treize janvier quatre-vingt-quatorze.
« félicitations, c'est un beau garçon!
- un garçon? mais on nous avait dit que c'était une fille... »

ou comment la vie du petit jiahn démarra plus ou moins de manière bancale. sa naissance n'avait pas été voulue, mais elle n'avait pas été rejetée non plus. sa mère n'avait qu'une vingtaine d'années et son père n'était pas prêt à devenir père, mais les futurs grand-parents maternels avaient affirmé leur présence ; moralement comme financièrement. « on puisait notre bonheur dans tout ce malheur », comme sa mère n'arrêtait pas de répéter.
seulement voilà: préparer la venue d'un enfant sans conjoint avec ses parents pour seul soutient, un enfant qu'on avait identifié pendant des mois comme une fille, et au final, accoucher d'un petit garçon, ce n'était encore une fois, pas dans les plans de la famille. sa mère, fatiguée, n'avait même pas tenté de chercher un autre prénom: jiahn fera bien l'affaire aussi. l'argent manquant à présent pour tout racheter, il fallait bien faire face au début aux préjugés et oser sortir son garçon habillé de rose et de fleurs, préciser trois mille fois par jour que « non, ce n'est pas "elle" mais bien "il" » et faire la sourde oreille en entendant les gens commérer sur son fils « habillé comme une fille et qui n'a même pas de père ». jiahn, forcément trop petit, ne s'en rappelle que via les souvenirs que sa mère radote à chaque fois que le sujet revient sur le tapis.

vingt-quatre août deux mille un.
« jiahn? viens dire bonjour à ta nouvelle petite sœur! elle s'appelle gaïa. et ça, c'est ton nouveau père, luca: ils ne parlent pas très bien coréen encore mais ça viendra. ils viennent d'italie! »

ce n'est pas tous les jours que vous faites la rencontre de votre petite sœur qui a déjà quatre ans. et ce n'est pas tous les jours non plus que vous devez, du haut de vos sept ans, vous mettre à appeler pour la première fois quelqu'un "papa". encore moins lorsqu'ils n'ont ni le même sang que vous, ni la même langue maternelle. c'était dur, au début. jiahn était mal à l'aise, et ne pas se comprendre ce qu'il disait n'arrangeait franchement pas les choses. il ne comprenait d'ailleurs pas non plus comment sa mère avait pu tomber amoureuse d'un homme dont elle ne connaissait pas un mot de la langue qu'il parlait et le ramener ici en tant que mari et nouveau parent, sans même avoir demandé l'avis de son fils.
d'ailleurs en parlant d'elle, elle ne voyait rien et commençait peu à peu à l'abandonner, et ça, il en était hors de question. le petit enfant calme qu'il était n'avait plus cessé les bêtises pour se faire remarquer et crier pour un oui ou pour un non. non, il ne voulait pas manger de poulet frit aujourd'hui alors qu'il avait toujours dit que c'était son plat préféré. non, il n'avait pas envie d'aider sa sœur à colorier pour préparer un cadeau à donner à luca pour la fête des pères. oui, c'était lui qui avait cassé le vase que son "père" avait tout juste offert à sa mère et non, il ne l'avouera jamais. sept ans, c'est l'âge où l'on ne comprend pas tout, mais où l'on commence à se douter de certaines choses. pour jiahn, il s'agissait de sa place dans le cœur de sa mère. comment voulez vous qu'il reste premier maintenant qu'ils étaient passés de deux à quatre personnes sous ce toit? maudite soit gaïa. maudit soit luca. maudite soit sa mère. il les détestait tous.


trois décembre deux mille six.
« ce matin dans une petite ville du gyeonggi-do, un italien de trente cinq ans a trouvé la mort dans un glissement de terrain. l'homme s'était marié avec une villageoise il y a de cela cinq ans et avait par la même occasion décidé de venir vivre ici, en corée du sud. il laisse derrière lui deux jeunes enfants de neuf et douze ans. les pompiers n'ont pas encore... »

il a toujours lu dans les livres, que lorsqu'une personne meurt, elle ne meurt pas toute seule. elle emporte avec elle le moindre petit fragment de ce que sa présence a créé en son entourage en général. et jiahn l'aura appris à ses dépens. les années avaient passé, et les liens étaient toujours aussi invisibles avec sa famille qu'au premier jour, si ce n'est davantage. il ne faisait même plus attention à ce qu'il se passait, se contentait de répondre lorsqu'on lui parlait, et passait le plus clair de son temps dans sa chambre. et ses parents n'y voyaient que du feu. gaïa se donnait du mal pour rentrer dans la vie de celui qu'elle appelait "grand frère" depuis le premier jour, mais il n'en voulait pas ; il ne pouvait pas. l'accepter, c'était accepter qu'il n'avait plus rien de particulier à offrir à sa mère. l'accepter, c'était se rabaisser à "un" frère. "un" fils. pas "mon" fils. et il n'en voulait pas.
se renfermer ainsi l'avait rendu distant avec tout le monde, à l'école il n'avait pas énormément d'amis et tous les professeurs ne faisaient que parler de son « adorable petite sœur » qu'ils ont pu voir lorsque sa mère vient les chercher tous les deux à l'école. « tu dois prendre soin de ta petite sœur, hein? tu es son rôle modèle après tout. », « hey jiahn, comment va ta petite sœur? tu ne l'embête pas trop au moins? » même les autres ne se préoccupaient plus de lui. certains de ses amis venaient à la maison et finissaient par jouer avec gaïa plutôt qu'avec lui. fatiguant. juste fatiguant. mais le jour où luca est décédé, tout a changé.
comprendre à quel point sa mère avait aimé luca en la voyant aussi malade face à sa disparition et réaliser qu'au final, gaïa se retrouvait comme lui, sans père, lui avait fait ouvrir les yeux. sa mère avait besoin de lui. gaïa avait besoin de lui. sa famille avait besoin de lui. il s'était habitué sans s'en rendre compte à vivre avec luca en tant que pilier de la famille ; maintenant qu'il n'était plus là, tout s'était effondré. luca était parti, et jiahn s'était détesté un long moment pour avoir réalisé tout ça de cette manière. l'italien avait été quelqu'un de bien, après tout. il ne l'avait jamais forcé à l'appeler "papa" ou à lui parler, comprenant bien qu'il était difficile pour un petit garçon de son âge d'accepter de nouvelles personnes dans son espace personnel ainsi. il n'avait aucune raison valable de le détester, vraiment. le seul idiot détestable dans tout ça, c'était lui-même.
aujourd'hui, jiahn appelle luca "papa" et gaïa est "son adorable petite sœur". tout est bien qui finit bien... bien que trop tard aux goûts du jeune homme qui s'est, à partir de ce jour, promis de ne jamais laisser tomber sa famille.

treize janvier deux mille sept.
« mon jiahn! joyeux anniversaire, pulcino mio. je suis fière de toi, et de tout ce que tu as fait jusqu'à aujourd'hui tu sais? j'espère que cette nouvelle vie à séoul te plaira autant qu'elle me plaît déjà énormément. »

après avoir fait les démarches nécessaires, la petite famille avait décidé de bouger sur la capitale pour pouvoir placer les enfants dans de bonnes écoles et les voir grandir le mieux possible. « comme l'avait toujours souhaité luca », lui avait dit sa mère un jour. ainsi, il s'était mis à travailler dur pour ne pas finir trop à la ramasse, et cette nouvelle force l'avait rendu très touche à tout et ouvert à ce qui l'entourait. depuis ce jour, il n'a pas quitté séoul et tente du mieux qu'il peut de garder son image du grand frère parfait pour gaïa, qu'il aime de tout son coeur, et sa mère, qu'il veut rendre heureuse.

divers: bien obligé d'apprendre l'italien, il avait pris sur lui même en exigeant vouloir apprendre en même temps que sa mère, histoire de ne pas passer trop de temps seul avec luca. aujourd'hui il est bilingue. ㅡ à force de vouloir s'essayer à tout, il a des bases en guitare, en piano, en basse et en batterie, mais il n'est expert dans aucun de ces instruments et aujourd'hui, il ne fait plus qu'un petit peu de basse. ㅡ il est fan d'astrologie et d'histoires sur le surnaturel, bien que ça lui foute la trouille malgré lui. ㅡ il aime passer son temps à visiter des expo dans des musées, et s'est trouvé dernièrement un intérêt pour la mode et le commerce de produits de luxe. ㅡ à force de trop s'occuper du bien être de sa famille, il a fini par se négliger. du coup, jiahn n'a pas beaucoup d'ambitions dans la vie et en grandissant, il s'est rendu compte qu'il n'a même pas de rêve propre à lui sur son futur personnel, à part faire en sorte de garder sa famille heureuse. ㅡ il a deux permis: le permis voiture, et le permis moto. ㅡ il ne demande que très peu d'argent à sa mère, il sort tout de sa poche sauf niveau études, où là, il s'agit de l'argent économisé par sa mère et ses grands-parents. ㅡ même s'il ne bouge pas énormément, il aime beaucoup faire du sport tels que le badminton ou la randonnée (les coréens aiment faire des sorties en famille de ce genre, à escalader une petite montagne ; il n'y a pas échappé mais ça ne le dérangeait pas plus que ça au final visiblement). ㅡ il s'est acheté il y a de cela quelques mois un appareil photo plutôt conséquent, et de ce fait, il s'essaie à l'urbex (même s'il n'en a fait que deux fois pour l'instant).

côté études: s'il est en histoire de l'art aujourd'hui, c'est parce que luca avait ramené un soir des livres sur l'histoire de l'italie et l'art italien pour montrer à sa mère et lui comment était le pays d'où il venait et à quoi ressemblait leur culture. sur le coup, il n'avait rien voulu entendre par pure fierté, mais il ne s'était pas gêné d'aller récupérer les livres un peu plus tard, bien trop curieux et finalement, très intéressé. même s'il est véritablement tombé amoureux de l'italie, il n'en reste pas moins davantage passionné par l'histoire de l'art de la corée et plus particulièrement de l'art bouddhique qu'il apprécie énormément. ㅡ faire partie d'une famille recomposée et coréano-italienne l'a rendu ouvert sur le monde qui l'entour et de ce fait, il adore les langues. il n'est pas un pro là dedans à part pour l'italien, mais pour notamment pouvoir s'améliorer dans ses recherches pour la fac, il s'essaie à l'anglais, au français, et plus récemment au sanskrit.

côté coeur et relations en général: même si ses liens avec sa famille se sont rétablis, il n'a rien pu faire au niveau scolaire. il a certes un certain entourage, mais il ne considère pratiquement personne comme son véritable ami et cet écart s'est davantage creusé en rentrant à l'université. il n'aime pas ça et tente du mieux qu'il peut de s'intégrer, mais quand on est awkward, ça prend pas mal de temps (sauf s'il a un coup dans le nez mais ça, faudrait déjà qu'il se fasse inviter aux soirées étudiantes et tout le bordel). ㅡ jiahn a tellement du mal à exprimer ses sentiments, que lorsqu'il essaie de faire comprendre à quelqu'un qu'il apprécie sa compagnie, il finit toujours par s'embrouiller tout seul et la personne finit toujours par s'éloigner de celui-ci parce qu'elle comprend de travers ce qu'il essaie de dire. du coup, il a laissé tomber pour l'instant de se rapprocher de qui que ce soit et se contente d'avoir de simples connaissances. ㅡ si les gens ne savent pas se décider sur son caractère, c'est juste parce qu'il tente de s'adapter à son interlocuteur et son entourage sur le moment. certains n'aiment pas les gens trop sérieux, alors il joue le type ouvert et bruyant. certains aiment le calme et rester discret, alors il se contente d'être là physiquement et en profite pour travailler ou lire un livre tranquillement. il veut plaire aux gens pour avoir le moins de problèmes possible (il en a eu assez dans son enfance). il n'est pas si introverti que ça, il faut juste lui donner du temps pour lui permettre de s'ouvrir et d'être lui même: il a beau avoir vingt-trois ans, il ne se connaît toujours pas réellement finalement. ㅡ il est tellement crédule, qu'un matin lorsqu'il avait environ 16/17 ans, après une soirée bien trop arrosée pour son âge où il s'est réveillé dans le même lit qu'un mec, lorsqu'on lui a dit qu'ils avaient couché ensemble il s'est mis à paniquer et s'est enfermé dans la salle de bain pour tenter de se calmer et se dire que « non, le sexe sans sentiments pour une première fois ce n'est pas si dramatique » et « oui, aimer les garçons ne veut pas dire qu'on ne pourra pas avoir des enfants plus tard ». au moins, quand il a appris la vérité, vous vous doutez bien du soulagement que ça a créé. ㅡ il est tellement gentil et ne sait plus dire non aux gens depuis bien longtemps qu'il a accepté de sortir avec une fille en première année de fac et de finir par coucher avec, marquant ainsi sa vraie première fois avec quelqu'un, pour ne pas lui faire de mal. au final, c'est lui qui a été blessé lorsqu'elle lui a dit qu'elle ne l'aimait pas tant que ça finalement et qu'il valait mieux pour eux de rester amis. ça ne l'a pas empêcher de garder en effet contact avec. ㅡ il est très charmeur et même si peu de gens le connaissent vraiment sous cet aspect, il aime se faire désirer et tourner autour du pot, étant donné qu'il sait d'avance qu'il n'offrira rien qu'un certain jeu à la personne qu'il a pris pour cible (il a beau avoir perdu sa virginité de façon débile et facile, il n'en reste pas moins fleur bleue sur les bords et s'est juré de ne plus faire la même erreur. au moins, on ne peut pas le traiter de puceau...). ㅡ sa sœur représente beaucoup à ses yeux et il a fini par l'aimer de tout son cœur comme s'il n'avait jamais éprouvé de sentiments négatifs à son égard.

bonjour bonjour! naho., 21 ans, une vie pas très intéressante donc on fera sans    ça fait un petit moment maintenant que je n'étais pas revenue sur forum mais parfois ça fait du bien d'avoir un petit lieu où se vider l'esprit et où passer un bon moment!   j'suis un peu rouillée et j'sais franchement pas quoi faire de jiahn (déjà que de base j'hésitais entre jin et sik-k, c'est pour dire à quel point je viens en touriste quand même.........) mais ça viendra, j'ai foi en moi!!