☆☆☆ Début de soirée, démarche chaloupée. Le MC de la Seoul National University décida de quitter la radio un peu plus tôt, désireux de profiter des festivités de la kermesse en toute sérénité. En ce début de soirée, l'atmosphère se voyait pourvue d'un enchantement inexprimable, arômes de fruits et parfums sucrés sillonnant les airs, comme une mélopée silencieuse qui exaltait les sens. Et Ja adorait ce genre d'ambiance. Tout particulièrement lorsque les cieux s'apprêtaient d'un joli manteau d'étoiles, petit monde lacté éblouissant les enfants, les solitaires et les amoureux. La deuxième constellation ne tarderait pas à se dessiner d'ici-là et, à en croire la Grande Ourse qui scintillait déjà, il s'agirait de la croix du Cygne. Ainsi, il lui tardait de voir celle du Verseau, et bien évidemment de reconnaître Sadalsuud, l'étoile sous laquelle il était né, étoile du treize février : Beta Aquarius, la plus brillante de sa constellation.

La nuit se dessinait sous ses yeux souverains, alors que le charismatique Han contemplait l'empyrée d'un silence adorateur. La bulle dans laquelle il flottait l'expulsa progressivement de la petite euphorie générale que provoquait la kermesse, comme s'il se consacrait entièrement à son rendez-vous habituel avec les astres. Et c'était vrai. Rien ne saurait chambouler l'harmonie de son esprit, ce soir. Les pieds sur le bois des planches du banc, les coudes appuyés sur ses genoux fléchis, il finit par se perdre dans ses pensées, ses longs doigts fins s'entrecroisant entre eux lorsqu'il reconnut finalement Orion, le sablier.

❀❀❀ Enivrée par l’atmosphère festive de la kermesse, constamment forcée de se décaler pour ne pas gêner quelque inconnu sur son sillage hasardeux, il lui faut attendre une petite dizaine de minutes avant de pouvoir se procurer une pomme d’amour - à peine s’est-elle reculée que le sucre s’accroche à ses doigts, le parfum du bonbon envahissant ses narines en quelques douces bouffées. S’éclipsant discrètement après avoir remercié les tenanciers du stand d’un fin sourire, elle sort de son sac son exemplaire d’ari & dante pour le feuilleter en grignotant sa pomme, graduellement moins attentive au bruit alentours ; guidée par le flux des élèves et autres citoyens naviguant sur le campus, elle parvient non sans difficulté à ne bousculer pratiquement personne (néanmoins désagréablement collée à différentes personnes). Après quelques poignées de mètres à se perdre dans une nouvelle foule, la petite firestone se détache des masses malgré tout morcelée des participants aux festivités, s’excusant en sentant ses chaussures buter sur quelques autres.

C’est en regardant autour, désorientée par la surpopulation, qu’elle finit par apercevoir un visage familier, plus isolé que les autres – ses cils papillonnent dans l’hésitation, avant que son regard ne suive inexorablement le tien fixé, sans surprise, en direction de ces chères et mystérieuses étoiles. Par habitude, l’esquisse d’un sourire trace un trait léger sur le visage de la plus jeune qui, dans un excès de confiance, laisse ses pas discrets la guider plus près du banc. Quelques bases lui permettent de reconnaître la constellation d’Orion en levant les yeux et en scrutant le ciel, alors qu’elle s’appuie timidement contre le bois. « orion est l’un des personnages les plus atypiques de la mythologie. » elle souffle à peine, peu désireuse de brouiller la quiétude de ta soirée – mais incapable de se taire. « tellement qu’il existe trois versions de sa mort. » son sourire s’approfondit, sans que ses yeux ne quittent la voûte céleste. Elle sent déjà l’émoi tacheter ses joues de pétales rouges et les ailes qui l’avaient poussées à s’approcher s’effritent à mesure que les secondes s’écoulent. « la première est qu’apollon a poussé artémis à le tuer d’une flèche. Elle a placé son image dans le ciel avec ses chiens, sirius et procyon. » regard furtif dans ta direction, ses doigts s’accrochent à son livre. « est-ce que tu connais les autres versions ? » un rire léger agite ses épaules – autant dire qu’elle en serait agréablement surprise.