Rajustant les bretelles de son étui de violoncelle, Jian poussa la porte de l’annexe de faculté de Lettre. La jeune femme n’était guère familière avec les lieux, contrairement aux couloirs des laboratoire de physique dans lesquels elle pouvait se déplacer les yeux fermés. Elle avait bien fait un tour exhaustif du campus lors de son arrivée en master quelques années plus tôt, mais elle avait eu le bon goût de le faire à une heure où la majorité des étudiants avaient désertés les lieux. C’était loin d’être le cas aujourd’hui, et Jian, ignorant le frisson de malaise qui lui descendit le long de la colonne vertébrale, s’avança tout en suivant les indications données par Eunae. Traversant ces corridors pleins d’étudiants animés, parmi lesquels elle se fondait parfaitement, la chinoise regretta d’avoir insisté pour retrouver son amie directement devant le studio de danse. Elles auraient pu partir ensemble du petit appartement qu’elles partageaient à trois de l’autre côté du campus, mais Jian avait besoin de passer par son bureau à la faculté de science sur le chemin, et n’était pas certaine de pour combien de temps elle en aurait, elle avait refusé d’embarquer Eunae avec elle pour la faire attendre inutilement.
Les instructions de sa cadette étaient cependant claires, et facile à suivre. Après avoir laissé passer un groupe d’étudiants excités et chahutant, elle monta les escaliers vers le deuxième étage. Un dernier tournant, elle se retrouva face au studio indiqué.

Rangeant son casque dans la sacoche qui remplaçait son habituel sac à dos quand elle transportait son violoncelle, elle essaya de jeter un coup d’œil à travers la vitre circulaire de la porte. Cette dernière était malheureusement obstruée, mais on pouvait cependant entre de la musique venant de l’autre côté de la cloison, malgré l’isolation sonore des différentes pièces de l’étage. Jian consulta sa montre. Elle avait un peu d’avance.

Déposant l’étui de son instrumentent sur le sol, et s’adossa au mur. Son regard sombre parcourant les alentours, guettant le moindre signe de son amie.
« Bonjour Eunae, la salua-t-elle quand elle l’aperçue quelques minutes plus tard. Comment vas-tu ? »