Il naît dans le petit village de Doi Pui, par une journée de pluie, dans une Thaïlande encore peu industrialisée. Benjamin d’une famille de sept enfants, il est rapidement laissé pour compte. Il est la bouche de trop à nourrir, alors qu’il ne peut rien produire. Il est un véritable fardeau pour cette famille qui peine encore à offrir à ses enfants ce dont ils ont besoin pour survivre. Son destin est à l’identique que tous ces enfants rencontrés dans les manuels d’histoire. Il est de cette réalité bien trop lointaine pour qu’on puisse penser un instant qu’elle existe bel et bien. Il n’a pas la chance d’avoir l’électricité à la maison, ou l’eau courante. La vie est un combat, celui contre la maladie, celui contre la faim.

Il est plus petit que tous les autres enfants du village. On l’assure, il ne pourra jamais servir au champ, avec sa carrure de gringalet, de plus, il semble avoir des problems pour voir. L’élever ne sera qu’une charge pour la famille, qui ne peut lui apporter les soins nécessaires, et bien vite, ses parents finissent par s’en rendre compte. A huit ans, il n’est toujours pas capable de venir travailler avec ses frères et soeurs, et n’est bon qu’à rester à la maison. Il ne grandit pas, il ne grossit pas, et continue de tâtonner avant de marcher. Les économies de la famille ne permettent pas d’envoyer deux enfants à l’école, et c’est inconcevable d’envoyer celui qui ne fait rien. Il faut être méritant, et être un investissement sûr. C’est pour ça que son deuxième aîné est celui qui sera envoyé.

2002. Une catastrophe s’abat sur la famille du jeune Yi Han, le père de famille est atteint d’une grave maladie qui menace sa vie. Sa mort entraînerait l’instabilité économique du foyer, et, d’une décision collective, on décide d’envoyer l’homme à l’hôpital. Mais cette condition demande un sacrifice. Malgré le retour du deuxième aîné, le séjour du chef se prolonge, et les moyens ne suivent plus. Il faut faire un choix.

C’est en octobre que la famille décide de vendre le benjamin, contre quelques Baht. Agé de sept ans, Yi Han est confié à un homme qui n’hésite pas à exploiter l’enfant dans une usine qui entraîne de graves problèmes de santé.

2004. Le partenaire coréen de l’usine, Kang Ji Ho se rend sur les lieux, pour traiter avec les hommes de la filiale. Il visite le bâtiment, avant de se rendre compte de l’envers du décor, et des dizaines d’enfants exploités. Son correspondant Thaïlandais affirme qu’il n’y a rien de choquant, mais Ji Ho décide d’intervenir. Son combat s’étale sur deux années, mais avec l’aide d’une ONG, il parvient à faire fermer cette prison dorée.

Il s’attache au jeune garçon qu’il décide d’adopter, et de renommer Yi Han, à sa demande. En effet, l’enfant, brisé par son passé préfère encore oublier ses origines, et démarrer une nouvelle vie. Celle dont il n’aurait jamais osé rêver.

Investit, il rattrape avec beaucoup de mal son retard, mais parvient à sortir diplômé du lycée. Il rêve de mener un combat, celui pour la santé gratuite et accessible à tous, puisque l’accès aux soins dans beaucoup trop de pays reste encore quelque chose d’inconcevable. Il milite déjà pour cet accès, mais également contre le profit qui entoure les laboratoires recherchant et fournissant les médicaments. Il souhaite devenir un grand médecin reconnu dans le monde entier, et n’hésite pas à prendre part à des combats acharnés, quitte à mettre sa réputation en danger.

Yi Han possède trois chats dans son chez lui. – Il a peur que les immeubles s’effondrent. – Il est extrêmement gourmand, et passe le plus clair de son temps libre à manger. Même quand il est occupé, il mange. – Il ne peut résister à tout ce qui est à base de poisson. – Il rêve de faire le tour du monde. – Il veut faire un road trip avec des amis. – Il a quelques fois du mal à s’exprimer en coréen, notamment quand il est bouleversé émotionnellement. – Il refuse de parler de son passé, et en a inventé un de toute pièce. – Il donnerait tout pour son père. Il considère qu’il lui doit tout. – Il déteste voir les gens pleurer, et aura toujours un geste envers ces personnes. – Il est fasciné par la télévision. – Il n’aime pas la musique électronique. – Sa musique préférée est le reggae. – Il ne sait pas parler anglais. – Il lui arrive parfois d’avoir des comportements d’enfant : il a murit trop vite. – Il s’occupe d’un potager quand il est chez lui. – Il nourrit tous les animaux errants, du coup, ils se regroupent tous autour de sa maison. – Il déteste voir un animal abandonné, et lui donne tout son amour. - Il est traumatisé par le manque. - Il fait beaucoup de yoga.

Moko, bordelaise, 19 ans et étudiante en histoire. Je mets pas de chaussettes, je préfère puer des pieds.