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[JULIAN] Bordel + médiocrité + temps à perdre /// v2.0

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 [JULIAN] Bordel + médiocrité + temps à perdre /// v2.0


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(#) Sujet: [JULIAN] Bordel + médiocrité + temps à perdre /// v2.0   [JULIAN] Bordel + médiocrité + temps à perdre /// v2.0 EmptyMer 9 Aoû 2017 - 16:39
Je reposte ici car l'autre topic ne porte plus mon nom.

J'archiverais tous les nouveaux vavas sur ce premier post par nom si je venais à avoir le courage d'en refaire





Et je cite mon précédent poste dans lequel j'avais envoyé la fic.
Je spoil gros comme la lune avec une partie du casting à venir dans le prochain chapitre [JULIAN] Bordel + médiocrité + temps à perdre /// v2.0 3640195483 [JULIAN] Bordel + médiocrité + temps à perdre /// v2.0 3640195483 [JULIAN] Bordel + médiocrité + temps à perdre /// v2.0 3640195483


Graph


///




fic SW Judakja


partie 1 - partie 2 soon ;-))








Liane
chevalier jedi
Daghora
sénateur
Jamir
chevalier jedi
Fandral
seigneur noir des siths
Kim Reitoga
chevalier jedi
Sinestrae
seigneur noir des Sith
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(#) Sujet: Re: [JULIAN] Bordel + médiocrité + temps à perdre /// v2.0   [JULIAN] Bordel + médiocrité + temps à perdre /// v2.0 EmptyMer 9 Aoû 2017 - 16:40
année 19 ABY
Utapau


Les sirènes chantaient sourdement et les signaux d'alarmes venaient teinter les visages d'un rouge grenat au rythme des phares éthérins, redessinant les traits sérieux du fuyard encapuchonné qui courait à tue-tête, poursuivi par le spectre lumineux du néon de son sabrelaser. En un éclair, l'ombre sous la cape brune disparaissait derrière une trappe de maintenance, tandis que l'escouade de ses traqueurs faisait fausse route.

« Il a dû passer par là. Dépêchez-vous ! »

Le fugitif retenait son souffle, avachi dans les systèmes sous-sol, derrière la mince grille qui séparait son visage des lourdes bottes du peloton de ses ennemis. La garde de son arme en chrome poli entre les doigts, il comptait quelques secondes, alors que le bruit des pas pressés s'éloignait, avant de pouvoir envisager de se dégager de sa position d'inconfort.



Dans la petite cellule sombre et sans la moindre fenêtre vers le monde extérieur, le prisonnier attendait sur sa couche de fortune, les genoux resserrés contre sa poitrine et le visage las logé dans sa main paresseuse. Il avait été abandonné ici, toujours dans son riche habit de représentant galactique, et la fatigue sur son visage presque nonchalant trahissait la routine de sa position actuelle.
Jusqu'à ce que le sas de porte se déclenche dans un souffle bruyant.

« Sénateur Daghora ! »

Le captif redressa soudainement la tête à l'écoute de ces mots suggérés si sèchement.
Une silhouette encoiffée d'une pelisse sombre pénétrait dans le mitard qui lui servait de chambre, faisant bruire d'un son caractéristique les plis de ses vêtements trop larges et à la couleur si distinctive, comme le claquement de ces lourdes bottes sur le sol métallique.
Cet uniforme localement peu commun ne fit que confirmer l'identité de cette voix qu'il ne connaissait que trop bien. Et plus encore lorsque l'inconnu découvrait ses mains de ces manches si amples, libérant ses cheveux argent de la capuche qui masquait son regard ébonite souligné d'un trait de soufre comburé.
Et il sourit, comme libéré d'une inquiétude pesante.

« Daghora. On rentre à Coruscant. »

Leurs regards se croisèrent.
Un sourire empli d'une camaraderie secrète et ancienne fendit leurs joues à chacun, comme pour se féliciter de retrouvailles longtemps espérées. Mais ils le savaient : l'heure était sombre et l'endroit pas tellement propice aux grandes embrassades qui leur brûlaient les doigts.
Alors que le jedi détournait déjà ses pas, le sénateur brisait le silence, la voix tremblante d’une angoisse faussement dissimulée.

« Jamir, tu es venu seul ? »

Le guerrier en cape s’apprêtait à répondre, devinant pertinemment ce qu'il voulait savoir, mais une autre patrouille s'activait près d'ici.
Son attention s'en retourna au couloir duquel il venait dans une brève rotation de la tête. Et un regard lancé à l'intellectuel lui laisser deviner qu'ils devraient se dépêcher de quitter les lieux.

Le cadet Daghora bataillait pour courir à travers les étoffes de sa robe de haut-parlementaire qui s'enroulaient constamment entre ses tibias, et la tâche s'avérait quelque peu difficile à jauger pour le rebelle impatient, qui n'attendait que de rejoindre à la hâte le vaisseau avec lequel il avait amarré sur la base séparatiste.
A un croisement entre deux couloirs, le calme fut de courte durée et c'est aussi brusquement qu'inattendu que le jedi plaqua son camarade de renommée contre l'un des murs de la bifurcation. Sa main glissait le long de sa ceinture pour attraper son sabre, tandis que son autre index venait se poser sur ses propres lèvres pour signifier à l'érudit de ne pas faire davantage de bruit. L'air préoccupé, il tendait l'oreille alors que Daghora grimaçait d'incompréhension.
Un coup sec et aigu retentit, comme du métal battu.
Puis un autre.

Le guerrier baissait les yeux, constatant le bruit venir d'au-dessous.

« Arrête de faire ce genre de manières, Jamir. Je sais que tu me vois. »

Un léger sursaut d'étonnement vint faire relever les épaules du garçon à la cape, tandis que le jeune sénateur se ravissait à l'idée seule d'entendre cette voix qui lui était elle aussi si familière. A travers une petite grille au sol, la mine déconfite et stupide de Liane décrivait une moue affligée derrière la trappe de service.

« Aidez-moi à sortir, bon sang !
Qu'est-ce que tu trafiques ici ?
Je… On pourrait en parler plus tard ? Du genre, quand on sera en sécurité. »

Un sourire puéril et inconscient venait orner le visage de l'humain prisonnier de sa propre tentative de camouflage, alors que la garde impériale approchait d'ici. Pris par le temps, Jamir activait son sabre dans le but de trancher les plaques d'acier qui retenaient son frère captif. Et alors que le tube d’énergie pure et saphir faisait immédiatement fondre l'alliage sous ses bottes, il s'empressa de dégager l'accès et de tendre une main vers l'autre encapuchonné, qui se pressait alors pour remonter.

« Merci, frangin. T'aurais pu me couper en morceau, mais merci.
Je te ferais la peau une autre fois, Liane. J'ai besoin de mon pilote pour rejoindre le Sénat. »

Un sourire narquois aux lèvres, comme ces deux âmes qui s'aimaient autant qu'elles badinaient, ils s'adressèrent un rapide regard avant de repartir à pleines jambes en direction de la zone d’atterrissage.



Lorsqu'ils entrevirent finalement le bleu du Ciel par-dessus Utapau, le jeune savant gonflait ses poumons d’un air nouveau, dressé fièrement dans une posture des plus convenables malgré la poussière sur ses vêtements. Il posait sa main au-dessus de ses yeux, comme cherchant à l’horizon l’ombre d’un croiseur, dans une impatience presque émouvante et qui divulguait volontiers son trop jeune âge. L’aîné s’étirait grossièrement, se plaignant à l’occasion des courbatures qu’avait engendré sa pause inopinée, et Jamir ne tardait pas à repérer le sentier sur lequel ils avaient abandonné leur vaisseau.




année 19 ABY
Coruscant


Appuyé contre le rebord de sa terrasse joliment fleurie et décorée d'un mobilier largement au-dessus des moyens de la majorité de la population coruscanti, le sénateur Daghora plongeait son regard au loin, à travers les buildings qui ne laissaient transparaître l'ombre d'aucune végétation.
Les coudes posés contre la balustrade, les joues négligemment affalés entre ses mains, il rageait silencieusement contre sa nouvelle fonction. Trop jeune. Il se trouvait trop jeune pour faire partie du sénat galactique, trop inexpérimenté, trop loin de sa planète natale, trop visé par les rapts des forces séparatistes qui désiraient semer le trouble dans la capitale.
Il se sentait seul et sans défense, entouré de ces vieillards de parlementaires et des quelques mafieux des consortiums qui n'aspiraient qu'à s’enrichir plus encore. Par chance, sa fonction l'autorisait à s'entourer d'un ou deux gardes personnels dont l'identité avait été, pour lui, claire comme de l'eau de roche.

« Sénateur Daghora. »

Il sursautait, pas totalement habitué encore à ce genre d'intervention. Le regard jeté par-dessus son épaule, il se redressait à la hâte pour découvrir l'un de ceux qui hantaient jusqu'alors ses songes.

« Liane! J'étais en train de penser à vous. »

Un sourire définitivement plus rassuré se traçait sur les joues du plus jeune tandis que le brun restait sur le pas de la porte de cet immense logis, patientant qu'on l'autorise à entrer. Les mains jointes sous les amples manches de son manteau beige, l'échine courbée en marque de respect, il s'avançait finalement à tâtons dans l'antichambre.

« Approche donc, Liane. Je suis désolé, je n'ai pas tellement l'habitude de ces formalités. Nous avons toujours été amis. Fais comme si rien n'avait changé. »

Le plus jeune souriait, un peu gêné de la nouvelle tournure des entrevues qu'il pouvait avoir avec ceux qui avaient été ses compagnons, ses frères. Le ton impassible de l'aîné se détendait à mesure qu'il l'invitait à s'avancer, tandis que Dagho tentait d'adopter sa meilleure intonation, comme si cet orateur hors pair essayait de camoufler les quelques difficultés qu’il avait face au plus grand.

« Je suis simplement venu voir si tout allait bien. »

Parce qu'ils avaient toujours été amis et qu'il lui devait protection, qu'il le savait un tant soit peu craintif et que sa mission était de faire en sorte que tout aille pour le mieux. Mais en vérité, c'était aussi lui-même qu'il tentait de rassurer en cherchant toujours le sénateur du regard, dans la foule, bien inquiet qu'il disparaisse comme sur Utapau, ou pire encore. Et c'était là bien plus que son métier de garantir sa sécurité; c'était aussi un peu l'aspiration de son cœur.
Mais si son regard restait ferme et sa volonté solidement ancrée aux principes du code jedi, le sénateur lui devinait bien des faiblesses Et malgré ses timides intentions, il se savait son unique défaillance, et les limites semblaient bien trop alléchantes pour ne pas être franchies du point de vue de son jeune âge.

Alors, le plus jeune acquiesçait finalement, un sourire apaisé aux lèvres.
Il connaissait bien ces yeux remplis de doutes profondément dissimulés et se rassurait, quelque part, de ne pas être le seul à craindre l'instant. Il tendait donc la main à la recherche de la sienne et surprit le jedi jusque-là imperturbable.
Liane eut un léger sursaut de stupeur.

« Sénateur, je... »

Faute de réaction convenable, bien conscient que la passion était le premier pas vers le côté obscur, Liane esquissa finalement un sourire bienveillant avant de loger sa main au-dessus de celle de son cadet, et d'y déposer une missive liée d'une cire rouge qu'il cachait sous sa pelisse.
Ce fut à son tour de surprendre l’intellectuel, qui arbora une mine étonnée.

« De quoi s'agit-il?
La prochaine motion que le Sénat devrait voter fait beaucoup parler d'elle, et suite au malheureux événement d'Utapau, le Conseil a décidé de nous charger de ta protection. »

Le visage du gamin s'illuminait tandis que Liane découvrait un léger sourire, toujours dans l'obscure mesure qu'il adoptait envers son ami haut-placé —au Sénat, et dans son cœur, aussi. Malgré ce faciès contraint, ses mots, eux, se voulaient rassurant.
Et finalement, dans un élan de douce satisfaction, le sénateur venait délicatement joindre ses mains à celle du chevalier.

« Ainsi, nous serons ensembles. Au moins pour les prochains temps. »

Ce contact interdit avait finalement eu raison de leurs principes, et l’idée de se réconforter plus chaudement que par des regards n’eut le temps de leur traverser l’esprit tandis qu’on intervenait dans leur audience privée.
Quelqu'un s'éclaircissait la voix, et dans l'ombre du vestibule, une silhouette apparaissait.

« Pas pour le moment, en tous cas. »

Ils délièrent aussi soudainement leur douce étreinte, et dans une réactivité qui lui était toute naturelle, le grand brun faisait volte-face pour découvrir son binôme de toujours.
Les talonnettes de ses bottes claquaient sur le marbre froid de la grande chambre tandis que Jamir s'avançait vers eux, faisait sauter d'une main à l'autre un bout de parchemin scellé semblable au précédent.
Il s'inclinait légèrement face au sénateur qui lui rendait ses salutations dans cet éternel sourire béat et enfantin qui habillait inlassablement ses lippes rougies par la gêne.

« Que se passe-t-il, Ja?
Y'a du grabuge sur Mygeeto, mon frère. On vient juste de me remettre ça.
Qu'est-ce que tout cela signifie? »

L'aîné s'emparait du morceau de papier pour y lire les grandes lignes. Toujours impassible, il fut bien difficile pour le sénateur d'y deviner quoi que ce soit, bien que les nouvelles ne s’annonçassent guère réjouissantes.
Jamir patientait, les bras croisés, aussi stoïque qu'à l'accoutumé.

« Nous avons l'ordre de nous joindre au bataillon qui partira combattre la Confédération sur Mygeeto.
Mais je croyais que ma requête avait été acceptée.
Le Conseil m'a assuré que nous prendrons nos postes à notre retour sur Coruscant.
Faut-il vraiment que vous partiez? »

La nervosité du plus jeune était visible à travers ses yeux assombris par l'angoisse et ses poings fermement agrippés aux pans de sa tenue. Les deux combattants restaient calmes, habitués à ce genre de situation, mais Liane ne put s'empêcher de plonger finalement son regard dans celui du sénateur. Sans un mot.
A son tour, Jamir allait presser l'épaule du cadet, comme pour le rassurer.

« Daghora, c'est notre travail. Allons, nous sommes amis, et nous sommes revenus de chacune de nos missions. Fais-nous confiance.»

D'eux trois, Jamir était définitivement le plus assuré.
Et si son taux de midichloriens était légèrement au-dessous de celui de son frère jumeau, c'était sans appréhension et avec une confiance certaine qu'il entamait chacun de ses devoirs. Il possédait aussi ce fabuleux pouvoir de contenir chacune des émotions du plus jeune de la bande avec la seule force de l'indulgence de son regard.
Alors, ils souriaient tous. Et la première missive solidement serrée entre ses paumes, Daghora relevait finalement le nez, sa sempiternelle joie férocement peinte sur les traits de son visage encore chérubin.

« Tu as raison. »

Et ils auraient pu tous trois se regarder ainsi jusqu'à la fin du jour, mais une nouvelle intrusion vint perturber ce moment de fratrie silencieuse.

« Sénateur Daghora. On vous demande. »

Et celui-ci soupirait puérilement, comme lassé par ces programmes de dernière minute. Il s'inclinait poliment devant celui qui avait trouvé les mots qui le rassurait, avant de jeter son dévolu sur le plus vieux.

« Je dois y aller. Si on ne se revoit pas avant votre départ, tâchez de me rendre visite très bientôt. Je n'ai pas oublié ce que tu m'as promis, Liane. »

Le chevalier s’efforçait de lui sourire, mais les choses ne lui paraissaient pas si simples, au final.



Le sénateur avait quitté les lieux et l'immense appartement au très haut plafond avait retrouvé sa monotonie ordinaire. Le moindre mouvement résonnait à travers les murs en pierre polie, et ce fut le plus ingénu des deux chevaliers qui brisa le silence. Les poings serrés et la mine finalement assombrie, sa démarche coléreuse faisait danser follement sa cape derrière ses talons.

« A quoi tu joues, Liane? »

Son ton contrarié faisait s'élever sa voix à mesure que ses pas rageurs s'approchaient de celui qui lui tournait le dos. Inerte, chamboulé aussi, Liane semblait vide de toute émotion. Alors, lorsque l’autre lui fit finalement face, son expression irritée s'était tempérée face à l'embarras du plus âgé.

« Il n'y a pas de passion, il n'y a que la sérénité. Ne trahis pas le code des jedis, mon frère. Je m'inquiète pour toi, en vérité. »

Il y eut comme un moment d’hésitation.

«  Les jedis ne doivent connaître ni la colère, ni la haine—
Ni l’amour. Je sais.
Pourquoi le laisser espérer de la sorte, alors ? »

L’impatience se devinait dans le regard du plus réfléchi, tandis que celui qui laissait son cœur le guider détournait les yeux, l’air froissé.
En réalité, lui aussi espérait, secrètement. Mais il n’était pas question d’en dire mot, bien que les sens des jedis laissaient libre court à l’imagination de Jamir quant à la question, et c’est bien cela qui nourrissait son inquiétude.

« C’est un enfant, voila tout.
Vous ne pouvez pas continuer à agir ainsi.  »

Ils le savaient tout deux : l'attachement nourrit la passion, la passion nourrit le côté obscur. Et le peu de curiosité qu'avait Liane vis-à-vis dudit côté obscur lui faisait certaine fois croire que tout irait toujours bien. Mais ils savaient également qu'il n'y avait guère de place pour l’insouciance, bien que celle du troisième membre du trio ne leur facilitât pas la tâche.
Finalement, il se ressaisissait et jetait son regard dans celui de son double, comme frappé par un éclair de génie.

« Tu as raison. J'irai sur Mygeeto seul. »

Un haussement d'épaule, stupéfait, et Jamir eut un bref mouvement de recul.

« Tu resteras à Coruscant pour assurer la protection de Daghora. Ainsi, tu n’aurais pas à t’inquiéter de nos agissements.
Tu me demandes de désobéir au Conseil?
Je m'assurerais de mettre le Conseil au courant avant mon départ. Il n'est pas question de laisser le Sénateur sans défense. Et si l'un de nous doit partir, je veux que ce soit toi qui assure sa garde. »

L'autre se mordait la lèvre, visiblement fort peu réjouit du changement de plan. Même plutôt inquiet de laisser son ami s'en aller à l'autre bout de la galaxie pour une simple mission de démantèlement de soldats droïdes, il était néanmoins inconcevable pour Jamir d'avouer son appréhension à l'aîné.
Alors, il se dirigeait vers la porte d'où il était entré pour lui emboîter le pas.

« Bien. Je te félicite si tu réussis à convaincre le Conseil, mon frère.»

Il lâchait un rire faussement hautain tandis que le second allait suivre sa trajectoire pour quitter l'endroit.

« Au fait...
Quoi?
T’as vraiment promis ? Genre, pour de vrai?
Non. Il veut juste que je lui explique le fonctionnement d'un sabrelaser.
Hm... Intéressant. »





année 19 ABY
piste d'atterrissage coruscanti


A l'aube, Liane et Daghora étaient déjà assis sur la rampe d'accès du croiseur galactique qui décollerait pour Mygeeto plus tard. Le jour était calme. Leurs regards lancés hasardeusement se croisaient quelque fois, dévoilant une expression farouche sur le faciès parfait du plus jeune, tandis que celui au visage scarifié par d'innombrables batailles restait impavide et bienséant.

« La couleur provient du cristal contenu dans la garde, et la réflexion de toutes ses facettes projette l'énergie sous forme d'un rayon réprimé, tu comprends? »

Le chevalier se remettait sur ses pieds pour activer le faisceau lumineux et exhiber habilement, devant son cher ami, deux ou trois moulinets avec son arme qui n'en restait pas moins dangereuse. Plein d'une passion qui semblait inaltérable et d'une pureté singulière, Liane exécutait à la perfection quelques coups d'estoc pour fendre l'air pollué du vent qui soufflait doucement dans leurs cheveux. Puis il s'arrêtait soudainement, le sabre fêlant une dernière fois l'espace, tandis que son regard était porté loin vers l'horizon, comme triomphant d'une bataille invisible.
Le sénateur le sortait de ses chimères en applaudissant doucement. L'autre se redressait alors, laissant finalement tomber ses bras le long de son corps pour lui adresser un sourire affectueux.

« Je peux essayer? »

Surpris d'abord, le jedi ne put que rire bienveillamment en réponse à la question de l'enfant qui lui faisait face. Alors, il acquiesçait légèrement en le regardant se lever.

« Très bien. Approche. »

Sans qu'il n'ait eu le temps de même l'approcher, Liane attirait le gamin vers lui pour glisser entre ses doigts le cylindre en acier poli. Il gardait sa poigne fermement serrée sur sa petite main entourant la garde de son sabre, afin éviter tout faux mouvement de sa part, tandis que son corps se pressait derrière le sien. Son autre main se positionnait le long de ses côtes pour l’aider à mouvoir son buste, dans une mimique dépourvue de la moindre arrière-pensée.
Comme une danse belliqueuse, le chevalier le guidait doucement pour lui enseigner quelques saccades de joute, mais Daghora n'était plus préoccupé que par ses joues brûlantes vermeilles à mesure que le souffle de son complice se heurtait à ses cervicales dans le feu de l'effort.
Sans le moindre dessein, sur son ton le plus assuré, le sérieux du combattant s’attelait à opérer d'amples mouvements, jusqu'à ce que sa main remonte le long du poignet du plus jeune, l'incitant à soutenir le poids de l'arme par lui-même. Le sénateur poussait un soupire d'inquiétude et ses plaintes silencieuses trahissaient certainement le fardeau qu'il avait en main.

« C'est lourd, n'est-ce pas? »

L'aîné riait gentiment, jusqu'à revenir compresser son épaule contre celle de son compagnon afin de maintenir son emprise sur le sabrelaser. Le jeune parlementaire rougissait toujours, davantage gêné de sa position que de son indubitable manque de robustesse.

« Tu n'es pas très prudent, Liane.»

Daghora sursauta, mais Liane avait pu sentir sa présence depuis quelques temps. Et tandis que le jeune se retirait de l'étreinte du guerrier, il s'inclinait devant le nouvel arrivant, quelque peu embarrassé.

« Crois-tu que je serais devenu jedi si j'avais souhaité être quelqu'un de prudent? »

Il se tournait, scellant finalement le faisceau de lumière dans sa garde métallique, avant de découvrir son binôme appuyé, bras croisés, contre le croiseur tout proche.

« Est-ce que tu arrêteras ça un jour, mon frère?
Arrêter quoi?
Intervenir sans t'annoncer. »

Jamir riait bruyamment avant de reporter son attention vers le cadet, le ton rempli de trompeuses suppliques et d'une ironie presque médisante.

« C'est vrai. Pardon, monsieur le Sénateur.»

Celui-ci ne savait que dire, alors que l’impertinent attrapait le plus jeune sous son coude pour frictionner maladroitement sa chevelure châtain aux doux reflets vermillons. La confiance retrouvée dans des éclats de rire lascifs et fraternels, Liane se contentait de les observer se chamailler, le regard faussement consterné en secouant la tête d'allégresse.
Jamir claquait doucement sa main sur la mâchoire adorable de son ami sénateur, lui assurant un avenir meilleur dans un sourire verveux et empreint d'une positivité difficilement dissimulable. Lui, acquiesçait, les yeux clos, avant lui adresser un regard lumineux, qu'il reportait sitôt vers Liane qui lui souriait au loin.
Et soudain obscurci par le départ du jedi aux boucles aile-de-corbeau, la joie retrouvée de Daghora s'envolait encore, comme une poignée de poussière d’étoile.

« Où vas-tu?
C'est l'heure, pour moi. »

Le vent soufflait, renvoyant chacune de leurs petites âmes d'amis et enfants à leurs rôles respectifs. Le dernier-né s'agitait, galopant prestement jusqu'à celui qui n'attendait que le décollage de l'engin spatial. Et il stoppait sa course un peu trop proche de lui, refrénant avec difficulté l'irréductible idée de l'enlacer pour ainsi contrecarrer tous ces plans qui ne le réjouissaient gère.
Et face à son regard suppliant, le chevalier jedi ne put finalement qu'esquisser un sourire radieux.

« N'aies crainte, mon ami.
Liane, peux-tu promettre d'être prudent? »

Brisant ce doux moment, Jamir s'avançait en beuglant.

« Penses-tu que je serais devenu un jedi si j'avais voulu être prudent, et blah blah blah. Oui, on sait. »

Liane, d'un tempérament pourtant trublion et grotesque, semblait finalement se détendre. Un sourire aux lèvres, son regard fila vers son ami chevalier, dans un air de provocation qui leur était si commun et gentiment familier.

« J'aurais ta peau un jour, Jamir.
Je refuse de mourir avant toi.
C'est ce que nous verrons.
Oui. C'est ce que nous verrons! »

Ils se sourirent à travers ces coutumières boutades tandis que leurs poings s'entrechoquaient affectueusement dans un échange de clins d’œil intrépides.

« Je te confie Daghora. Promets-moi que personne ne lui portera atteinte. »

Celui aux cheveux d'argent hochait la tête en signe d'approbation, et le plus jeune s’immisçait, les yeux pétillants et la voix vibrante d’une tristesse qui durerait toutes les nuits, jusqu’à son retour.

« Nous ne craignons rien, ici. Toi, promets plutôt que tu nous reviendras vite. »

Il penchait seulement la tête, sans dire mot, détournant finalement ses pas vers le cargo céleste. Il ne souhaitait pas décevoir celui pour lequel son cœur se démenait. De sa vie, Liane n'avait jamais promis.
Et il ne le fit pas non plus aujourd'hui.

Alors, Jamir se portait garant.

« Il reviendra. Moi, je le promet. »




année 19 ABY
Mygeeto


Tous chaudement enroulés dans leurs châles de fourrure locale, le climat glacial de la cristalline Mygeeto avait affligé le moral des troupes dès leur arrivée sur la planète polaire. En mission d'assaut contre la confédération des systèmes indépendants, Liane s'était finalement détaché du bataillon avec seulement deux subordonnés armés de lourds blasters.
Traçant leur route à travers les quartz qui jonchaient le sol du globe de givre et d'azote, le paysage abrupt s'ouvrait finalement, au loin, sur la civilisation et le point de passage qu'ils chassaient depuis l'aube.
L'air plutôt enjoué à l'inverse des conditions climatiques, les joues et le nez rougis par le froid et un peu de gaieté, le jedi tentant du mieux qu'il put d'apporter une once de jovialité à son rattachement, qui semblait à mille lieux d'ici.

« Et le type rentre dans le bar, et vous savez ce qu'il dit?
La route s'arrête ici. »

Liane se retournait, le sourire encore chaleureusement accroché à ses lippes rosies par le froid.

« La route? Non, ça n'a rien à voir avec— »

Avant qu'il n'eut pu réagir, les tirs de blaster fusaient dans sa direction.
D'une habileté féroce, sa pelisse s'envolait et son sabre sitôt dégainé dans une mélodie aiguë, il déviait les tirs et désarmait aussi vivement que la Force le lui permit les deux soldats qu'il avait pensé être ses compères. L'incompréhension sur son visage peint d'engelures et autres cicatrices, il grimaçait d'horreur tandis que les attaquants fuyaient face au chevalier pétrifié par l'ignorance.

« Que se passe-t-il, ici? »

Comme si son discours lui était destiné à lui seul, songeant à haute voix, c'est non sans une certaine surprise qu'un nouvel arrivant se joignait à la joute pourtant écourtée.

« Je t'entend. Nul besoin de rester caché. »

L'un de ses pieds pivotait en arrière, dessinant un arc-de-cercle dans l'herbe couverte de neige ivoire. Son regard était jeté dans la même direction, là où ses sens sentaient le danger. Son air si impassible n'avait pas changé, et les flocons qui fondaient dans les creux de son visage détaillaient les sinueuses entailles sur sa peau abîmée.
Il plissait les yeux, cherchant du regard celui qui apparaissait finalement sous une cape ébonite, si noire que la neige en devenait plus blanche que blanche. Il n'y eut aucun regard ni aucune âme qui se dégageait de sous cette grossière capuche en étoffe ternie et écorchée par endroit, mais une main lourdement gantelée s'échappait de sous les plis du manteau obscur. Entre ces doigts mystérieux roulait le cylindre gris du manche d'un sabrelaser que Liane ne douta pas un seul instant capitonné de cristaux rouges.
Et il soupirait, presque rassuré par sa propre perspicacité, alors que dans un tintement sonore, un faisceau d'un éclat sanguin émergeait de la garde de celui qui s'illustrait alors comme un guerrier sith.
Un sourire hautain s'échappa d'entre les lèvres du jedi, bien indifférent à toute la menace que la stature de son vis-à-vis pouvait imposer. Alors, il joignait ses deux mains sur le pommeau de son unique arme, prêt à en découdre.

Sans trop tarder, ni l'un, ni l'autre ne semblant s'intéresser à un quelconque échange de bons sentiments, l'encapuchonné de noir se jetait le premier dans la bataille, le sabrelaser haut au-dessus de sa tête. Une feinte latérale permis à Liane de l'éviter, et il contre-attaquait immédiatement par une saccade de côté, là où l'ennemi avait baissé sa garde en visant si haut.
A son tour, il l'esquivait, et ce fut durant un temps plutôt conséquent que ces échanges de heurts faisaient claquer les lasers dans la plaine que le silence avait abandonné. Les souffles haletants et le bourdonnement des sabres étaient l'unique musique qui se jouait alors, et ce que le jedi avait imaginé comme une mission coutumière s'annonçait alors bien plus sombre.



L'accoutrement pénible du sith n'avait pas joué en sa défaveur, et l'avantage avait vite changé de camp. Le combat semblait durer des heures, et Liane, dont les mouvements étaient néanmoins plus fluides d'avoir abandonné son châle, devait endurer le froid mordant de la planète tellurique, contrairement à son assaillent qui gagnait en résistance malgré son habileté amoindrie.
Et si aucune conception ne fut assez forte pour retirer de son esprit cette étincelle d'assurance, c'est finalement une faute d'attention qui lui fit définitivement perdre sa seule opportunité de sortir vainqueur. Un coup bien placé fit lâcher prise de ses mains brûlées par le froid sur son unique arme. Son souffle entrecoupé embuait l'air autour de son visage et masquait ses yeux infiniment combatifs, alors que ses halètements bruyants chantaient comme un sombre requiem. Mais le gel qui mordait ses doigts l'avait rendu lent, et c'est finalement les mitaines en cuir noir du sith qui vinrent lui écraser les cervicales, le privant un peu plus de la respiration qu'il peinait à entretenir.

« Pourquoi…? »

La question laissait entrevoir un bref mouvement d’interrogation derrière la sombre capuche. Pas assez cependant pour entrevoir le visage de l'ennemi.
La hargne au bout des lèvres, la main agitée du jedi s'empressait à user de la Force pour faire léviter son arme dans sa direction. Lorsque la poignée en métal lui claqua entre les doigts, l'autre le désarmait aussi vite d'un térébrant coup à travers le cubitus.
Liane rageait un peu plus, camouflant la douleur derrière sa mine aussi sombre qu'impertinente, avant de cracher sa question, à bout de souffle.

« Pourquoi mes hommes m'ont-ils attaqué? »

Il resserrait son étreinte sur sa gorge, comme pour le faire taire.

« Réponds-moi, lâche! »

Une détermination absolue et à la limite du pitoyable au fond de ses yeux brillants, l'agacement gagnait le guerrier sith qui dressait finalement son arme, comme pour en finir.

« Sur ordre du chancelier suprême, tous les jedis, ennemis de l'Empire, doivent mourir pour leur trahison. Mais ça n’a aucune espèce d’importance, puisque tu vas mourir ici! »

Et c'était l'incompréhension la plus totale. Si l'inquiétude pouvait se lire sur son visage finalement touché par une douce stupeur, sa lucidité savait qu'il n'était plus en position de protester. Le froid avait comme gelé jusqu’à l’intérieur même de ses veines, et son corps alourdi lui semblait alors un fardeau bien conséquent. Il fermait juste les yeux, arrogant, avant de le provoquer davantage dans ce qui semblait être une ultime folie.

« Jamir t'anéantira, si ce n'est pas moi.
Jamir n'est déjà plus là. »

Liane tressaillait d'une moue affolée tandis qu'il comprenait l'étendue de la situation. Peut-être ses pressentiments étaient-ils fondés. Qu’était-il arrivé à Jamir ? Et Daghora?
Mais le sith s’impatientait, et le loisir d'y réfléchir davantage ne lui serait pas offert, sitôt que le laser grenat se logeait brutalement entre les côtes du chevalier de la justice, désormais grimées du même teint que celui de l'arme lumineuse.
Dans un dernier souffle d'espoir, camouflé derrière son faciès éternellement insondable, sa main mourante s'abattait sur le visage encapuchonné du seigneur obscur, retraçant à l'hémoglobine, sur les joues de son agresseur, la dernière ligne de sa vie parachevée hâtivement dans la neige et le sang. La détermination de ses yeux n'avait pas flanché, et tous savaient que la vie s'éteindrait avant elle chez celui qui avait été un jour un jeune prodige.
La lame écarlate finalement dépêtrée de son corps pâle et agonisant, le souffle court et saccadé par le flot de son essence qui teintait de rouge le beige de sa tunique, son cœur choqué et ses poumons malmenées abandonnaient finalement le combat. Son bras retombait alors nonchalamment le long de son corps sanguinolent, sans vie.
Son ultime et heureuse pensée décrivait sa dernière entrevue avec le jeune sénateur. Jusqu'à ce que la Force disparaisse.

Sur Corsucant, le sénateur Daghora se réveillait soudainement d’un terrible cauchemar, et son regard effrayé se portait vers le ciel pourtant paisible.
Sous ses yeux inconscients, une étoile s’éteignait.




année 19 ABY
Brentaal IV


Le front humide d’obscurs pensées, le sénateur respirait si fort qu’il en pressait sa main sur sa poitrine, comme alourdie d’un sombre fardeau. Les yeux entrouverts, presque larmoyants et pleins d’une surprise inexpliquée, son regard se portait vers le ciel, alors qu’un convoi armé l’escortait vers un endroit lointain d’une planète qu’il ne connaissait pas. L’esprit embrumé par ce nouvel enlèvement, un morose et amer sentiment envahissait ses sinus comme l’odeur cuivrée qu’il discernait alors dans les environs, lorsqu’ils s’arrêtaient près d’un lac qui s’étendait à l’infini, au loin, jusqu’au ciel peut-être.
Un individu encapuchonné d’un manteau beige était agenouillé près de l’eau, et Daghora ne tardait pas à deviner les larges épaules de son ami Jamir sous le châle aux couleurs jedi. Des gardes l’entourait, lui aussi, et une petite embarcation, sculptée dans un bois sombre, raffiné et blanchi par le gel de l’air, tanguait sur les remous agités du point d’eau qui givrait sur ses rives permafrost.

Dans un sursaut d’allégresse, à l’idée seule de revoir son ami devant ses yeux, il s’avançait dans l’espoir de le rejoindre, mais son escorte lui compressait les bras, comme pour l’immobiliser. Alors, dans une plainte enfantine, il s’exclamait finalement, un tintement d’espérance au fond de sa voix brisée par ces événements qui le fatiguaient.

« Jamir! Pourquoi nous ont-ils emmenés ici? »

Le cadet détournait ses yeux curieux de droite à gauche, comme analysant faussement les lieux. Cette planète froide et enneigée faisait frissonner sa peau autant que ses songes, et son regard avisé cherchait finalement du réconfort chez son ami qui partageait sa position actuelle.
Mais il ne répondait pas, la tête baissée derrière ses épaules affligées.

« Jamir… tu es venu seul? »

La même question qui laissait encore le jedi sans voix, sans réaction même. Comme sur Utapau plusieurs jours avant cela, le sénateur n’eut aucune répartie à sa question, et si un bref éclat d’espoir restait logé entre ses dents au sourire contraint, il mit un temps à réaliser qu’aucune situation cocasse ne viendrait entrecouper cette discussion qui n’avait aucune réponse.
Ses ravisseurs le poussaient en avant pour l’approcher de son ami, à l’échine si courbée qu’on en aurait pensé un vieillard, l’attention fixée sur le sol recouvert de neige. A ses côtés, le regard planté dans le même sens, le gamin, lui, jetait son dévolu sur le ciel, un sourire mélancolique aux lèvres.

« Liane ne reviendra pas, n’est-ce pas? »

Toujours aucune réponse, et ses yeux puérils se remplissaient de larmes de chagrin, silencieux.
Un court moment s’écoulait à travers le souffle du vent froid et l’ondoiement des vaguelettes qui faisaient danser la barque en bois noble. Et finalement, le jedi se relevait dans le bruit du froissement de sa pelisse, découvrant de sa capuche estropiée ses cheveux gris ternis et son ton nouvellement pâle et sinistre. Daghora n’avait pas bougé, comme figé par la tristesse de cette vérité difficilement dicible.
Impassible, le chevalier lui glissait finalement entre les doigts le cylindre d’aluminium que le jeune avait tenu entre ses doigts peu avant l’embarquement du défunt, coincé entre son affection inavouée et les épaules de l’ancien guerrier galactique. Et entre l’ivresse de ce souvenir soudainement si cher et la mélancolie de cette irrémédiable nouvelle, le cadet se tournait subitement vers Jamir dont il n’entrevit que le profil sombre et blafard, aux yeux creusés par la fatigue et les os saillants sur ses joues devenues trop maigres. Ses cheveux argentés d’ordinaire si brillants avaient viré à la couleur des cendres fraichement brûlées, et le noir de ses prunelles faisait ressortir les vaisseaux rouges et exténués du blanc de ses yeux.
Et finalement, sa concentration se reportait sur le pommeau du sabre inactif, retraçant du bout des doigts les courbes de l’instrument métallique que Liane avait effleuré cent, mille fois avant lui.

« Tu peux le garder. Il n’en aura pas besoin, là où il est désormais.»

Son cœur ratait un battement devant la vérité finalement prononcée à haute voix, comme si tout espoir était définitivement réduit à néant. De chaudes larmes venaient troubler la vision du plus jeune, tandis que l’autre s’approchait finalement du bord pour dégager la coque de la petite barque du gel qui l’avait lié à la terre. Le bois joliment décoré s’en allait sur l’eau, détaillant la houle qui reflétait le ciel nuageux.

« Tu avais promis, Jamir… »

Sa voix tremblante trahissait ses discrètes larmes tandis que l’autre détournait ses pas pour s’en aller. Ses bottes faisaient craquer la neige et sans s’attarder davantage, il répliquait.

« J’ai promis de le ramener, et c’est ce que j’ai fait. J’aurais aimé pouvoir m’excuser, mais le marché n’incluait pas de devoir le ramener vivant.»

En somme, c’était vrai. Alors, un haussement de sourcil, et l’un des soldats armés bandait son arc pour cibler l’embarcation d’un javelot enflammé à sa pointe. Lorsque la flèche touchait le bois, il commençait à se consumer doucement sur le lit du lac tranquille, sous la neige dont la fraicheur ne changeait rien à la course des flammes sur le corps endormi qui s’en allait rejoindre la Force.
Et lorsque le jeune sénateur eut compris, ses joues torturées par les pleurs se déformaient en un hargneux faciès, tandis qu’il tournait aussitôt les talons pour attraper l’épaule du jedi et lui faire faire volteface. Dans toute leur réactivité, les factionnaires l’attrapaient aussi vite pour le faire ployer, à genoux, mais le visage arrogant du jedi tournait déjà dans sa direction, trahissant la lame ardente de son sabre rougeoyant.et son autre profil à la joue tachée d’une empreinte de main ensanglantée. Entre stupeur et rage incontrôlée, le cadet se débattait naïvement face aux forces armées.

« Traitre! »

Si les faits étaient difficilement explicables pour Daghora, la réalité le frappait en pleine face. Toutes ces années à réprimander Liane sur les tabous du code jedi avaient finalement eu raison de lui, mais pas exactement de la façon dont ils l’avaient tous les trois imaginé.

« Qu’est-ce qu’on fait de lui ? »

Les pupilles bougeaient dans ses orbites, présomptueusement, comme méprisant ce gamin qui le provoquait sans la moindre vigueur. Dédaigneux, intouchable, celui qui avait abandonné son statut de jedi jaugeait le plus jeune, comme hésitant à lui porter le coup de grâce.
Finalement, ses lippes sanglantes de l’hémoglobine de son défunt frère s’étirèrent orgueilleusement. Et un sourire familier se dessinait sur ses joues, mais si Jamir y voyait une coutume familière, le cadet serrait les dents alors que ses larmes sombraient le long de ses lèvres enragées.

« Laissez-le. Liane m’a fait promettre que personne ne toucherait à un de ses cheveux. »

Il détournait finalement ses pas dans un souffle moqueur, laissant celui qui avait été son protégé dans la neige mordante, sur la planète où lui et son frère avaient vu le jour. Dans la direction opposée, le corps balafré de l’aîné rejoignait les légendes du passé dans un brasier radieux qui éclairait le ciel d’un millier de poussières crépitantes, comme pour remplacer les étoiles éteintes des jedis condamnés par l’ordre soixante-six.
Du moins, ceux qui n’avaient pas rejoint l’ennemi.





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