« Is someone here? »

Papa se lève, il était assis sous votre Kotatsu* et regardait une émission que tant d'Européens trouvent étrange, qui consistait à manger le plus de plats japonais cuisinés en un temps limité. Peut-être regardait-il ça pour se donner l'eau à la bouche, puisque maman cuisinait la délicieuse soupe miso que vous aviez l'habitude de boire les soirs de grands froids. Ta grande sœur faisait ses devoirs à l'autre bout de la table, écouteurs sur les oreilles pour que ses rires et les bruits provenant de la télévision ne la dérangent pas. Elle était très studieuse. Ton frère, lui, jouait à des jeux vidéo dans sa chambre, il lui arrivait souvent de râler puisqu'il n'est pas un excellent joueur... toi, tu étais dans la cuisine, avec maman.Tu aimais la regarder cuisiner dès ton plus jeune âge et c'est elle qui t'a appris les quelques recettes faciles à préparer. La maison était bien éclairée, vous faisiez du bruit comme le fait en général une famille de trois enfants. Ce soir-là, la voix d'un étranger s'est fait entendre. Papa, inquiet de savoir que quelqu'un venait vous visiter à cette heure-là s'est dirigée vers l'extérieur de la maison pour voir qui pouvait bien s'y trouver. Un coup de feu s'est fait entendre, vous avez tous les quatre sursautés. Maman t'a portée jusqu'à t'enfermer dans un petit placard mural dans le salon, ta sœur allait te rejoindre, mais elle s'est fait abattre sous tes yeux. Ta mère aussi y est passé, tu as entendu des cris, tu as vu le haut du visage de l'étranger, puisqu'il est passé près du placard pour se rendre dans la chambre de ton frère. Un autre coup de feu s'est fait entendre. Ta vue se trouble, des larmes coulent sur tes joues, tu gardes tes mains devant la bouche pour ne pas laisser s'échapper un sanglot, et tu colles bien le dos contre le mur. Tu as peur, tu ne fais pas de bruit. Tu ne sais pas si la personne est au courant de ta présence, puisqu'il fait les cent pas. Il finit par parler, à quelqu'un au téléphone, tu penses.

« Ok dude, i, i... i just did it. I just killed an entire family. »

Tu l'entends, mais ne comprends pas. Que dit-il, à qui parle-t-il ? Tu n'en sais rien. Mais il repasse une dernière fois derrière toi et prend une photo du massacre qu'il vient d'effectuer. Il pointe le téléphone vers les corps, et film une vidéo, qu'il semble commenter. Il pointe le téléphone vers toi, puis semble être intrigué de ce placard dans lequel tu te caches. Il s'apprête à emboiter le pas pour venir l'examiner de plus près, mais des sirènes de police se font enfin entendre. Les voisins les ont contactés, faisant fuir le meurtrier. Il semblait perdu, comme étonné de ce qu'il avait fait. Mais cela ne change rien au fait que ses intentions étaient clairement meurtrières.

La police entre chez toi, ils constatent le massacre, et tu finis par te servir de tes ongles pour gratter contre la porte en bois du placard. Une jeune femme en uniforme s'en approche, l'ouvre, et tu arrives à lire tout le désespoir du monde dans ses yeux. Elle sait ce que tu as vu, elle sait que tu ne vas pas avoir une vie facile à partir d'aujourd'hui. Tes yeux encore tout brillants, tes joues toutes humides, tu te laisses prendre dans ses bras. Tu finis de pleurer contre elle, tu n'as pas pu dire adieu à ta famille que tu aimais tant.

Les mois passent, tu es déscolarisée. Ta santé mentale n'est franchement pas au top, et tu n'ouvres plus la bouche. Tu ne dis plus un mot, et tu ne dors plus. Tu ne dormiras plus jamais comme tu le faisais avant d'ailleurs. Tu as des difficultés à te nourrir, pour cause tu termines souvent à l'hôpital car tu es en carence. C'est surement de là que viennent ta petite taille et ton petit corps tout menu aujourd'hui. Tu as consulté des psychologues, plusieurs, mais tu ne te serais ouverte à personne. Ce secret sur ton enfance, seule toi et la police est au courant. Tu n'en parles pas, tu veux l'oublier. Mais tu ne peux pas. Chaque soir où tu ferme les yeux, tu entends les tires, tu vois les corps gésir au sol. Et ça te rend malade. Quand ton corps s'en est remis, tu es sortie de l’hôpital. Tu y as passé plus d'une demi-année, puisque tu as soufflé tes six bougies là-bas. Pla suite, tu as été placée dans un foyer, avec tout pleins d'enfant. En général, tu étais cette jeune fille assise sur le côté alors que tout le monde s'amusait, toi tu griffonnais sur ce cahier que les infirmières t'avaient donné pour que tu écrives à la base, pour que tu t'exprimes. Mais il est rapidement devenu un bouquin à dessins. Tu as par la suite intégré une école où tu es devenue pensionnaire. C'est surement grâce à cette amie que tu t'es faite là-bas que tu as retrouvé un peu "gout" à la vie. Tu rigolais avec elle, tu étais un vrai moulin à paroles. Une petite Mei que personne ne pensait retrouver. Et pourtant. Cette jeune fille a été une réelle thérapie pour toi, vous êtes encore en contact aujourd'hui. Tout au long de votre scolarité en primaire, vous étiez inséparables. Vous avez fréquenté un collège différent, et c'était particulièrement compliqué pour toi puisque c'est en général la période où les adolescents se plaignent d'avoir des parents sur le dos, et toi, tu étais là et tu leur criais dessus en leur disant qu'ils devaient s'estimer heureux d'avoir des parents tout court, que plus tard ils risqueraient de regretter tout ce qu'ils disaient. Tu étais comme... comme le vilain petit canard suite à ça. Ton intention n'était pas mauvaise mais on t'a vite laissé de coté. Tout s'est arrangé quand tu as intégré un nouveau lycée. Les étudiants n'ont plus le temps de se plaindre de leurs parents puisqu'ils sont extrêmement assidus dans leurs études pour que justement, leurs parents soient fiers d'eux. Tu as toujours été une bonne élève, puisque tu as toujours écouté les professeurs pendant les cours. Tu sortais beaucoup à cette époque avec les nouveaux amis que tu te faisais. Tous les festivals te manquent encore aujourd'hui, tu aimerais retourner à la plage avec eux, ou de nouveaux amis, pour faire des feux d'artifice au bord de l'eau. Tout cela te manque aujourd'hui. Tu as eu ton diplôme et as décidé, il y a deux ans de déménager. De prendre l'avion pour un pays proche du tien qui t'intéresse pas mal depuis un moment, la Corée Du Sud. Séoul plus exactement. Tu t'y es installé et habites pour la première fois seule dans une petite chambre étudiante. Cette année, tu es en deuxième année en Art Plastique & Design, à Séoul National University. Tu espères que cette année, ainsi que les prochaines dans cette école se passeront bien, aussi bien que tes années de lycée. Même si l'apprentissage de la langue est compliqué, tu essayes du mieux possible de te faire comprendre. Cette année, tu as décidé de postuler pour devenir serveuse dans un café, dans lequel tu travailles aujourd'hui à mi-temps. Ta vie ici te plaît, et fuir le pays où tu as perdu tes parents semble te faire beaucoup de bien.


* Kotatsu : est un support de bois de faible hauteur recouvert d’un futon ou d'une couverture épaisse, sur lequel repose un dessus de table. Le dessous d’un kotatsu est chauffé. C’est le mode de chauffage le plus courant au Japon, le chauffage central étant peu répandu.

✧ Japonaise de souche, Mei a fait ses études jusqu'au lycée dans son pays d'origine, elle habite Séoul depuis deux ans. ✧ Sa famille est morte un soir d'hiver par un meurtrier qui a causé le massacre sous ses yeux alors que sa mère a pris soin de la cacher. ✧ Mei est serveuse dans un café depuis cette année. ✧ Elle teint souvent ses cheveux de couleurs différentes pour garder son look atypique. De plus elle est toute petite et toute menue, un mètre cinquante cinq pour une petite quarantaine de kilo. Elle peut sembler frêle, en plus son teint de poupée en porcelaine aide beaucoup à entretenir cette image. ✧ Elle est claustrophobe et a peur de l'abandon. ✧ Elle a aussi peur d'apprendre l'anglais par rapport au tueur qui s'est occupé de sa famille mais il le faut bien, quand on est étrangère dans un pays dont on ne connaît pas très bien la langue. Elle évite donc le plus possible l'anglais et privilégie le Coréen.

Manami ou Hestia (ça dépend !) jeune étudiante de 19 ans ne fait rien de sa vie en ce moment (les stages en bureau où on vous demande de faire du café, vous connaissez ? Vous en avez surement entendu parlé ! Bah voilà...) du coup je m'inscrit ici ! Je ne sais pas trop quoi dire de plus alors eh bien, j'espère que ma petite Mei va vous plaire (elle est vraiment gentille et toute douce !) bisous ♥