La main passe sur son crâne pour replacer ses mèches de cheveux rebelles. Entraînement improvisé près des jardins de l’université plutôt que sur le terrain de volley habituel, Kiro aux trop grandes envies de sortir qu’il a instantanément exécuté, voulant profiter du beau temps qui se fait si rare en ce moment. Séoulites plus habitués aux épisodes pluvieux qu’à une météo davantage clémente. Automne définitivement présente, saison dans laquelle il parvient aisément à trouver des points positifs, à commencer par le premier : les jolies couleurs cramoisies des arbres, berçant les parcs d’une palette réconfortante. Ballon dans les mains, Kiro tente de pratiquer assidument ses réceptions, ne manquant pas de quelques fois taper ses baskets dans les feuilles mortes qui jonchent les allées de l’université. Il vole, monte et descend dans les airs dans un rythme interminable, garçon ne voulant semblablement pas s’arrêter dans sa course au training parfait. Performances médiocres depuis quelques semaines, à vouloir rendre fiers ses coéquipiers, qui comptent sur lui, le libéro malicieux.

Les regards se posent parfois sur sa silhouette, les quelques passants à se demander ce que Kiro fait là, au milieu des plantes dont l’odeur vient embaumer ses narines. Lui, ne dit rien, continuant à jouer et pratiquer les mouvements qui lui font défaut. Gamin à qui il ne faut pas grand-chose pour égayer la bonne humeur, se contentant très souvent de ce qu’il a, à perpétuellement trouver des raisons d’être heureux et refusant de laisser les ombres de la négativité naitre au milieu de ses pensées. Il rigole presque, fierté dissimulée derrière ses sourires candides, prouesse éphémère quand il réussit parfaitement ce qu’il a voulu faire. Pourtant, à le lancer une nouvelle fois dans le ciel, le ballon s’échappe sans le vouloir, se détournant de lui pour aller s’échouer des les parterres de fleurs fraîchement plantées. Il regarde la belle tracer son envolée sans qu’il ne l’ait voulu, Kiro se précipitant pour rattraper l’objet fautif, à s’arrêter instantanément quand il aperçoit la demoiselle s’occuper des jardins lever la tête et stopper ce qu’elle fait. Lèvre mordillée, sentiment d’embarras triomphant sur le reste de ses pensées, espérant sincèrement que les dégâts causés puissent être réparés. Ah oups. Excuse-moi j’ai lancé un peu trop fort mon ballon… Qu’il dit en se grattant la tête, embêtement évident. Je suis désolé… Peine authentique d’un garçon qui a sûrement un peu honte. Tu faisais quoi ? Entrain revient pourtant, comme toujours.

Elle n'avait pas vraiment prévu de s'occuper du parterre de fleurs dans les jardins, aujourd'hui. D'où sa tenue pas tout à fait appropriée pour jouer dans la terre. Cependant, elle faisait attention et portait des gants de jardinage pour ne pas se retrouver avec de la terre sous les ongles. Demoiselle faisant un peu trop attention à son image depuis le surpoids qui l'a accâblé lorsqu'elle était un peu plus jeune. Pas tellement bien dans sa peau, elle se sent toutefois un peu mieux, aujourd'hui, même si elle calcule encore les calories qu'elle ingère. Elle ne veut pas revivre les moqueries sur son poids, petite ballerine trop consciente des regards portés sur elle. Encore plus du sien. À lui qui s'exerce au ballon non loin et qu'elle tente de ne pas fixer. Ça la rend nerveuse de le savoir si près sans pouvoir trouver le courage d'aller le voir. Nervosité qui lui tord les tripes. eunae à ne pas savoir parler aux garçons tellement elle est timide. Celui-ci lui plaît, c'est évident, mais elle reste à l'écart, incapable de lui adresser la parole et au risque de laisser sa chance passer. Kiro, à la beauté intimidante et à l'énergie qui réchauffe les coeurs. Toujours souriant et lumineux ; pas étonnant que la jeune femme soit attirée vers lui.

Perdue dans ses pensées et les mains tapotant la terre qu'elles viennent tout juste de placer dans le pot, elle sursaute lorsque le ballon atterrit dans les plants qu'elle vient tout juste de planter. Eunae ne peut retenir une petite moue contrariée de s'afficher sur son joli minois alors qu'elle lève la tête. Elle ne comprend qu'il s'agit du ballon de Kiro que lorsqu'elle le voit s'approcher d'elle. Instantanément, la panique l'envahit et elle écarquille légèrement les yeux, ses pensées virevoltant à vive allure tandis qu'elle se rend compte qu'elle ne sait pas ce qu'elle va bien pouvoir lui dire. Pression inutile qu'elle s'impose sans même s'en rendre compte, alors qu'il ne lui suffit que d'être naturelle. Il s'excuse et la jolie nymphe baisse la tête sur le ballon, des rougeurs pâles s'installant doucement sur ses joues. Ses mains empoignent la balle pour la retirer des fleurs et elle murmure. "C'est pas grave..." Alors qu'en vérité, elle est un peu découragée de tout devoir recommencer. La question lui fait relever la tête vers le garçon et leurs prunelles se croisent quelques secondes avant qu'Eunae reportent rapidement son attention sur les fleurs écrasées. "Je plante des fleurs pour... décorer? Mais elles sont toutes écrasées, je vais devoir en planter de nouvelles, parce que celles-ci ne survivront malheureusement pas..." Elle se surprend à ne pas bégayer. Peut-être est-ce parce qu'elle ne l'observe pas directement? Peu lui importe, elle se félicite d'avoir pu garder son calme face à Kiro.

Son regard ose se relever vers la demoiselle assise devant lui. Il ne l’a jamais vue, il l’aurait tout de suite reconnue, et surtout, retenu son visage. Kiro à l’observer un peu trop longuement, ses yeux se posant sur les joues empourprées de la douce princesse. Presque irréelle, elle a l’air d’une jolie fée sortie d’un conte merveilleux, au milieu de la nature qui semble être son havre de paix. Cocon qu’il vient de détruire, de déranger. Idiot qu’il est. Kiro se maudissant silencieusement, tandis qu’il se décide à dévier ses pupilles sur les fleurs écrasées par son propre ballon. Les tiges brisées, les pétales tombés sur la terre encore humide, cyclamens, chrysanthèmes, violettes et autres fleurs de saison en mauvaise posture. Un petit peu quand même… Je vais faire plus attention avec mon ballon. Promesse lancée dans l’air d’automne qui lui semble bien plus agréable, beaucoup moins froid, depuis qu’il lui parle. Oh alors c’est toi qui t’occupes du jardin ? Tu sais que j’aime bien le parterre là-bas, surtout au printemps, je viens souvent sentir les fleurs ! Voix enjouée s’échappe, de sa main droite, il lui montre rapidement l’emplacement de son endroit préféré, le cercle de dahlias non loin de l’immense fontaine surplombant l’espace vert de l’université. Mince… Est-ce que je peux t’aider à replanter les fleurs ? Il revient à sa première réaction, moue visible à la question posée, espérances qu’elle accepte sa demande sans le renvoyer d’où il vient. La mystérieuse inconnue pourrait avoir le droit de le chasser, après le tort qu’il a causé sans le vouloir, remords qui se lisent sur son visage dès l’instant où la demoiselle lui dit que les fleurs écrasées ne survivront pas. Il déteste ne pas faire les choses correctement, et encore davantage mettre les gens dans ses situations compliquées, particulièrement quand il sait que la faute vient de lui-même et personne d’autre. Envie de bien faire franchit la barrière de sa bouche, à ne pas aimer l’idée que les plans de la jeune femme soient ruinés, à vouloir désespérément réparer ses erreurs, quitte à arrêter ses performances de volleyball trop risquées pour le monde alentour, et particulièrement pour les plantes. Le garçon s’abaisse doucement pour s’agenouiller à côté d’elle, sourires aux lèvres alors qu’il se décide à faire revenir son sourire, illuminant son faciès enfantin. Au fait, je m’appelle Kiro. Et toi ? Présentation faite, alors qu’il effleure les doigts de la jolie brune, afin de récupérer le ballon pour le poser derrière eux, là où ce dernier ne pourra plus les embêter et briser la quiétude du moment.