Elle avait tellement eu peur d'oublier la mission qu'elle avait mis un million de rappels sur son téléphone, rappelée à l'ordre toutes les dix minutes ; et maintenant qu'elle est face à ses présumés acolytes, un sourire fend son visage, elle se sent prête à réitérer l'opération de l'agent secret qu'elle a décidé devenir (entre kidnapping et recherche de preuves, il n'y a qu'un cheveu de différence). Mais avant de diriger une équipe, il faut s'imposer (c'est maman qui l'a dit, quand elle était petite… enfin, peut-être).

Alors elle redresse les lunettes rondes qu'elle s'est vue forcée de porter pour ne pas manquer le moindre détail, adresse à ses partenaires un salut presque formel – mais son attitude ne reste sérieuse qu'une fraction de seconde, avant qu'elle dégaine son carnet pour lire les formalités. « bonjour ! Je m'appelle lijuan, et je souffre de troubles de la mémoire immédiate. Si je lis bien, on est là pour trouver des preuves, parce que la police a mal fait son travail. On a deux lieux à visiter, et on doit commencer par l'endroit où la soirée pyjama a eu lieu, c'est ça ? »

quelques coups d'oeil réguliers lancés aux deux personnes censées l'accompagner (la demoiselle la rassure un peu plus, cela dit), avant qu'elle ne sorte des poches latérales de son sac deux masques (noirs, contrairement au sien qu'elle a pris blanc et a peut-être trop personnalisé) ainsi que trois talkies-walkies. Oui, elle prend l'affaire très au sérieux. « je savais pas si vous alliez en emporter – des masques – donc j'en ai pris… deux en plus, voilà. Pour les talkies-walkies, c'est histoire qu'on puisse contrôler le bâtiment sans avoir à crier, puisque… on a pas le droit d'être là. »

Elle leur fourre dans les mains sans réellement attendre d'avis, et leur décoche son plus beau sourire, prête à se faire toute petite et, surtout, à dénicher les erreurs du criminel. « si vous n'avez pas de question, on peut commencer ! »

une mission. aussi improbable que cela puisse paraître, tout n'était qu'une mission. le pourquoi du comment, elle s'en fichait. l'injustice était ici, sous les yeux de tous et malheureusement, qu'une infime poignet d'élèves avaient pris part à cette quête digne d'un grand jeu vidéo d'aventure. la petite fleur sauvage qu'est soën se contente de rejoindre le lieu de rendez-vous. comme à son habitude, trop en avance, elle se retrouve seule, avec pour seule compagnie la musique qui sort discrètement de sa paires d'écouteurs. du michael jackson. des paroles poignantes, droites, une véritable leçon pour la danseuse qui considère l'artiste comme un messie. quelques minutes après son arrivée, elle fut rapidement rejoint par un garçon, puis cette blonde qu'elle avait croisé de nombreuses fois sans pour autant lui avoir causer. après tout, soën n'était pas des plus bavardes, contrairement à sa semblable. « tu parles beaucoup. beaucoup trop pour moi. mon cerveau a du mal à te suivre. » encore ses problèmes de crises. à bien des reprises la belle avait fait ces fameuses crises sous une courte période, de quoi la perturber plus qu'habituellement.

malgré ces mots, l'anglaise fixe longuement la blonde, aussi belle soit-elle, quelque chose a fortement attiré la malade. faible sourire aux lèvres, le regard émerveillé à l'image d'un enfant lors d'une matinée de noel, découvrant les cadeaux sous un sapin, soën réplique aussi tôt derrière ses propres mots. « trouble de la mémoire immédiate ?.. tu es une amie de dory ? ça doit être génial.. toi aussi tu es malade alors ? » enfantine, comme à son habitude. elle en oublierait presque la mission. baissant rapidement ses yeux sur le matériel que la jolie blonde vient à lui glisser, soën reste perplexe. « est-ce vraiment nécessaire ?.. le masque je veux dire.. je n'apprécie pas réellement cela, c'est assez particulier.. ça me fait presque peur en réalité.  » toujours ce problème de trouble mental. elle qui est perdue dans son monde, refuse d'avoir à ce cacher, même derrière ce masque. cela allait donc fortement poser problème.

Bon – le premier constat, c'est que ça risque de pas se passer comme elle le prévoyait. Même si c'est compliqué, elle a toujours ce sourire un peu bizarre, un peu tordu sur les lèvres mais caché par le masque qu'elle vient d'enfiler pour mieux endosser son rôle d'agent secret. Le second constat, c'est qu'ils sont probablement pas aussi enjoués à l'idée d'enfreindre la loi (et, apparemment, de cacher leur identité) qu'elle ne l'est, petite puce trépignant d'impatience.

Mais tant pis, elle fera avec ; on lui a confié une mission, et elle est bien déterminée à s'en acquitter au péril de sa vie (ou, en l'occurrence, de sa scolarité). Ses troubles sont remis sur le tapis – et elle apprend par la même occasion que la demoiselle aux cheveux foncés est « aussi malade ». malade, c'est un terme triste ; alors lijuan s'empresse de corriger le tir, dans une exclamation aussi discrète que spirituelle. « pas malade ! Différente ! »

c'est ainsi qu'elle subit la chose ; une différence psychologique, qui la rend un peu plus spéciale, un peu plus fragile aussi. « les masques...sont pas obligatoires. » légèrement déçue mais pas trop surprise, elle jette un coup d'oeil timide au troisième accolyte – jungsu, si elle se souvient bien. Enfin, si elle lit bien sa note serait une expression plus adéquate.

« allons-y ! » elle fourre ses masques dans les poches de son sac et ouvre la marche, se retenant dans un réflexe surhumain de prendre la main de ses partenaires comme elle l'avait initialement prévu. « si on découpe la salle en trois, on peut réussir plus vite. Alors je suis volontaire pour prendre le milieu, et vous pouvez décider quelle partie vous prenez entre la droite et la gauche ! » elle a un peu peur de parler trop, donc elle s'arrête un peu brusquement et se contente d'entamer les recherches à coups de lampe torche.

Il lui faut un petit moment avant de trébucher sur un dossier que n'importe qui considérerait suspect. Aussitôt, sa petite main plonge sur le talkie-walkie, et elle chuchote dedans. « eh, vous m'entendez ? J'crois que j'ai trouvé un truc. C'est un dossier bizarre, y a des photos dedans mais j'ose pas trop y toucher. » accroupie devant l'objet, elle a du mal à rester calme la petite – parce qu'elle a l'impression que toutes les responsabilités du monde viennent de lui tomber en travers de la tronche.

elle semblait avoir vexée la jolie blonde. moue boudeuse au visage, soen s'en voulait quelque peu, cependant, elle oublia bien vite ce mauvais écart. portant son attention sur le seul mâle présent, elle le fixa longuement. celui-ci semblait la juger elle, ainsi que la jeune femme aux cheveux courts. son regard n'était pas très apprécié de la lady qui préféra, mentalement du moins, s'allier à l'autre jeune femme. sourcils froncés, elle montra sa soudaine motivation ainsi que détermination lorsque fut annoncer le début de cette enquête. discrétion oblige, soen devient soudainement muette, observant avec attention les alentours avant de se hisser dans la première salle. chacun dans son petit coin, soën fouilla tout et n'importe quoi. du sol au plafond, elle inspecta chaque recoin de son périmètre avant de relever la tête à l'entente de la voix de l'autre jeune femme. s'approchant bien rapidement d'elle, elle posa ses yeux sur ce qu'elle tenait en main.  « louche.. » ni plus, ni moins. si la jeune blonde était en totale hésitation quand au fait de fouiner dans ce dossier, ce n'était pas le cas de soën et sa curiosité maladive.
prenant le dossier des mains de son acolyte, la jeune femme étala toutes sortes de photos et schémas au sol. perplexe dans un premier temps, elle leva les yeux vers les deux autres, les interrogeant du regard. « on dirait que chaque photo colle à chacun des schémas.. » un plan certainement ? des schémas bien trop détaillés pour que ça ne soit fait que par un simple étudiant en architecture. « en assemblant la bonne photo au bon schémas, on pourrait trouver une piste, non ? » elle restait perplexe dans ses propos, mais c'était quelque chose qui ne fallait pas laisser de coté.