+ baby, i've done enough talking, need to know that you're mine
C'est comme ça qu'elle m'a dit pour toi. On sortait du ciné, elle avait faim alors on s'est posés dans un pojangmacha- Trop romantique Minie, Mimi rigole, puis se cale un peu mieux sur la jambe de son père pour enrouler ses bras autour de son cou, ses grands yeux curieux rivés sur lui alors même qu'elle l'a déjà fait lui raconter cent fois cette histoire. Il rabat en arrière la capuche de l'onesie zèbre qu'elle porte, pour voir aussi ses yeux plutôt que seulement son sourire (auquel il manque trois dents). Hey, j'ai essayé ! j'ai proposé un jour d'accrocher des cadenas sur la terrasse de la N Tower- Aecha le coupe depuis la cuisine en reniflant dédaigneusement, sans lever les yeux du dossier qu'elle scrute en se préparant un café à neuf heures du soir passées. L'idée ne venait même pas de toi, ce sont Lei et ton frère qui te l'avaient soufflée. -elle m'a envoyé sur les roses. 'J'ai une tête à suivre des traditions d'ado attardés ?' qu'elle disait. De toute façon cette pratique est problématique. Tu as une idée de combien elle dégrade l'environnement ? C'est de la pollution visuelle, sans parler des problèmes de sécurité- Donc on s'est arrêtés dans un pojangmacha- hey !- (maman lui a envoyé une frite sur le front en rétribution pour la façon dont il l'a interrompue) -et là, entre deux pièces de viande frite- euh, oulah, Aecha ? Elle pleure ?? Je n'ai rien fait, elle a juste commencé comme ça, sans crier gare- Maman peste en abandonnant dossier café et assiette pour les rejoindre dans le salon et venir s'accroupir devant le canapé où père et fille sont installés. Tu sais bien que Mimi préfère les animaux vivants, Jeon Min Hyuk ! Elle gronde, mais elle n'est pas vraiment fâchée, juste un peu exaspérée parce qu'il fait souvent des gaffes comme ça, papa. Oh. Hm, je t'assure que le poulet était d'accord pour se faire dépecer trésor- Mais tu peux pas le savoir Minie ! Même si t'avais demandé t'aurais pu croire qu'il disait oui alors qu'il disait non en langue de nanimaux, moi je le sais parce que des fois Crête et moi- Crête ? C'est son coq en peluche. -bein on se comprend pas bien parce que je sais seulement dire cocorico pour bonjour alors que lui, il a plein d'autres choses à dire mais je sais pas encore tout comprendre- (nouveau regard totalement perdu de papa en direction de maman) Il y a ce- mécanisme, il fait plusieurs cris différents, elle indique et il répond "ah ok" même s'il est encore complètement perdu ; -mais au moins moi je sais que Crête a des rêves ! Il veut devenir le meilleur coq de combat et avoir une belle armure de chevalier ailé pour libérer tous les poulets du monde du mauvais sort- Bon, donne-la moi. Aecha récupère une Mimi en larmes dont le cœur est serré à l'idée des pauvres poulets mis en pièces il y a bien deux ans de ça et, pendant un moment, elle lui murmure à l'oreille pour la rassurer, jusqu'à ce qu'elle s'apaise. Minie aussi s'est levé, un peu mal à l'aise comme à chaque fois qu'il y a des larmes et surtout de la morve, et il contribue en lui tapotant gentiment l'épaule. Tu veux quelque chose pour aller mieux ? Je pourrais, hm, t'amener Houpette par exemple- C'est Crête. Mimi, elle, est trop inquiète pour corriger. Tu veux le manger ? Mais non mon cœur, Minie voulait juste s'excuser auprès de Crête et ensuite te l'amener pour qu'il te réconforte. ça te dit ? Oh ! Oui, et je veux Nono et Yuyu aussi. Plusieurs minutes plus tard, Minie a réussi à dénicher le coq réclamé parmi la marée de peluches sous laquelle est noyé le lit de Mimi ; la grosse crise de tristesse est calmée et également, la déception de ne pouvoir voir ses princes adorés, parce qu'ils sont chez eux et que maman est trop fatiguée pour l'emmener les voir (c'est déjà arrivé que Mimi la convainque de l'emmener en plein milieu de la nuit, mais la journée a été longue et en plus, papa part bientôt). Aecha, Minhyuk et elle sont blottis tous ensemble sur le canapé cette fois, tandis qu'il raconte enfin la suite de son histoire. On était attablés et elle a dit, brusquement, 'Je suis mère, au fait'. J'ai failli m'étrangler avec mes- mon riz. Aecha cache son rictus moqueur dans l'épaule de son compagnon, amusée par le souvenir. Il était si jaloux. Il croyait qu'après notre rupture je l'avais remplacé. Moi j'ai toujours eu un seul papa. Maman elle disait que tu allais venir nous retrouver et que tu serais mon héros et qu'on s'aimerait vers l'infini et au-delà. Et c'est vrai, tu es rentré. Elle a le bonheur écrit partout dans ses yeux, à maman, et Mimi adore quand elle regarde papa comme ça. Lui il gigote en grimaçant un peu, coincé entre les deux femmes de sa vie et pas très à l'aise avec les grandes déclarations. Ouais ouais. Mais quand même, il leur embrasse le front à chacune, et même quand il part quelques heures plus tard après avoir bordé Mimi, même si maman n'est pas très contente parce qu'il a un combat de boxe, elle est heureuse Mimi.

+ lover of bunnies and all things made of fluff
Non non non Mr. Potato Head, n'insistez pas, je ne peux pas vous emmener aujourd'hui. Elle ajoute tout bas : Votre dame a très mal à la tête parce qu'elle a mis son oreille à la place de son oeil, vous lui servirez le thé en mon absence. Mimi s'applique à très bien parler lorsqu'elle s'adresse à Mr. et Mrs. Potato, parce qu'ils sont un peu délicats. Mais avec Woody c'est pas pas pareil, alors elle l'agrippe par les mains et tourne sur elle-même, surexcitéepend. Toi cowboy, tu pars à l'aventure avec moi, yihaaa ! Tu es prête, trésor ? Ouais ! Woody a sauvé le troupeau de la Bergère, alors ils viennent avec moi pour se faire des bisous et Buzz reste garder les moutons. Il est pas très content mais comme dit le Sergent, un bon soldat n'abandonne pas un homme à terre ! Madame Potato est encore un peu malade, elle restera au lit jusqu'à mon retour. Polochon a pleuré quand je lui ai dit que je reviendrai je sais pas trop quand, mais je l'ai mis dans la baignoire avec barbie Ariel pour qu'ils puissent nager ensemble et il était content. Même que je leur ai mis un tas de tire-baba au fond de l'eau et aussi mon bateau retourné pour qu'ils aient de quoi jouer ! J'ai dit à Ariel d'être sage et de ne pas aller voir la sorcière quand je serai partie. Tu feras attention à Winnie pour qu'il ne mange pas tout le miel d'accord ? Et aussi (...). Aecha a le mérite d'écouter tout le débriefing sans s'impatienter, Mimi sautillant autour d'elle tandis qu'elle se fait un chignon devant le miroir du couloir. Ce n'est qu'une fois qu'elle a fini qu'elle s'aperçoit que sa fille est encore en pyjama. Mimi, ne me dis pas que tu ne t'es toujours pas lavée ? Mais si ! Pourquoi tu n'es pas habillée, alors ? Je suis habillée. Tu as dit que j'allais dormir chez Yuyu. Alors elle a mis son beau pyjama rose à capuche, avec les antennes pour communiquer avec les extraterrestres. ... Oui, parce que tu vas passer quelques jours chez oncle Nawei et tante Nuo. Mais il est neuf heures du matin chérie. Oh. Mimi part en sens inverse comme une fusée pour se changer, ajoute un serre-tête avec des oreilles de louveteau, puis descend au salon avec son sac énoooorme. Maman est surprise un instant, puis méfiante, et elle se tape le front en constatant qu'il n'y a à l'intérieur que des jouets, des peluches et le pyjamas capteur d'ondes venues d'un autre monde. Elles passent une demi-heure à refaire le sac, négocier lesquels des copains inanimés de Mimi resteront et lesquels partiront finalement avec elle, etc etc. Puis vient l'heure du départ et elle est un peu triste lorsque maman ajuste son casque et la hisse sur la moto, parce qu'elles ne se verront pas pendant quelques jours. Elle disait des choses méchantes la lettre avec les collages colorés ? Elle demande avant qu'elles ne démarrent. Elle l'a trouvé drôle, Mimi, le courrier qui était glissé dans la fente de la porte quand tonton Niran l'a ramenée de l'école hier. C'était plein de couleurs, de lettres découpées dans des magasines, mais tout à coup tonton s'est fermé. Il a dit que finalement ils ne pourraient pas lui fabriquer sa queue de sirène aujourd'hui, qu'il fallait vite appeler Aecha, et alors sl'ambiance est devenue électrique. Depuis lors, personne ne sourit beaucoup et ça lui plait pas trop, à Mimi. Maman a les yeux fatigués et les traits plus tirés que d'habitude. Légère hésitation et puis, comme toujours, elle opte pour l'honnêteté. Oui. C'est une lettre de menace, alors oncle Nawei veillera sur toi pendant que j'arrêterai le méchant. Parce que t'es une héroïne comme Mulan ! Aussi tu vas appeler Minie pour qu'il te protège la nuit ? Il fait les meilleurs câlins nocturnes et si des vilains veulent te faire du mal il les enverra au tapis. Tu seras prudente hein, maman ? Promesse du petit doigt ? Je ferai très attention et je te promets que ça ne durera pas longtemps. Bientôt on sera à nouveau ensemble, d'accord ? Elle en doute pas, Mimi, parce que maman revient toujours la chercher. Je t'ai préparé un cadeau pour que tu sois à l'abri du danger ! Elle bataille un peu avec son sac à dos pour en tirer fièrement une sorte de gros bloc rectangulaire en papier mâché, peint d'une façon qui ferait grimacer Noam (des couches et des couches et des couches de couleurs plus ou moins assorties). Pointe d'inquiétude, soudain : Tu sais ce que c'est hein ? Bien sûr, c'est un- Aecha le tourne, le retourne : bouton de porte ! Mimi sourit de toutes ses dents. Personne ne pourra le crichoter pour entrer ! Le crocheter ? Merci mon trésor, je le garderai précieusement.

+ and it's all fun and games till somebody falls in love
Y'a comme un malaise logé au creux de son ventre, ça fait des chatouilles pas très agréables et elle aime pas beaucoup ça Mimi. Parfois elle le ressent quand Kae refuse de lui parler et s'enferme avec ses devoirs pour ne pas trop la croiser. Cette fois c'est pire parce que c'est entre Yuta et Noam qu'elle se sent comme ça ; comme si Z et toute sa colonie de fourmis menaient une expédition dans son estomac et le tournaient dans tous les sens. Pourtant leurs bras sont tout chauds et confortables autour d'elle ; plus que tout autre lieu, c'est la maison. Elle est drapée dans leur odeur et les taffes qu'elle a tirées avant de venir font déjà leur effet, tapissant le décor de nuées multicolores, psychédéliques, et dessinant des créatures mystiques derrière ses paupières. Mimi n'arrive pas trop à suivre le film de ce soir pourtant, parce que la sensation ne cesse de croîtrea. Un moment ses yeux se ferment tout seuls, et quand elle les rouvre avec un léger sursaut Noam et Yuta détachent rapidement les mains qu'ils avaient jointes par-dessus sa hanche. En temps normal elle rirait et leur dirait que c'est bête, ils s'aiment tous les trois alors à quoi bon faire semblant que non ? Mais y'a rien d'habituel, parce que c'est comme s'ils lui cachaient quelque chose à elle. L'idée même est... absurde, non ? C'est comme si tous les humains devenaient Spider Cochon et marchaient au plafond : le monde à l'envers. Elle est juste là, entre eux deux, et quand ils jouent dans ses cheveux ou lui tirent les joues pour faire comme si de rien, en lui demandant si elle dormait, elle a la curieuse sensation... d'être de trop ? Dans son ventre, les picotements s'accentuent pour former comme un nœud. Et ça enfle, enfle comme une angoisse. Mimi prétend s'étirer comme un chat et bondit sur ses pieds avec un grand sourire. Je vais faire plus de popcorn ! Peut-être que Kae en veut ? Elle disparait dans la cuisine sans attendre de réponse. Mais bifurque vers l'entrée, où elle a lâché son sac d'école en vrac à côté des chaussures (heureusement que tante Nuo n'est pas encore rentrée, elle va pas beaucoup apprécier le bordel) en rentrant de l'école avec les garçons. Et au lieu de s'occuper de renflouer le stock de popcorn, elle tire plutôt de ses affaires sa réserve personnelle de bonheur roulée en tulipe dans du papier à cigarette. Le bédo est réconfortant, calé là entre ses doigts, promesse d'évasion. Et quand elle sort en douce de la maison et se cache pour l'allumer, c'est encore mieux. Elle peut presque entendre la voix d'Absolem la chenille lui souffler : aucune épreuve n’a jamais été surmontée en versant des larmes. Et elle acquiesce, murmure "d'accord" en refoulant les siennes. L'odeur entêtante n'est pas réellement agréable, pourtant plus elle s'incruste dans ses pores, plus Mimi se détend. Qui es-tu ? demande Absolem dans sa tête. Et elle de répliquer tout, tout bas pour que seul lui l'entende : Nous en avons déjà parlé. Je m'appelle Mimi, mais je ne suis pas la bonne. C'est forcément ça ; elle en est arrivéet à cette conclusion depuis que le malaise a commencé à se manifester. Si elle était la bonne Mimi, Yuta et Noam seraient son Pays des Merveilles. Il n'y aurait pas les non-dits et les gestes cachés qui la font se sentir bizarre depuis plusieurs semaines. Et comment le sais-tu ?
Vous l'avez dit vous-même, dans mon rêve. Peut-être qu'aujourd'hui, comme ces deux derniers jours, elle aurait dû aller chez Fei la fée, et appeler les garçons juste au téléphone ou sur skype, depuis la maison d'oncle JH. Mais ça la tuait rien que d'y penser. Ils lui manquent quand ils sont dans des classes séparées. Ils lui manquent quand ils sont ensemble mais qu'ils échangent des regards dont ils voudraient qu'elle ignore les sous-entendus. Ils lui manquent quand elle est avec eux mais qu'ils sont dans un autre monde où elle n'a pas vraiment sa place. Ils lui manquent tout le temps, tout le temps parce qu'elle n'est jamais rassasiée d'eux, parce qu'ils sont l'oxygène. Et c'est comme se noyer vivante et hurler sans être entendue, quand elle n'est pas avec eux. Alors elle a fumé un peu pour se donner contenance et elle les a rejoints sur le chemin de la maison des Lee, et Noam l'a tenue par la taille pour la faire rouler quelques mètres sur son skate, puis Yuta lui a accordé un piggyback pour le reste du chemin. Et elle était presque, presque- J'ai dit que tu étais loin d'être Mimi mais tu l'es un peu plus aujourd'hui, à vrai dire, tu es presque Mimi. Elle était presque leur Mimi. Jusqu'à tout à l'heure.
Quand elle revient en tout cas, elle est à nouveau Mimi. Celle que tout le monde veut voir du moins : pas celle dont le cœur se fend trop facilement et dont les larmes coulent dru comme un déluge, mais la poupée qui rit. Elle a les pupilles dilatées et les pensées criblées d'illusions qui font taire tous les tracas. C'est comme si elle s'était baignée dans de la poussière magique pour voler, plutôt que se laisser terrasser par la pesanteur. J'ai croisé un énoooorme Engloutyran et il m'a dit 'Tes popcorn ou la vie !' J'avais trop peur qu'il dévore la maison avec nous dedans alors je lui ai donné, elle raconte avec de grands gestes en s'étalant en travers des jambes de Yuta et Noam sur le canapé. Et il est parti. Mais pendant que je revenais j'ai vu un nuage de poussière atmosphérique. C'était un Cosmos, comme une nébuleuse pleine d'amour, et on est devenues amis alors il m'a confié un secret. Il a dit que ce soir le ciel est tellement dégagé qu'on peut voir des étoiles, et qu'on devrait installer une tente sur le toit pour les regarder ! On peut le faire, dites, on peut ? S'ils ne veulent pas qu'elle voie, et qu'elle ne veut pas voir non plus, peut-être qu'elle prétendre que rien n'a changé ?

+ chasing after you is like a fairytale, but i feel like i'm glued on tight to this carousel
Ils rient ensemble en se roulant dans la neige glacée comme des enfants, mais son éclat à elle est faux sur les bords et elle se demande qu'est-ce que j'fais là ? A travers l'une des fenêtres en haut, y'a la bouille Kae visible à travers la fente des rideaux et Mimi lève les bras pour lui faire de grands gestes ; comme toujours les rideaux se referment et au lieu d'être juste un peu triste, mais pas découragée, Mimi a l'impression brutale de se faire claquer une nouvelle porte au nez. Alors elle pense qu'est-ce que je fais là ? Pour compenser elle roule une boule de neige et regarde avec émerveillement les cristaux de glace se lier entre eux. Comme eux trois. Et puis elle se tourne, joueuse, envoie le projectile sur l'un des garçons - mais alors que la structure s'effrite en heurtant un bout de peau rougi par le froid, elle se sent soudain prise dans un étau. Les flocons se détachent et s'effondrent. Comme eux trois. Ou juste comme elle ? Un cri de guerre raisonne mais les lèvres de Mimi sont étirées en un rictus qui n'est plus amusé du tout ; qui n'est plus que figé, feint. Les garçons se lancent corps et âme dans la bataille, elle évite parfois, est touchée d'autres fois, s'oblige à prétendre s'amuser, pour ne pas les inquiéter. Mais ses jambes tremblent un peu sous elle tandis qu'elle trouve refuge derrière un tronc d'arbre, puis prétend se construire un fort. Noam et Yuta s'attaquent férocement et à l'abri de son rempart Mimi s'effondre un peu de l'intérieur, le souffle difficile. Elle les regarde et il y a tant de tendresse dans son cœur à la vue de leur complicité qu'il lui semble se liquéfier sur place ; mais tout à la fois elle a peur, tellement peur. ça s'agrippe à son cœur comme des serres, la terreur. Elle s'allonge contre le tapis immaculé, à peine épais ; allonge bras et jambes pour y tracer un ange, tandis qu'elle tente de river ses pensées sur de bons moments pour repousser le gouffre béant qui menace de l'engloutir. Songe au sapin entamé chez elle avec Fei, Hiro, Yuta, Noam, Issa ; aux jeux de lumières que projettent les guirlandes sur les murs. Et pourtant, elle ne parvient pas réellement à s'extirper de l'instant présent, et de la détresse qu'il lui inspire sans qu'elle ne parvienne tout à fait à savoir pourquoi. Y'a quelque chose dans son regard, elle fredonne en pensant aux prunelles pétillantes de son meilleur ami, d'un peu fragile et de léger
comme un espoir... Toi mon ami aux yeux de soie, tu as souri mais hier encore je n'savais pas... Un "BOUH !" tonitruant lui fait rouvrir les yeux et pousser un cri mi-surpris mi-ravi. Noam est penché par-dessus d'elle, à l'envers, Yuta appuyé sur son épaule, et elle les aime. Elle les aime de toutes ses forces et avec tout ce qu'elle est, c'est si grand, tellement plus grand qu'elle, mais c'est ce qu'elle a toujours connu. Alors elle chasse l'idée saugrenue qui la titille sournoisement, l'envie de s'éclipser ni vue ni connue ; et à la place, elle tend la main pour qu'ils s'aident à se relever. On devrait faire une promesse, elle lâche sans préambule tandis qu'ils rentrent, bras dessus bras dessous, et secouent la neige de leurs bottes à l'entrée. Moi je promets... que... je répondrai toujours à vos messages plus vite que l'ombre de Lucky Luke ! Même si c'est en plein milieu des plus sombres heures de la nuit noire. Et même si je suis aux chiottes. Elle leur sert un grand sourire, même s'ils facepalm un peu parce qu'elle est embarrassante, cap de leur envoyer une photo de la porte sur laquelle elle a vue quand elle est occupée, en commentant sans pression : "vous n'avez pas l'impression de +++ mieux réfléchir quand vous posez un cake ?? comme si c'est libérateur jsp". Aussi, je promets que quand les extraterrestres viendront me chercher je leur dirai qu'on doit abso-lu-ment vous prendre en chemin, comme ça on visitera l'espace ensemble, inséparables ! La Terre doit être trop jolie vue d'en haut... Yuta répond C'est toi qui es jolie et Mimi rigole en le poussant un peu de l'épaule. Pourtant, lorsqu'ils se réchauffent enfin à l'intérieur, mains gelées enroulées autour de tasses brûlantes et pieds se croisant sous la table, les regards des garçons se cherchant et se fuyant avec hésitation, Mimi sourit au plafond, l'air comme souvent égarée dans ses idées farfelues ; et elle se surprend à se demander encore : Qu'est-ce que je fais là ?

+ And I've grown familiar with villains that live in my head
Le temps s'écoule et la sensation s'accentue irrémédiablement. Qu'est-ce que je fais là ? elle se demande en panique alors qu'elle fuit la cabane où le secret a éclaté. Ils la poursuivent mais Mimi veut partir loin, loin d'eux, parce qu'elle se sent- elle ne sait pas. Un peu heureuse mais beaucoup, beaucoup malheureuse, trahie, parce que s'ils ne peuvent pas lui dire qu'ils s'aiment, qu'est-ce que ça fait d'elle ? Pas leur moitié, pas la Mimi à qui ils disent tenir, juste une intruse. L'élément de trop. Ils sont complets sans elle, c'est ça ? Mais elle, elle a un trou béant à la place du cœur.

Qu'est-ce que je fais là ? elle pense quelques semaines plus tard en coupant le moteur de Khan devant l'aéroport, bien trop tard. Noam est déjà parti, il n'y a rien qu'elle puisse faire pour le rattraper, pourtant elle sort, déambule à la recherche du nom de l'avion qu'il a dû prendre, s'arrête à la porte qu'il a dû franchir pour passer la sécurité, pose son front et ses paumes contre la vitre séparant les familles des passages en jouant dans sa tête la scène des au revoir qu'ils auraient dû partager.

Qu'est-ce que je fais là ? elle se demande encore. des mois se sont écoulés et une main hargneuse tire sur ses mèches brunes comme pour lui briser la nuque. Elle a rampé jusqu'ici parce qu'elle était en manque, parce qu'elle en est réduite à ça. Mais les ruelles crasses où elle s'est aventurée, poussée par son addiction, ne sont pas sûres. La panique coule dans ses veines comme de la lave en fusion et pourtant elle s'entend supplier, pas pour sa vie, mais pour "une dose, juste une dose, j'en ai tellement besoin-" ; avant qu'elle ne formule une promesse insensée pourtant, quelqu'un agrippe l'homme et le tire en arrière. La prise sur les cheveux et le cou de Mimi se desserre et elle chute comme un pantin désarticulé en s'étouffant sur l'air qui se précipite enfin dans ses poumons brûlants. Sa vue est trouble, ses jambes ne la portent plus, elle sursaute et un cri lui échappe lorsque quelques secondes ou une éternité plus tard des mains se posent à nouveau sur son épiderme en frissons. Range tes griffes princesse, ce n'est que moi. Y'a un rire rauque qui s'élève mais il est tendu, elle est encore plus confuse quand elle reconnaît Yong Min. ça n'aide pas. Mais tu m'détestes, elle proteste, ne comprenant pas pourquoi il l'aide. T'es blessé elle constate à retardement, paupières lourdes, langue pâteuse ; Désolée...

Qu'est-ce que je fais là ? Elle entend à nouveau résonner dans ses pensées. Noam est rentré après avoir été loin d'eux pendant toute une année, ils sont à nouveau tous les trois pourtant Mimi se sent comme une rature dans la marge. Elle pensait que tout irait mieux une fois qu'il serait revenu et qu'elle pourrait le serrer dans ses bras, plutôt que le regarder à travers l'écran d'un pc. Mais c'est pas le cas. C'est même pire.

Qu'est-ce que je fais là ? Elle adore tellement son boulot, Mimi, mais de plus en plus il l'épuise, de plus en plus l'apnée est une agonie, le manque lancinant maintient son esprit ailleurs. Le sourire est faux, les cernes creusés sous son maquillage vif ; la queue de sirène qu'elle a cousue avec tonton Niran, plus élaborée que celles de son enfance, lui semble peser des tonnes. Dans son enclos mais d'eau et de plantes et de poissons multicolores et de faux trésors, Mimi rêve de rentrer plus tôt, de se réfugier dans son paradis artificiel.

Qu'est-ce que je fais là ? Les bras de Nam Woo sont un point d'ancrage et elle a l'impression de voler quand il presse ses lèvres contre les siennes ou qu'elle cale leurs paumes l'une contre l'autre. Pourtant l'impression terrible qu'une part dépérit ne la lâche pas. Elle tient à lui tellement fort, mais elle est comme amputée ; c'est comme un membre manquant qui continue de gratter, sans qu'elle ne puisse soulager la démangeaison. C'est un vide que seule la drogue lui donne la fausse impression de combler et Mimi sombre, sombre, sombre.

Qu'est-ce que je fais là ? On lui dit ça ne peut plus durer, tu coules et ça fait tellement mal Mimi, comment as-tu pu ? Les dernières semaines se sont écoulées dans un flou artistique ou cauchemardesque, elle ne sait pas. Elle n'avait plus la force d'aller en cours, au travail, manger. A quoi bon être un être humain fonctionnel alors qu'elle pouvait fumer un joint après l'autre sans s'arrêter ? Elle claquait tant de wons en shit mais était incapable de se soucier des conséquences. Ne sortait qu'en douce pour aller en free le week end et troquer ses ténèbres contre de l'exta, régénérer à la speed son corps en vrac, repeindre le monde en couleurs à coup de champignons hallucinogènes. L'esprit à la dérive, la paranoïa tatouée sur sa peau. Souvent elle voulait éloigner tout le monde, puis sursaut de conscience, son âme appelait de toutes ses forces les deux autres moitiés d'elle-même. Ils répondaient toujours mais Mimi ne se sentait pas mieux, jamais mieux. Pour peu qu'ils mettent une dizaine de minutes à la texter en retour, c'était la crise d'hystérie ; ils me haïssent, ils veulent plus de moi, ils sont mieux rien que tous les deux- les appels en pleurs pour les supplier de l'aimer à nouveau. Et l'agressivité quand ils tentaient de lui faire entendre raison, de la convaincre d'arrêter.

Qu'est-ce que je fais là ? Les murs blancs lui semblent se refermer sur elle, dans les pires moments. Mais le manque qui la brûle vivante n'est pas le même que durant les derniers mois, non. C'est un vide affectif, une autre dépendance ; son corps et son esprit luttent pour se défaire de l'emprise de la drogue et son cœur émerge, réclamant sa came à lui : Maman. Minie. Fei la fée. Hiro. Issa. Yuta. Noam. Elle n'a même pas eu le temps de devenir amie avec Kae. Elle peut pas crever là, entre les murs immaculés qui saignent son esprit à blanc, étouffent l'énergie qui l'a toujours caractérisée. Elle est une ombre Mimi, cloîtrée dans sa solitude.
Bien sûr y'a le personnel et les autres toxico en sevrage, elle n'est pas réellement isolée même si son esprit hurle le contraire. Y'a même une infirmière trop adorable avec qui elle est devenue un peu amie, et qui lui apporte parfois des cadeaux de l'extérieur, en douce, pour lui donner un goût d'ailleurs, la faire revivre. Mimi se peint sur les lèvres un bonheur feint qui n'atteint pas vraiment ses yeux ; pour lui faire plaisir, la remercier. Il y a deux jours, elles se sont attelées à décolorer les cheveux de Mimi. Elle voulait être blonde, qu'elle disait. Ce qu'elle ne disait pas, c'est que c'était pour se fondre dans le décor ; disparaître entre les murs. Comme un fantôme.
Mais ça va un peu mieux. Chaque jour qui passe, elle aime un peu plus le reflet qui lui fait face à travers le miroir. Quand la détresse la submerge elle se fait des notes à elle-même. Journal de bord, Mimi la princesse junkie. Mois 5, jour 152, heure 3650. Mon astronef a quitté la trajectoire du secteur 9. Je me suis écrasée sur une étrange planète. L'impact a mis fin à mon hyper-somnolence. Le sol semble pour le moins...instable. Impossible de savoir si l'air est respirable et il n'y a pour le moment aucun signe de vie intelligente en vue. Et souvent aussi, elle adresse des mots bêtes, mignons, affecuteux aux gens qu'elle aime. Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit le nez des clubbeurs, je reviendrai. Vois-tu, je sais que tu m'attends. J'irai par le sevrage sans fin, j'irai jusqu'à l'acmé. Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. ça lui arrache un sourire.  

❯ ses parents ont rompu quand elle était un tout petit fetus pas beau. alors aecha n'a pas dit à minhyuk qu'elle était enceinte. elle s'est raccrochée à son bébé pour continuer d'aller de l'avant après la rupture, songeant parfois à lui annoncer qu'il était père, mais pas encore prête à partager sa fille. quand il est revenu dans les environs, parce que son jumeau, oncle jin hyuk, venait de sortir de prison, mh a saisi l'occasion de reprendre contact avec cha, essayer de recoller les morceaux. ils ont eu quelques rendez-vous et, une fois certaine que leur histoire allait marcher cette fois, elle lui a annoncé l'existence de mimi, pour qu'ils puissent l'élever ensemble.

❯ y'a un lien spécial entre sa mère et elle. c'est aecha qui est présente pour de vrai, qu'il vente, fasse soleil, grêle ou pleuve des licornes arc en ciel sur le balcon de leur petit appart ; que mimi soit sage ou qu'elle soit shootée. mais minie (son papa) s'est quand même ajouté à leur équation. elle avait cinq ans il est entré dans sa vie avec ses yeux qui sourient comme des croissants de lune et ses dents un peu crooked et ça a été l'amour fou. elle l'adore, c'est son héros. il habite pas avec maman ; ils sont ensemble mais vivent séparément. il est maladroit, parfois il oublie sa fille dans les magasins, et aussi il veut pas que mimi l'appelle papa, alors elle le surnomme minie. minie et mimi, qu'elle écrit sur le mur ardoise de la cuisine avec des petits cœurs et des ailes. il dit qu'aecha et mimi sont les femmes de sa vie ; mais certains soirs il ne vient pas les voir parce qu'il se bat avec des méchants dans les bas quartiers : c'est le batman des ring de boxe ! maman est en colère quand il revient amoché et, quand mimi était gosse, ça finissait systématiquement en dispute dans la cuisine. il partait en claquant la porte à en faire trembler les murs, parce qu'aecha refusait qu'il dorme à l'appart et que leur fille le voie "dans cet état". mimi, elle, se cachait sous le lit et se bouchait les oreilles en chantonnant des chansons inventées, et elle pleurait parce qu'il ne lui faisait pas son bisou de la nuit. maintenant qu'elle est grande sa mère est moins hyper protectrice à ce sujet, probablement aussi parce que le temps est passé sans que rien ne change et qu'elle s'est un peu résignée. c'est encore tendu lorsque les ecchymoses sont très visibles, qu'il a les yeux presque clos d'avoir enflé sous les coups ou le cartilage du nez en vrac, mais c'est cool parce que désormais maman le déclare assigné à résidence : interdiction de quitter l'appart tant qu'elles n'ont pas fini de le cajoler (pour mimi) et de le retaper (pour aecha). alors parfois il reste plusieurs jours et mimi est aux anges.

❯ petite, mimi elle voulait un carrosse. elle le voulait tellement, tellement fort qu’elle en a fait des caprices, tapant du pied et refusant de monter dans la voiture parce qu’elle n’était pas tirée par des chevaux. alors maman aecha a fait d’elle un baby rider, motarde en culottes courtes. mimi adore. la moto qu’elle a eue pour ses 19 ans lui fait office de monture. elle l’a appelée khan, comme le cheval de mulan, et à voir combien elle la bichonne (la bichonnait, avant l’hosto) on croirait avoir affaire à une créature vivante.

❯ mimi est végétarienne depuis une éternité. petite déjà, elle avait mal au cœur à l'idée de manger de la viande et pleurait facilement à ce sujet, parce que son esprit fertile faisait systématiquement un parallèle entre ce qui se trouvait dans son assiette et l'animal, vivant, gambadant dans les champs ou whatever. elle a appris à faire tout plein de plats, du coup, parce qu'aecha respecte son choix mais à la condition que son alimentation soit équilibrée et que sa santé n'en pâtisse pas. et mimi prend ça très au sérieux.

❯ mimi aime tout le monde et pourrait aborder n’importe qui, n’importe quand, avec ou sans raison. elle n’a que peu d’amis réellement proches, dont elle ne pourrait jamais se passer, mais elle connaît beaucoup de monde, de personnes avec lesquelles elle passe énormément de temps pendant un moment avant d’accorder son affection à d’autres, papillon insaisissable. le facteur, la voisine qui habite à trois rues de la sienne et qu’elle aide à s’occuper de son jardin... pour autant elle n’est pas “populaire” à proprement parler. au premier abord en la voyant, beaucoup la trouvent bizarre, trop bruyante, lui reprochent de manquer de tenue. soit à cause de sa complicité un peu beaucoup louche avec yuta et noam et des rumeurs qui viennent avec, soit parce qu'elle est trop imprévisible et que du coup, ils ont un peu honte à l’idée de traîner avec elle. ça s’est accentué quand elle s'est mise à fumer d'ailleurs, parce que de un ça puait grave, et de deux ça n'inspirait pas trop confiance. pourtant quand on commence à la connaître, difficile de ne pas craquer, parce qu'elle est vraiment attentionnée. peu importe cela dit : elle peut faire avec tout ça ; avec le fait que certains l’adorent mais que d’autres ne la supportent pas. l’antipathie de sa cousine kaede, par contre, n'a jamais cessé de la perturber, comme un déséquilibre dans la balance cosmique.

❯ elle adore noël, mimi… tout simplement parce que c’est une fête de famille et de partage. elle est déter dès la mi-novembre, à faire des tests de pâtisserie, à prévoir le menu, à commencer les décorations et pire : l’arbre. comme ses parents sont rarement là, elle invite ses princes adorés et quelques cousins à venir l’enrouler de guirlandes extravagantes ⎯ lumineuses, fluorescentes, tout dépend du thème de l’année (une fois elle a monté une immense pile de bouquins en forme d’arbre et les a décorés comme un vrai). dans le lot il y a systématiquement des guirlandes popcorn-cranberries, sa tradition, même si les autres passent la moitié du temps à grignoter ses réserves plutôt qu’à les enfiler comme elle le demande (tristesse).

❯ elle a longtemps insisté pour fabriquer main les cadeaux (et leurs paquets) destinés à ses proches. si bien qu’ils recevaient des objets franchement bizarres, pour ne pas dire hideux, dont il était difficile de déterminer la nature (d’autant plus qu’elle n’indiquait pas à quoi ils étaient censés servir). fait amusant, aecha parvenait toujours à déterminer ce dont il s’agissait, pour le plus grand plaisir de sa fille. à présent elle fait moins souvent dans l’artisanal, mais offre des choses qui sur le coup semblent sorties d’absolument nulle part ⎯ exemple : des talonnettes. et on a l’impression de s’être fait rouler, jusqu’à ce qu’on coince ses chaussures préférées dans une bouche d’aération deux jours plus tard et que les talonnettes reçues en cadeau s’avèrent exactement de la bonne forme pour réparer les précieux stilettos. lorsqu’on lui en parle après coup mimi rit juste avec délice et affirme que les extraterrestres ont dû lui souffler l’idée en rêve.

❯ tout bas ou à plein volume, elle aime la musique. quand elle en entend c’est plus fort qu’elle, il faut qu’elle bouge avec le rythme. chez elle, à des fêtes, dans la rue ; et si quelqu’un fredonne, elle s’y joint. mais pas que: quand elle apprécie quelque chose également, un bon plat par exemple, elle frétille littéralement de bonheur. quand elle était toute jeune elle n’avait juste aucun sens du rythme et se contentait de bondir partout comme un poulet sans tête en balançant bras et jambes sans aucun souci de cohérence ; jusqu’au jour où tante nuo s’est tenu l’arête du nez entre le pouce et l’index en marmonnant alors ça, ça va pas l’faire. elle a pris les choses en main et mimi a découvert ce que c’était de réellement ressentir la musique, de ne faire qu’un avec. alors souvent, quand elle déborde d’une énergie incontrôlable, elle saute partout et n’importe où, secoue la tête dans tous les sens sans réflexion ni complexes ; et parfois, lorsqu’elle est bardée d’émotions insaisissables mais intenses qu’elle peine à partager ou à décrypter et qui la laissent à fleur de peau, elle se réfugie dans une grande pièce avec des morceaux sélectionnés avec soin, pour expier tous les non-dits à travers des mouvements précis, aussi délicats que si chorégraphiés.

❯ très féminine oui, exception faite de ces moments (très fréquents) où elle nage dans des sweat ou t-shirts masculins deux fois trop grands pour elle, et pour cause : mimi est accro à tout ce qui peut l’entourer de l’odeur de yuta et noam et ne cesse, du coup, de leur piquer des affaires. dans la valise avec laquelle elle est partie à l’hôpital, elle n’avait quasiment que des fringues à eux. elle a pleuré à chaque fois que l’un d’eux passait au lavage pour la première fois et lui revenait sans leur fragrance toute personnelle. on lui lance parfois avec exaspération qu’elle n’a qu’à s’acheter leur parfum et basta, mais c’est incomparable. ça rend d’une certaine façon sur eux, c’est inimitable, et l’effet n’est pas le même quand elle récupère quelque chose qu’ils ont porté que lorsqu’elle badigeonne du tissu avec un parfum privé de leur identité. ce qu’il lui faudrait, ce serait deux flacons Acqua di Yutadoré Profumo et Noamour Boss Bottled Intense, mais armani et HG n’ont jamais eu la bonne idée de les créer. tiens, et si elle devenait parfumeuse mimi ?

❯ elle attend encore sa lettre de poudlard et aussi, elle est sûre qu'un jour des extraterrestres viendront les enlever, yuta noam et elle, pour les emmener vivre sur une étoile filante qui leur fera faire le tour de la voie lactée. allez savoir si ce sont des convictions authentiques ou si c'est juste la beuh qui lui a bien détraqué le cerveau.

❯ combien de fois elle a été renvoyée des cours pratiques pour avoir fait teindre sa blouse en rose ou voulu peindre sur le tissu blanc des fées et des tâches de couleur, histoire de le rehausser… mimi est cet ovni toujours affublé d’un serre-tête à oreilles animales ou d’une couronne de fleurs et qui, si on ne l’a pas à l’œil, ne manque jamais une occasion de vernir le bout des phalanges des squelettes de démonstration. ou de danser avec “pour ne pas qu’ils s’ennuient, tout seuls”. à vrai dire, elle a une passion un peu étrange pour les ossements (mais n’empêche, elle leur préfère quand même ses peluches. plus douillettes). plus tard elle voudrait participer à des enquêtes en tant qu’anthropologue judiciaire... faire parler ceux qui ne sont plus en mesure de le faire. choix influencé en partie par la frustration qu’éprouvait sa mère lorsque des criminels s’en tiraient faute de témoins à même de communiquer.

❯ avant, mimi, elle était une sirène, pour de vrai ! en dehors des heures de cours, elle travaillait à lotte world ; enfilait une belle queue aux écailles bleues et pailletées, une couronne de fleurs piquée de perles, un collier de coquillages, et passait quelques heures dans un grand enclos vitré. elle avait un rocher sur lequel elle pouvait s’asseoir pour chantonner et coiffer ses cheveux longs avec une fourchette, ou alors elle nageait jusqu’à la vitre et faisait des coucous aux humains, se laissait prendre en photo avec eux. l’enclos avait six mètres de profondeur, pour descendre jusqu’à un couloir souterrain constituant l’une des parties aquatiques du parc d’attraction ; alors il lui fallait plonger régulièrement et rester en apnée pendant trente à quarante-cinq secondes, pendant lesquelles elle nageait avec des poissons tout beaux, de toutes les couleurs, et explorait une fausse épave de bateau. même que parfois, fei la fée venait lui rendre visite. elle aimait trop ce job mimi, surtout que lorsqu’elle finissait ses heures sa queue de poisson redevenait une paire de jambes pour qu’elle puisse partir avec ses deux princes.

❯ c'était important, le boulot, parce qu'elle avait besoin d'argent mimi, tout le temps besoin d'argent pour s'acheter la poudre de fée qui permet de s'envoler jusqu'au pays des merveilles. avec ça elle vivait dans un rêve et tout semblait plus beau, mais... elle a cessé d'y croire. la réalité l'a rattrapée et elle pourra plus jamais voler. plus maintenant qu'elle connaît le cauchemar qui rôde à la lisière du rêve : les bad trips qui transforment son monde psychédélique, coloré et ingénu en une prison sombre et folle et inquiétante et puis, au moment d’arrêter, la descente qui la met sans un pire état qu'au départ, le manque qui s'accroche à son cœur comme des griffes d'arbres morts, l'angoisse qui lui tapisse les membres d’une sueur glacée, les convulsions, les tripes en vrac, les émotions anarchiques. quand elle a tenté les sevrages sauvages (j’te jure yuyu, c’est fini tout ça, j’arrête tout de suite, maintenant, pour toi, et on sera heureux comme avant, t’auras plus jamais à avoir peur pour moi), les contrecoup ont été tellement intenses et atroces que malgré toute la bonne volonté du monde, elle n’a pas tenu. a rechuté, inévitablement, à chaque fois. dès lors les sensations n’ont plus été celles d'avant, celles du début. le soulagement au moment de replonger était bref et trompeur. puis venait la terreur. et avec elle la honte, le dégoût et la certitude que ça y'est, cette fois, tous ceux qui comptaient la haïraient. y’avait la certitude de se haïr elle-même, surtout, et c’est devenu vraiment vraiment incontrôlable, vraiment vraiment inquiétant - alors ses proches ont opté pour une mesure concrète : un soutien médical.

❯ pour le sevrage, elle est isolée de ses proches. on l’a autorisée à personnaliser sa chambre, puisqu’elle y est depuis longtemps. y’a des petits mots partout sur les murs. certains adressés à elle-même (des leitmotiv pour tenir, des citations, des encouragements), qu’elle compte replacer dans sa chambre à la maison une fois qu’elle sera sortie. d’autres adressés aux gens qu’elle aime (tout ce qu’elle aimerait leur dire sans pouvoir le faire pour l’instant, tout ce qu’elle n’a pas su exprimer par le passé ; des je t’aime, clairs nets et indubitables, des excuses, des anecdotes sur ses journées, des espoirs maladroits : je sais que t’as été un peu triste à cause de moi mais quand je reviendrai sois pas le lama fâché qui crache du dédain amer stp ? plutôt le panda câlin pour rattraper le temps perdu, parce que sans tes bras je suis comme une licorne sans sa corne. j’t’aime !) ; ceux-là, elle compte les ranger dans de petites boîtes et les cacher chez les concernés. pour qu’ils les trouvent et aient un bout d’elle avec eux, toute cette parcelle de sa vie dont ils ont été coupés durant les cinq derniers mois.

❯ sa sortie de l’hôpital ne s’organise pas sans heurt. sa maman, à mimi, elle a une dent contre les addictions. ça lui rappelle grand-mère et l’alcool, alors elle s’est sentie trahie en comprenant à quel point mimi était devenue addict. coupable aussi, parce que dans une certaine mesure elle savait, voyait, mais s’était convaincue que c’était occasionnel ou au moins, sous contrôle. mimi, elle cachait ses réserves dans les ventres de ses peluches et profitait du fait que ses parents soient très occupés, très absents, pour minimiser à défaut de pouvoir leur cacher la vérité. et quand vraiment elle était dans un sale état, elle se glissait à travers la fenêtre de yuta ou noam et leur demandait, avec son beau sourire de gamine émerveillée, plus shootée qu'un ballon d'foot, de la couvrir. c’est le plus dur à encaisser pour ses parents, sans doute : la confiance bafouée. ça fait cinq mois, maintenant, qu’elle est coupée de tout le monde, et le manque d’eux s’est avéré plus douloureux que tout le reste.

❯ quand elle pense à retourner en cours, avec toutes les tentations auxquelles elle sera confrontée et les jugements, elle meurt un peu de l’intérieur. ça l’a jamais dérangée, les ragots, les “la vérité vous êtes ensemble tous les trois ? genre tu t’tapes pas juste ton bff mais aussi ton couz ??” c’était tellement pas très malin que ça la faisait rire et répondre “mais oui ?? même que parfois qulbutoké et pikachu se joignent à nous et c’est tellement la fête qu’il pleut des bonbons à travers le plafond, tu veux venir aussi ???”. c’était facile d’assumer sa proximité avec nono et yuta, facile aussi d’assumer la fumette, mais ce s’ra bien moins aisé d’être “la junkie qui sort de désintox”.  

je suis même pas partie longtemps finalement hein PTDRRRRRRR appelez-moi siwanita