Il pensait pas se retrouver ainsi à l’aéroport, un message d’un ami sur son téléphone lui annonçant qu’il l’attendrait à Heathrow. Il avait donné pour les voyages Yuuki, le souvenir étouffant de son passé là contre sa cage thoracique. Mais Haneul l’avait forcé à partir, pour se ressourcer, et dans ses messages il y avait des menaces de le mettre dans une valise et de l’y envoyer de force s’il ne prenait pas cet avion. Un mois. Un mois loin de la Corée, loin de l’Asie. C’était parti de rien au début, des discussions sur Twitter, sur des forums, les difficultés des gens de sa communauté à vivre en Asie, cette envie de voir des nouveaux horizons, d’avoir un autre point de vue. Cette envie d’oublier aussi, d’enfin tourner la page, de l’oublier surtout. Alors il avait pris cet avion Yuuki, il était parti à Londres d’abord, quittant la Corée, Séoul, ses amis et une promesse de revenir en meilleure forme avec un sourire qui ne sonnait pas si faux et peut-être un peu moins de larmes au creux de ses yeux.

Et il ne s’y attendait pas Yuuki. Il ne s’attendait pas à rencontrer des gens si ouverts d’esprit, des gens qui lui demandaient comment il allait le matin et le félicitait quand c’était elle, et qu’elle sortait avec une jupe et du maquillage. Yuuki ne comprenait pas la différence mais l’appréciait. Assez pour s’ouvrir, assez pour rire, pour oublier, pour accepter de partir comme ça aux Etats Unis après deux semaines à arpenter le Royaume Uni. C’était facile. Facile de prendre un peu confiance en lui, enfin, de rire quand on lui proposait de poser, avant de s’étrangler en comprenant que c’était sérieux, de poser au final pour un magasine de mode, et d’en rire en voyant qu’il ne se reconnaissait pas. Facile au final de se retrouver assis là dans ce salon confortable, une tasse de thé fumante devant lui, un chat sur ses genoux tandis qu’il répondait à des questions pour un article, pour se présenter en tant que Yuuki, genderfluid, membre de la communauté LGBTQ+ de Corée et d’Asie.

« Trois moments clefs dans ta vie ? » C’était l’une des questions qui l’avait marqué. Une des questions à laquelle, il s’était appuyé un peu plus dans le canapé, ses mains se perdant dans la fourrure du félin sur ses genoux.

« Treize ans. J’ai fugué. Ma mère refusait de concevoir que parfois je n’étais pas un garçon et je me pensais capable de tout vivre. Après deux trois jours à dormir dehors, j’ai rencontré Haneul, mon meilleur ami. Il m’a ramené chez lui … On aurait dit qu’il voulait apprivoiser un animal sauvage, on en était pas loin. Je suis resté six mois chez lui, avant qu’il me renvoie à la maison. Il pensait bien faire, il savait pas … On savait pas. Ma mère a fini hystérique par ma faute, et mon père a fini par divorcer, m’envoyant en Corée sous la tutelle d’Haneul. »

« Tu penses vraiment que tout est de ta faute ?» Oui. Bien au fond de lui, il y avait toujours ce petit garçon qui pleurait amèrement la destruction de sa famille. Il y avait toujours ce petit garçon qui avait vu les voyages dans le monde disparaître et être remplacé par un père toujours occupé et une mère qui l’aimait un jour et lui lançait la vaisselle au visage le lendemain. C’était psychologique cette idée de se sentir coupable, il savait bien que ce n’était pas lui et toutes les séances chez le psychologue avait à peine pu atténuer cette idée de culpabilité qui le rongeait. Maman avait fini hystérique par sa faute et les menaces de mort était sans doute méritées. Papa s’était détourné de sa famille parce qu’il n’était pas assez bien pour lui, tout simplement.

« Non, peut-être ? Ma mère n’a pas supporté que son garçon puisse être une fille ou sans genre. C’est compréhensif … Le Japon, c’est pas comme ici, c’est pas comme l’Europe aussi. C’est très fermé. Les garçons doivent être forts, on en attend beaucoup d’eux. Je pense que ma mère qui a été élevé de manière très traditionnelle n’a pas pu l’accepter. Déjà le fait que mon père soit coréen avait fait désordre dans la famille, et le fait qu’elle n’ait pas de soutien de la part de mes grands parents lui pesait … J’étais juste la goutte de trop. »

« Tu lui en veux ? »

« Non … C’est des regrets plus … Pourquoi ma mère n’a pas pu m’accepter ? J’étais son enfant, sa chair … Pourquoi ma mère veut me voir mort ? Pourquoi elle ne m’aime pas. J’ai des regrets oui, j’ai voulu changer pour elle. J’ai été voir un psychologue depuis que j’ai treize ans, parce qu’elle me croyait fou, parce qu’elle croyait que ça pourrait se soigner. Elle m’aime toujours je pense. Elle aime juste cet enfant que j’étais avant. La façade. J’en veux limite plus à mon père … Il n’a pas essayé. Ni avec ma mère, ni avec moi … Il est juste parti, m’a dit que je serais avec mon meilleur ami, m’a envoyé en Corée du Sud, et depuis … Rien. »

Et il avait pleuré Yuuki, le sujet était sensible, l’absence de ses parents encore douloureuse, et l’idée de ne pas avoir été assez bien pour eux, pesante. Mais il avait continué, conscient que ces mots qui sortaient de sa bouche d’un anglais facile, rappel amer de vacances en famille quand tout allait encore bien, étaient importants, que de savoir qu’il y avait en Asie des gamins comme lui, qu’il pouvait servir de modèle autant que possible, lui ce gamin genderfluid qui ne s’était jamais laissé abattre par cette vie injuste.

« Deuxième moment ? »

« Mon arrivée en Corée. J’avais seize ans, mon meilleur ami m’a envoyé avec un plan ridicule à la recherche de mon lycée. J’ai sauvé un garçon là-bas en m’interposant dans une joute. J’ai gagné une migraine affreuse, sans doute un traumatisme crânien et un bon ami, Hansol. Je me suis rendu compte que changer de pays c’était pas aussi facile. J’étais déjà un peu à part au Japon, le garçon pas normal, et là à Séoul, j’étais l’étranger. Je me suis rendu compte que je m’affirmais plus à mon école à Kyoto qu’à Séoul où j’ai passé mon temps au lycée à faire comme si de rien n’était, à prendre sur moi et à juste être Yuuki l’étranger. »

« Et un dernier moment ? »

« Plutôt une personne. Sung Ho. Un garçon … Comment vous dites déjà ? Cis. J’ai joué à un jeu dangereux avec lui. Je me suis forcée à être une fille avec lui. Je l’aimais. Trop. Il m’aimait, peut-être pas assez, parce qu’il l’aimait elle. Il aimait Yuuki au sourire doux, à la personnalité un peu timide, et à la main délicate au niveau de son bras. J’ai tenu quasiment un an dans cette mascarade. »

« Tu ne le vois plus ? Il est parti en apprenant la vérité ? »

« J’en sais trop rien. Je lui ai avoué. Il m’a dit qu’il devait y réfléchir, ce n’était pas un non catégorique, j’avais de l’espoir. J’en avais tellement. Il a dit qu’il venait me voir, qu’il voulait qu’on parle. J’y croyais toujours, à cette idée qu’il accepte, qu’il m’accepte. Mais il n’est jamais venu … »

« Il avait changé d’avis ? » Un mouchoir lui avait été tendu tandis qu’il avait la gorge nouée à l’idée de parler de Sung Ho, de ce garçon qu’il avait tant aimé, tant voulu avoir à ses côtés, pour qui il s’était plié en quatre, même après tout ça, même après l’accident …

« Non … Il a eu un accident. Sa sœur est morte ce soir là, et il a fini amnésique. C’est stupide, mais je reste persuadé que c’est de ma faute. Si je lui avais pas dit … Après un an … Un an à tenter de l’oublier, je l’ai revu, j’y ai cru de nouveau. Mais il se souvenait toujours de rien. Alors j’ai décidé de tirer un trait. Je suis même allé jusqu’à refuser de le revoir, de le fréquenter pour l’oublier… »

Il aurait pu être heureux. La deuxième aurait pu être la bonne. Mais il avait couru après un homme qui n’existait plus que dans ses souvenirs, après un bonheur utopique qui n’existait que dans ses rêves. Il aurait pu être heureux. Assez pour pleurer encore amèrement ce choix de ne pas le laisser revenir dans sa vie, ce choix de l’oublier, de ne pas accepter ce bonheur. Haneul lui avait dit, il méritait mieux. Mieux que d’aimer un fantôme et de chercher à travers ses gestes, ses gestes ce garçon qu’elle avait tant aimé, qu’il avait tant aimé. Il méritait mieux que cet amour recyclé et son cœur aussi méritait mieux que de se faire du mal à nouveau.

« Et maintenant ? »

« Rentrer à Séoul pour début septembre … Refaire des photoshoots ? J’ai beaucoup aimé. Le Neko-café aussi, j’aime trop cet endroit pour l’abandonner … C’est un peu ma deuxième maison. Il s’appelle le Neko no Danshaku, hommage à Ghibli, je le gère avec Haneul, ça va faire cinq ans qu’il est ouvert ? On est situé à Hongdae on a plein d’étudiants qui viennent travailler c’est sympa … »

New York le quartier de Manhattan, Chicago, Los Angeles, il avait beaucoup voyagé en peu de temps, il ne remercierait jamais assez ses amis pour ça, et Londres avant, Edinburg aussi, il avait beau dire, il s’était fait à Séoul, et il avait envie de rentrer. Envie de revoir son meilleur ami, ses amis, envie d’être juste Yuuki à nouveau, de pouvoir sourire à ses clients, faire des dessins dans ses cafés, se cacher avec Min Hee quand le frère de celle-ci passait au café, d’embêter un peu Ho Chull aussi … Il avait envie de retrouver Séoul cette ville qu’il avait appris à aimer malgré tout. Puis vraiment juste être quelqu’un de normal, faire des photoshoots pourquoi pas, poser de temps en temps aussi, mais sa place était au café avec les chats.

« Et pour … »

« Je n’irai pas jusqu’à prendre les armes, je pense pas avoir l’étoffe d’un porte-parole ou quoi ce soit. C’est déjà énorme d’être interviewé de savoir qu’on va me présenter comme une des figures de la communauté mais … Juste être là c’est bien. Si je peux aider via les réseaux sociaux déjà c’est bien, après on verra … C’est déjà difficile de s’accepter alors faire accepter les autres … »

Etre un représentant de la communauté LGBTQ+ ça faisait peur. Surtout pour Yuuki, tendre Yuuki qui n’avait pas confiance en lui. Tendre Yuuki qui avait l’impression d’avoir été quelqu’un d’autres ces derniers jours, enchainant des photos pour un magasine, une interview, là où il était actuellement et des réunions, le rendant soudainement important lui qui ne l’était pas. Pas à ses yeux. Alors non, il n’était pas prêt à prendre les armes pour les gens de la communauté, non. Il n’était toujours que Yuuki au passé triste, aux parents peu compréhensifs qui n’avaient pas cherché à le comprendre. Yuuki au cœur meurtri d’avoir aimé un homme qui ne lui était pas destiné et que la vie avait fait oublié. Non il n’était pas fait pour prendre les armes au nom des autres lui qui arrivait déjà à peine à se défendre. Mais juste être là, donner des conseils autant que possible, leur dire qu’ils n’étaient pas seuls, il pouvait faire. C’était tout ce qu’il pouvait offrir Yuuki, juste ça.

Parce que Yuuki c’était qu’une personne.
Un peu différente des autres.
Pas un héro, pas un dieu.
Juste Yuuki, le barman d’un Neko Café.

il a grandi à kyoto, son père travaillant à l'université comme professeur de coréen ∞ il est bilingue ayant entendu du japonais et du coréen durant toute son enfance ∞ il se débrouille très bien en anglais à cause de nombreux voyages ∞ il collectionne les peluches ∞ il a un dressing a en faire pâlir plus d'un(e) et il est toujours au top de la mode ∞ il adore les chats et de ce fait adore son métier, il a d'ailleurs un chat, lady, une maine coon aux tons orangés ∞ il a une peur bleue des insectes ∞ il a beaucoup de tocs, et il ne supporte pas trop qu'on touche à ses affaires ∞ il aime être confortablement installé avec un chocolat chaud et un livre, d'ailleurs sans surprise il aime beaucoup lire ∞ son dada c'est le thé ∞ il a toujours aimé la neige ∞ il traine souvent dans son appartement en pyjama ∞ il aime les endroits calmes ∞ il a les oreilles ultra sensibles et l'oreille absolu donc il est assez peu à l'aise dans les endroits bruyants ∞ il est assez complexé ∞ il a fugué à treize ans de chez lui et il n'a pas remis les pieds chez lui avant six mois ∞ il ne parle plus à sa mère depuis qu'il a seize ans ∞ il est en Corée depuis sept ans ∞ il a fait des études pour devenir barista ∞ il ne supporte pas les gens saouls & il n'est pas fan de l'alcool ∞ il a le coeur sur la main ∞ il apprécie de porter des vêtements féminins & il aime suivre les tutos maquillages sur le net, par ailleurs il marche à la perfection avec des talons ∞ il change de couleur de cheveux selon son humeur ∞ il y a des jours où il voudrait ne pas sortir de sous sa couette ∞ en vrai il est gender fluid et il incarne une des figures de la communauté lgbtq+ en corée (et en asie aussi également) ∞ il a pris confiance en lui suite à un voyage en europe et aux usa après s'être remis longuement en question ∞ il est également modèle photo depuis peu, sa popularité sur les sns ayant augmenté depuis divers articles sur lui aux états unis ou encore dans les magasines anglais ∞ il est quelqu'un qui prone l'égalité sans aucun étonnement ∞ malgré sa récente popularité, il est resté cette personne douce, gentille et timide qu'il a toujours été

ceci est un partial reboot approuvé par flo lovely
donc clairement changement de tête, moment important dans sa vie qui l'a fait changer un peu (bcp) tout ça tout ça !
je vous finis ça dès que possible.
(sinon je garde mes rps no soucy là dessus, vu qu'ils se passent avant le changement majeur chez yuu, pour les liens on verra après mais il y aura du ménage je pense )

ah.
avant que j'oublie.
jvm