elle a toujours peur.
peur plus évidente lorsque les adolescents chuchotaient sur son passage, ou ne se donnaient même pas la peine, sans aucune crainte de sa douleur face aux mots, aux regards, aux attitudes. lorsqu’elle tirait sur ses habits, volontairement un peu amples pour cacher le trop qu’il lui semblait avoir, lorsqu’elle laissait ses mèches de cheveux tomber sur son visage, cachant par la même occasion les traits où ses camarades semblaient trouver une source d’inspiration inépuisable.
elle l’était, épuisée.
chaque remarque semblait lui prouver encore une fois qu’il n’y avait rien à attendre de la vie. qu’il ne servait à rien d’attendre, de vouloir, d’espérer, si autour d’elle on s’échinait à la briser.
ça se voyait, qu’elle était mal. et ainsi, elle donnait encore matière, un cercle vicieux impossible à briser, jusqu’à ce qu’on lui tende la main.
maintenant ça ne se voit plus, parce que son coeur est plus rempli et son contrôle plus entier, parce qu’elle craint de montrer sa vulnérabilité et qu’elle soit retournée contre elle.
mais elle a peur.
elle a peur et elle ne retire que lentement, brique à brique, le mur qu’elle a construit autour d’elle même. elle repousse, elle semble fuyante, distante, tout en criant d’espoir  tout au fond d’elle, du bien fondé des approches. souvent, les gens n’osent même pas, ils ne veulent pas s’approcher car elle ne semble pas approchable. un jour elle s’est teint les cheveux en rouge en espérant que cela y change quelque chose, mais tout ce que ça a changé, c’est qu’on la regarde plus, en tant que curiosité, loin de son humanité. au moins elle prend plaisir à enlever son bonnet, quand Ja avance vers elle, pour lui montrer la nouvelle couleur du mois. reflet de ses émotions fuyantes, vibrantes, dont il peut avoir un aspect, lui, qui a su avoir sa confiance.
maintenant elle a les cheveux oranges. et elle a encore peur.
elle se sent comme un faon tout juste né, qui a du mal à se tenir bien droit sur ses pattes. elle apprend, elle réapprend, la vie, les gens. inconstante, elle passe d’un intérêt à l’autre, étonnamment au dessus de la moyenne dans tout, sans jamais aller plus loin. elle se lasse, elle fuit l’ennui, le vide, l’angoisse de la vacuité, et elle fuit aussi ce qu’elle pourrait être, ce qu’elle pourrait accomplir. son esprit dispersé n’arrive jamais à la fin d’une tâche, et elle avance en sautant de nuage à nuage sans jamais plus prendre de hauteur, veillant tout de même à ne jamais faire de faux pas, à ne pas retomber. anticiper, penser, contrôler, sont tant de verbes dont elle doit se nourrir pour survivre, dans un paradoxe d’une pensée qui veut jaillir de tous les côtés, sans brides.
elle a peur et elle n’a personne, ici. en tout cas, elle n’avait personne quand elle y est arrivée. son père est loin, sa mère ne l’a pas élevée, elle a un mal du pays et est partagée entre l’occident et l’orient. elle a besoin d’être protégée de cet homme imposant qui fait peur à tout le monde quand elle est à ses côtés, mais se sent oisillon lâché dans le vide.
elle a peur de ces bouts de papier et de ces pièces d’argent qui rendent tout le monde fou, même elle, elle qui voudrait pourtant en être détachée. elle marche sur la pointe des pieds, en vient à ne pas manger à tous les repas pour économiser, parce qu’elle se débrouille toute seule et qu’elle ne demande pas d’aide, jamais, ce n’est pas son genre. tout prendre sur soi pour ne pas déranger, toujours à l’appel pour sécher d’autres pleurs que les siens et satisfaite dans la bulle qu’elle s’est créée pour ne pas en faire sortir le négatif.
elle a toujours peur mais elle va mieux. elle supporte les regards, elle supporte l’angoisse, le stress, elle supporte l’agitation sous son crâne, essaie de ne pas se laisser trop vite emporter. elle sait qu’elle peut passer un coup de fil à son papa, qu’elle peut harceler ja à trois heures du matin, qu’elle peut épuiser une nouvelle teinture, chanter, rire, vivre.

elle est maniaque mais n’aime pas l’exhiber. ainsi, elle s’arrange pour remettre les choses à leur place quand personne ne regarde, et souvent à cause de ses actions, on a soupçonné qu’un fantôme rôdait aux alentours → elle est passée par toutes les couleurs de l’arc en ciel, pour ses cheveux, ils ne sont pas encore en train de tomber et de toute façon, elle le fera jusqu’à être chauve. → elle trouve un réconfort dans les mots et a lu, lit, et lira encore longtemps. l’angoisse du trop peu de temps pour tout les mots la prend souvent, et elle ne se balade jamais sans un livre à la main ou dans le sac → elle a une très jolie voix, qui ne sort que très, trop rarement. elle se retrouve souvent bloquée, par cette inhibition qui est la sienne, ou la peur de sortir quelque chose de soi → la nuit est son monde, elle y puise son énergie, sa vie, et elle passe des heures à seoul, elle en connaît les recoins, malgré quelques petites mésaventures. elle aime y amener ses amis, qu’ils viennent partager son exaltation. → elle fait des langues car ça lui est facile, elle est bilingue en anglais et coréen, et s’était dit que ça serait marrant d’apprendre le chinois. elle galère, car elle ne sait pas étudier, travailler, en tout cas pas pour longtemps, et puis de toute façon c’était juste histoire de. si on lui demandait de choisir, par intérêt, une filière, elle aurait envie de tout tester → elle compte jusqu’aux plus petits centimes, obligée pour ne pas avoir de mauvaises surprises. elle en vient à devoir refuser des sorties, mais jamais elle n’avouera qu’elle a des problèmes financiers. elle vogue de petit job en petit job, dont elle se lasse trop vite, son attention s’échappe et elle fait des erreurs, jusqu’à partir ou se faire virer, malgré ses bonnes intentions → c’est une fille très intelligente, d’une vivacité d’esprit sans pareille. ça marche en accéléré à l’intérieur de sa boîte crânienne, mais elle ne l’utilise pas, elle se repose sur ses acquis et ses facilités, elle ne sait pas faire d’efforts → elle a l’air distante et renfermée, et pourtant elle adore se vêtir de couleurs, d’habits extravagants. seul reflet de son monde intérieur, une petite loupe pour les gens qui oseraient bien y regarder → elle aime manger mais en a peur, elle a tendance à trop manger ou ne pas assez manger, il n’y a pas de juste milieu. c’est une fille d’extrêmes → elle ne tombe que rarement, très rarement amoureuse, tant qu’elle s’est pensée autrefois aromantique. mais non, les personnes spéciales qui peuvent toucher son coeur se font rares, plus rares encore celles qu’elle laisse entrer → elle a l’art de faire des to do list interminables, avant de se dire que ça ne sert à rien car elle ne les remplit pas. puis elle recommence, histoire de dire que cette fois, ça va marcher → elle a une certaine maladresse dans son corps, comme si elle ne connaissait pas ses limites corporelles, ainsi, elle trébuche parfois sans aucune raison, évalue mal les distances (elle devrait aussi aller chez l’ophtalmo mais n’a pas les moyens), et n’aime pas du tout ça. elle ne trouve pas ça mignon, pour elle ça a toujours été sujet de moqueries, dans ses souvenirs, et elle en vient à marcher en prenant le moins d’espace possible, à ne jamais faire de mouvements trop brusques.

moi je suis déjà là, je suis narae, je double ma puissance de cutie power avec yunha