est que tu angoisses terriblement à la simple idée que Daesung ait pu faire une bêtise, en attendant ton arrivée. Heureusement, tu ne mets que quelques minutes avant de débarquer aux portes de son immeuble. Une chance pour toi, qu’un vieux monsieur soit en train de sortir de la résidence à ton arrivée. Une facilité qui te permet de monter rapidement jusqu’au penthouse de l’architecte.
Une fois devant la porte, si ton premier réflexe est de t’acharner sur la sonnette, tu perds très vite patience, lorsque tu comprends que le garçon ne viendra pas t’ouvrir. Paniqué et te demandant comment faire pour pénétrer à l’intérieur, tu essayes de composer ce code d’entrée, que tu n’as définitivement pas oublié, malgré ces deux années qui se sont écoulés. Une chance - pour toi - que Daesung n’ait jamais changé ses codes d'accès, ce qui te permet de pénétrer à l’intérieur de cet immense penthouse, que tu connais par cœur. Ne prenant même pas la peine d’enlever tes claquettes - car oui, dans la précipitation, tu n’as pas pensé à mettre de chaussures, tu commences à arpenter chacune des pièces, en appelant son prénom. « Daesung ??? Where are you ? » Sentant ton cœur se débattre dans tous les sens au creux de ta cage thoracique, tes mains -elles- se mettent à trembler de plus en plus, lorsque tu arrives devant la porte de la salle de bain. Puisque ton ami ne semble être ni dans le salon, ni dans sa chambre et ni dans son dressing, c’est le dernier endroit où tu puisses le retrouver. Alors, prenant une grande inspiration dans le but de contrôler tes angoisses, tu pénètres à l’intérieur de la salle d’eau. Qu'elle n’est pas ta stupéfaction lorsque ton regard se pose sur cette baignoire dont l’eau est rougie par la présence de sang, et dans laquelle baigne Daesung, les poignets ouverts, une bouteille d’alcool fort à la main. Terrifié par la vision, tu trouves pourtant le courage de t’approcher du garçon, après t’être saisis d’une serviette, qui traînait non loin. T’accroupissant devant la baignoire, tu le débarrasses de la bouteille quasiment vide. « Dae … » Son prénom se fraie un chemin entre tes lèvres tremblantes, alors que délicatement, tu essayes d’enrouler ses poignets dans la serviette, dans le but de pouvoir les protéger, et les comprimer un peu pour que le saignement cesse, en attendant que tu arrives à tirer le garçon jusqu’à l’hôpital. « Que s’est-il passé … » Demande lancée d’une voix calme, alors que quelques larmes s'écoulent le long de tes joues. C’est que la vision du garçon, les poignets ouverts, baignant dans son sang, te revoit brutalement à ce jour où l’amour de ta vie s’est endormi dans tes bras. Terrible vision qui te brise un peu plus le coeur ...