❯ 1983 ; c'est une histoire d'amour qui commence sur un air des pink floyd, alors que deux inconnus se rencontrent dans un bar étudiant. il est étudiant en économie, elle est étudiante en art. il étouffe dans son costume sans plis, chemise, cravate, chaussures luisantes. elle se moque de lui, fait voler sa crinière lila, résultat d'une de ses nombreuses expériences. ils se détestent, puis s'adorent, tombent amoureux, se marient et dix ans plus tard, ils donnent naissance à leur fille : yun ha.

❯ 1997 ; tu as 3 ans, et tu as le trac, la boule au ventre, tu te caches car tu t'apprêtes à donner ta première représentation au monde. tu es abandonnée dans cette jungle qu'on appelle l'école, seule, perdue au milieu de ces enfants qui crient, courent, te bousculent, se tirent les cheveux, et chahutent comme des petits sauvages. en classe, tu t'assoies à côté d'une autre fille, elle deviendra ta meilleure amie, soojeong.

❯ 2002 ; tu as 8 ans, et tu les observes, tu les épies, tu te lances, un pas devant l'autre. « je peux jouer avec vous ? » mais ils te regardent. le ballon roule sous le pied de l'un deux, ils rigolent, se donnent des coups de coude, et tu sens leurs regards moqueurs qui glissent sur chaque parcelle de ta personne. ça a toujours été comme ça, et pourtant, tu détestes toujours autant cette sensation. « les filles, ça ne joue pas au foot. » ils déclarent et le plus grand d'entre eux se baisse pour attraper le ballon, son sourire malsain brise sa gueule d'ange alors qu'il lance le ballon à ton visage. « voilà, je vais réparer ton affreux visage. » et tu t'enfuis parce que tu ne peux pas lutter.

❯ 2005 ; tu as 11 ans, et tu soupires lorsque tu dois faire face à la réalité : tu n'es pas dans la classe de ta meilleure amie. elle hausse les épaules et rejoint les autres élèves. elle est jolie, grande, et elle respire la confiance en elle. tout le monde veut être son amie. tout le monde veut être elle. et tu ne déroges pas à la règle. tu te retrouves de nouveau seule dans ce monde cruel : ils courent, crient, chahutent.

tu envoies des messages à ta meilleure amie, mais elle t'ignore. pourtant, tu la voies tous les jours avec ses nouveaux amis. c'est comme si vous viviez dans deux mondes différents, l'espace qui vous sépare s'agrandit, et bientôt, le seul contact possible est ton regard sur sa silhouette anguleuse disparaissant au détour d'un couloir.

tu te penches pour ramasser les verres qui ont éclaté sur le sol, tu les ramasses à mains nues, tu récoltes les souvenirs du temps où tes parents écoutaient les pink floyd, où ils s'aimaient plus qu'ils ne se détestaient, où ils étaient mariés, où ils se souvenaient qu'ils avaient une fille : yunha. ton père s'envole pour le canada, et tu n'as personne sur qui pleurer, mais tu oses un message, un appel au secours devant celle qui était ta meilleure amie, mais qui n'est plus qu'un fantôme de ton passé.


❯ 2006 ; tu as 12 ans, et tu trembles. tu serres les dents, alors que tu entends les échos de leurs rires contre les murs. tu soulèves tes pieds, roulée en boule sur la cuvette, pour devenir invisible. mais tu le sais qu'elles n'abandonneront pas. tu étais une proie et jamais tu ne deviendrais un prédateur. tu dois sortir, tu n'as pas le choix. mais quand leurs mains s'abattent sur toi, tu serres les dents, et tu ne leur offres aucune larme. les seuls mots qui traversent tes lèvres sont des supplications. « tu me dégoûtes. » tu le sais. celle qui était ta meilleure amie dégaine un feutre noir. « mais je vais te rendre un service et t'aider. » elle fait sauter le bouchon, et avance la mine vers ton visage, dessine des traits, puis elle fait signe à ses pions, qui dénudent ton ventre, révèlent tes sous-vêtements. et elle dessine des ronds, qui représentent ce que tu as en trop : des kilos. « c'est peut-être pour ça que ton père est parti. » elles te lâchent et tu ramasses ton sac et t'enfuis sans dire un mot.

❯ 2008 ; tu as 14 ans et tu gribouilles sur tes cahiers sans vraiment écouter. dans l'encre de ton stylo, des plumes de corbeau apparaissent, des scintillements dans la nuit, des cils noirs de faon, des brises parmi les branches. tu attends qu'elles soient toutes parties pour te changer, et tu enfiles ton maillot de bain. quand tu apparais aux regards des autres, tu sens les murmures, tu entends les rires, tu perçois les yeux plissés. tes formes affichées de leur façon la plus primaire. quand le cours est fini, tu te sens libérée. mais quand tu retrouves tes vêtements découpés, cachés au fond de la poubelle, tu sais que ton enfer ne s'arrêtera jamais.

❯ 2009 ; tu as 15 ans, et tu entres au lycée. « ta mère était-elle désespérée au point de vouloir faire un enfant avec un américain ? » tu baisses les yeux, tu sais que résister ne les excitera que davantage, tu sais que si tu hausses la voix, ils s'amuseront. un jour, il s'ennuieront de toi. tu disparaîtras comme un arc-en-ciel après la pluie, tu t'évanouiras dans l'inconnu, tu te fonderas dans la foule. ils oublieront ta différence, ils s'ennuieront de l'enfant issue d'un mélange exotique.

pourtant, quand tu es traînée dans les toilettes des filles, tu perçois les chapitres se suivre, mais tu n'en vois jamais la fin. « t'as toujours rêvé d'être un mec ? » et tu paniques un peu quand tu remarques les lames argentées d'une paire de ciseaux, alors qu'on appuie ta tête au dessus du lavabo, que le miroir te renvoie ton triste reflet. les mèches brunes volent, caressent tes joues, tombent en cascade, coulent au fond du lavabo, se noient dans tes larmes. « arrêtez ça. » et tout se fige. tu sens qu'on te lâche, mais tu restes paralysée. et tu cours, pour éviter ton destin.

il est là. au bout du couloir et tu sais qu'il te regarde, mais tu tournes les talons. tu ne sais pas à quoi il joue, tu ne sais pas pourquoi il agit comme ça, tu ne sais pas pourquoi il essaie de s'amuser avec toi, tu ne sais pas pourquoi il te déteste autant. pour vouloir te parler, il faut te haïr. il te poursuit, il te chasse et tu fuis le prédateur.

du bout de ton stylo, naît une silhouette féminine monochrome, une queue de cheval haute, une silhouette de mannequin, un sourire ravageur, une jupe en tulle noire et une chemise blanche ample. puis, il apparaît, et il s'apprête à faire un commentaire, mais tu l'arrêtes alors que tu fermes nerveusement ton cahier de croquis. tu y tiens bien trop, et tu ne veux pas le laisser y toucher. tes rêves méritent mieux que le caniveau. un autre mot manque de s'échapper de ses lèvres, mais tu le supplies : « ne fais pas ça, s'il te plaît. tu ne fais qu'empirer les choses.  » et tes jambes te portent loin de ton assaillant.


❯ 2010 ; tu as 16 ans, et maintenant tu es habituée à la présence de Han Ja. c'est encore compliqué de t'ouvrir à lui. tu es méfiante, tu attends le jour où il va te trahir. mais c'est lorsqu'il n'est pas là que tu perçois la notion de solitude.

parfois, les gens vous regardent et tu te demandes si tu mérites cette amitié. tu questionnes chacune des étoiles qu'il a allumé dans ton ciel d'horreur. tu te mordilles la lèvre inférieure, alors que tu l’entraînes dans une grande roue. lorsque vous arrivez en haut, tu passes ton bras en dehors de la cabine, comme pour décrocher la lune et lui offrir.  

❯ 2014 ; le jour de ses dix-neuf ans, tu fais honneur aux traditions coréennes, tu débarques avec ton vélo auquel tu as accroché des ballons multicolores, comme si tu voulais t'envoler dans la nuit. tu glisses une rose derrière son oreille, puis tu tends le paquet cadeau soigneusement emballé : un parfum. et quand tu vois son sourire naître, tu te mets sur la pointe des pieds et tu atteins sa joue où tu y déposes un baiser.

il t'aide à porter tes cartons alors que tu emménages dans ta chambre étudiante, un lit, un bureau, de la lumière, le wifi, trois colocataires avec qui tu partages la salle de bain et une vieille dame qui vous fait le petit déjeuner et le dîner. que du bonheur.

c'est la rentrée, le lendemain. mais il est 3h du matin et il a déjà reçu 52 messages, il en a au moins ignoré 34, mais il sait que passé la barre des 60, tu vas devenir sauvage. c'est comme ça que tu l'entraînes dans la deuxième face de Séoul. tu t'accroches à son bras et vous déambulez dans le marché, attirés par l'odeur délicieuse des fritures. tu l'appelles oppa, il t'appelle noona.

❯ 2016 ; tu voyages entre les métros, passant du fond de ta chambre-cagibi, cachée dans le placard du tatoueur, au fond de ta classe de stylisme. tu danses d'un pied à un autre, une valse nocturne. toujours en galère financière, tu perds du poids à mesure que tu arrêtes de t'alimenter pour payer ton logement. quand tes iris se posent sur trois boules de poils, leurs miaulements secouent ton cœur blessé, et tu te retrouves là, à les contempler.

le premier s'appellera yonggi, courage. ce que tu n'as pas eu lorsqu'on t'a humilié, ce que tu n'as jamais vécu. le deuxième s'appellera jabu, dignité. ce qu'on aura piétiné pendant des années, à tel point que tu n'en avais plus, ce que tu récupères peu à peu. le troisième s'appellera sarang, amour. ce que tu n'as jamais ressenti pour personne, ce que tu cherches à connaître sans savoir comment faire pour le trouver. ces trois boules de tendresse t'apportèrent et t'apportent plus que ce que la race humaine a pu détruire en toi. tu as décidé de sauver leur jeunesse, quand personne n'a pu sauvé la tienne.

tu harcèles toujours autant han ja, qui reste l'une des seules personnes avec qui tu es réellement toi-même, mais tu gardes l'habitude de faire profil bas. tu es une ombre qui glisse le long des murs de l'université, lorsqu'il est un soleil qui fait des sprints dans les couloirs.

vous êtes deux astres amis, vous courant après, vous alignant, vous éclairant, car si tu es la lune, il ne te rend visible que lorsque ses rayons passent dans ton sillage.

❯ Derrière l'écran ; je suis amour, gloire et beauté. je suis surtout amour, parce que niveau gloire, c'est pas encore ça. :nuu: et beauté, j'en parle même pas. j'habite à narnia, je parle le simlish, mes chaussettes sont blanches mais je vais les retirer parce qu'il fait beaucoup trop chaud je vous aime, vous êtes adorables et je kiffe déjà la communauté, et ça, c'est cool. et puis, han ja, t'es frais alors reste frais, ok ?   je dégouline d'amour sur vous, c'est rose bonbon, ça colle et ça part pas à la machine. c'est moi, bonjour.

Et le petit bout de code pour le bottin

Code:

[code]<span class="style1">✗</span> [b]KIM DAHYUN[/b] (Twice) ⟫ kim yunha[/code]