"Nan mais j'y crois pas, qui t'a dit que je le voulais, ce gosse ?"
Encore une fois, c'était une femme qui criait au téléphone, aussi furieuse qu'a son habitude.

Et oui, cette gueularde, c'était ma mère, qui une nouvelle fois exprimait le dégout qu'elle éprouvait envers moi.
Comment en était-on arrivé là me demander vous ? Croyez-moi, c'est mieux de ne pas le savoir, enfin, si vous insistez...

Né le 28 août 1998, dans l'un des hôpitaux de la capitale sud-coréenne, fils d'une journaliste en galère et d'un homme dont je ne connaissais jusqu'ici rien du tout. Oui, oui, rien que ça. Quand je suis sorti, la première chose que mes petits yeux ont aperçu, c'est le regard assassin et dégouté de ma mère. Oui, car j'avais évité l'avortement de justesse. Mon père n'était même pas présent à la maternité quand l'erreur que je suis est née, ouais, et d'ailleurs, il n'est jamais venu. Après, quand tu es encore un morveux dégoulinant de bave qui chiale sans cesse, c'est normal que tu ne comprennes pas ce qu'il se passe autour de toi.

C'est chez cette mère que j'ai passé les douze premières années de ma vie. Je n'ai jamais eu le droit à une éducation, ou quelque chose comme ça, et même les petites choses insignifiantes comme le lait maternel, je ne les ai jamais connus. Je dormais sur un canapé, avec uniquement une télé pour me divertir, et je traînais dans des petites écoles assez bordéliques ou je restais seul, car personne ne me parlait, et je ne voulais pas des autres, je n'avait pas besoin d'eux. J'ai très vite compris que mon mode de vie n'était pas normal, et que la majorité des enfants de mon âge avait un père présent, mais pas moi. C'est à cette époque, vers mes sept ans, que j'ai commencé à me poser beaucoup de questions. Pourquoi est-ce que ma mère ne m'éduquait pas ? Pourquoi est-ce qu'elle ramenait toujours un homme différent à la maison, qui repartait ensuite et ne revenait jamais nous voir ? Au début, je croyais en l'espoir que l'un d'eux serait peut-être mon père, mais aucun ne s'intéressaient à moi.
Je ne sais pas vraiment ce que j'éprouvais pour cette femme, si je l'appréciais ou non, ou même si je la haïssais. Je ne la connaissais pas, et elle non plus. Nous étions totalement des étrangers l'un pour l'autre.

C'est quand je suis arrivée au collège que tout a vraiment basculé. J'ai eu une sorte de besoin de me défouler, d'être enfin quelqu'un, je voulais que les gens me remarquent et sache qui j'étais. Et surtout qu'on me craigne. J'ai donc commencé à devenir le parfait bad boy, le parfait petit con qui enchaîne connerie sur connerie, qui se bat dans chaque coin de rue, et qui couche avec la première fille venue qui étais impressionnée par mes actions.
J'enchaînais les visites au poste, ce qui d'ailleurs soûlait bien ma mère quand elle venait me récupérer au bord de l'évanouissement.
"Un jour tu veras, je te laisserais crever sans venir te chercher." Gueulait-elle.
J'étais en quelque sorte satisfait, car elle me remarquait enfin, même si c'était de la pire façon possible, elle me voyait enfin. Et prit en compte par cette femme, c'était le meilleur sentiment que j'ai jamais éprouvé, alors qu'elle n'avait jamais été là pour moi.

Mais c'est lors d'une de ces régulières visites en taule que tout ce quotidien ridicule bascula. Je ne me rappelle plus vraiment la raison de cette visite au poste... Surement une énième baston que j'avais provoquée qui avait fini plus mal que prévu, ou une cuite que je m'étais prise avec des potes qui m'avaient laissé tomber, et ou je m'étais évanoui sur un banc... Enfin, cette fois si, ce n'était pas ma mère qui était venue. Non. C'était un homme en costard, avec une cravate noire parfaitement nouée. C'était presque le cliché de l'avocat, ou du gros PDG. Sauf qu'il venait clairement pour moi, ce qui m'avait surpris. J'étais juste un pauvre gosse qui cherchait la merde là où il était sûr de la trouver, alors pourquoi m'envoyer un avocat ? Sauf que je connaissais son visage. Je l'avais vu à la téloche de nombreuses reprises, un homme politique bien célèbre avec autant de pognon que de prestige. Mais le problème premier, c'était de savoir ce qu'il venait foutre là. Il me fit face en m'empoignant le bras pour me traîner derrière lui pour m'enfourger dans son taxi privé sans me donner plus d'explications que ça. Sauf que j'avais seize ans, et surtout, j'étais pas con. Je me doutais bien de qui il était, et de la raison pourquoi il m'embarquait.
"Toi, t'es mon daron, hein ?"
C'était sur un air monotone de défi que je lui avais lancé ça. Je ne voulais surtout pas entendre la réponse de sa bouche. J'en avais pas besoin. Je ne voulais pas d'explications, ni rien d'autre d'ailleurs. Il me répondit le plus simplement possible, en me jetant un regard dur et complétement sidéré. Tient, lui aussi me regardait comme un monstre. Je crois que je commençais vraiment à me persuader d'en être un. Une bonne vingtaine de minutes après, le chauffeur s'arrêtait, pour nous laisser devant une baraque de bourge cliché, avec la piscine, le mini-golf, les domestiques, les montagnes de lingots. Ouais, nan, j'abuse un peu trop là, j'crois. Je suivais mon soit disant paternel, les mains dans les poches, sans même porter un quelconque intérêt à ce qui m'entourait. Il m'installa dans ce qui devait être son bureau, et s'assit sur une chaise où il pouvait avoir le monopole de la supériorité sur moi, ce que je détestais.

"Tu sais ce que tu viens foutre ici ? Il tentait visiblement de garder son calme.

- Car l'autre conne ne veut plus de moi ? C'est pas nouveau, alors elle m'a refilé au premier venu.

Cette fois, je fulminais presque, je voulais voir jusqu'ou je pouvais l'agacer. D'ailleurs, ma remarque lui valu un nouveau grognement :
- "L'autre conne" est morte, Luciel. Ce matin, d'un accident de voiture, pendant que toi, tu faisais une nouvelle fois le con dans les rues de Séoul.

Non, je ne m'y attendais pas à celle-là. Je ne sais pas pourquoi, mais je ressentais un pincement au cœur. Pourquoi ? Allez savoir... Je ne l'avais jamais appréciée, et elle ne m'avait jamais calculé, alors pourquoi sa mort devrait me faire de la peine ? Ce "père" me jeta un regard de pitié, comme s'il avait remarqué mon état.

- Cool, ça me libère bien. Enfin, sauf que j'dois habiter chez les bourges maintenant ? Ah ouais, tu parles d'un cadeau...

J'avais lancé cela avec trop de remords, ça ne me ressemblait pas. Normalement, j'aurai été impassible, voir soulagé. Mais je ne sais pas pourquoi, ne jamais avoir eu la reconnaissance de ma mère me faisait soudain plus de mal que je n'aurais pu y penser. D'ailleurs, mon père soupira, me regardant une nouvelle fois avec ses yeux verts pleins de dédain. Si lui aussi, je le dégoûtais, alors j'étais tranquille. J'allais juste continuer comme avant à trainer dans ma ville natale. Sauf que non, ce n'était pas si facile... Car il ajouta :

- Désormais, je veux que tu reprennes tes études et que tu arrêtes de jouer les sals gosses qui tapent sur tout ce qui bouge. Il faut que tu changes, que tu mûrisses.

Oh, non, je n'étais pas assez parfait pour toi, cher petit papa. Tu voulais quoi, que je mûrisse, que je travaille comme un esclave et avoir des notes parfaites partout ?
D'accord. Alors j'allais juste devenir pire.

→ Il passait des heures à nourrir les chats errant devant chez lui, quand il habitait chez sa mère.
→ Il a toujours adoré écrire, et sa plume a d'ailleurs été son sanctuaire quand il était plus jeune.
→ Il a des demi-frères et soeurs qui vivent avec lui, chez son père, mais il ne leur a jamais adréssé la parole, par simple dégout.
→ Il a commencé à fumer à 13 ans, et a même touché à quelques produit illégaux, mais ne serait pas devenu dépendant malgré ça.
→ Il a enchainé quelques boulots pour pouvoirs s'offrir certains luxes, comme un téléphone portable, des livres et un tas d'autres choses que sa mère lui a toujours refusé.
→ Vers ses douze ans, il a souvent été battu par un homme avec qui sa mère couchait.

Je préfère d'avance prévenir que mes chaussettes ont malheureusement été ingurgitées pas mon chat, il me sera donc impossible de vous en donner les détails. Sorry, not sorry. :cute2:

J'ai bientôt 17 balais-brosses et j'suis le genre de fille avec le pseudo qui change tous les mois, alors je vais vous laisser décider de la façon dont vous m'appellerez, et n'hésitez pas à trouver un jeu de mot nul, de toute façon, je commence à être abonnée aux surnoms chelous sur les forums, mais j'adore ça, uhu. (j'ai eu le droit à asticot, mandarine, tulipe, et tous les trucs comprenant des mots de ce genre de champs lexical)
Je suis une des nombreuses victimes de la Corée et du Japon, et j'aime pas mal de groupes et de machins différents. 

Ah, et vous l'aurez remarqué, mais je ne suis absolument pas drôle.