Hyemi vogue au fil des lumières qui éclairent les rues désertées par les riverains, déjà rentrés chez eux, heure trop tardive, demoiselle à uniquement croiser des gens allant s’amuser dans les bars, ou en ressortir, complètement ivres. La fraîcheur de saison, définitivement présente en ce début de mois la fait trembloter, nuage blanc sortant à chaque bouffée qu’elle expulse. Elle marche dans ses talons aiguilles, qui lui ont valu aujourd’hui une nouvelle remontrance de son maître de stage, chef de la brigade spéciale de police dans laquelle elle vient d’arriver, chaussures qu’elle a dû vivement échanger avec des rangers militaires qu’on lui a imposés. Ses yeux levés au ciel ont été son erreur de trop, Hyemi éphémèrement désinvolte, Hyemi contrainte d’aider à ranger d’innombrables dossiers, et ainsi, de sortir du travail plus tard.
La fatigue mêlée à l’agacement la fait avancer moins vite qu’elle l’aurait espéré, envies de retrouver la chaleur de son appartement de plus en plus présente, mais à avoir la nette impression que le chemin s’allonge au fur et à mesure des minutes passées. Elle regrette instantanément d’avoir pris le métro, et si elle s’écoute, elle pourrait appeler un taxi dans la minute. Les immeubles familiers de son voisinage la font définitivement changer d’avis, sourire revenu au galop quand son konbini favori entre dans son champ de vision, ventre criant soudainement famine à la vue des néons qui illuminent le magasin. Ignorant le peu de personnes mangeant à l’intérieur sur les chaises hautes, elle s’arrête un instant devant les baies vitrées pour se remettre du lipstick rouge, sortant le miroir de poche de son sac à main pour l’aider dans sa démarche, et profitant de l’occasion pour attraper une cigarette du paquet caché derrière sa petite boîte à maquillage. Nichée entre les lippes fraîchement empourprées, elle l’allume aussitôt avec le briquet qu’elle garde toujours sur elle, préciosité offerte par son père, dont elle ne veut pas se séparer, la considérant comme porte bonheur. Fumée s’échappant aussitôt, à lui donner un absurde semblant de réchauffement, à ramener et sortir mécaniquement la cigarette jusqu’à ses lèvres, jusqu’à ce qu’elle se décide à se retourner pour observer nonchalamment le passage des inconnus venus manger leurs triangle kimbaps ou leur soupe instantanée. Attends… Dae ? Cho Daesung ?! Qu’elle lance en écarquillant les yeux, toujours dehors, Daesung prêt à déguster ses ramyeons.