Seajin n’a jamais compris pourquoi le sort s’acharnait sur elle.

C’est à Séoul qu’elle vit le jour, par une journée glaciale où sa mère aurait accouché seule, si sa meilleure amie n’avait pas été là pour lui tenir la main. Son père était parti depuis quelques mois déjà, une dispute violente qui avait eu raison de leur patience à tous deux. Mademoiselle Lee avait décidé qu’elle élèverait certainement mieux son enfant seule qu’avec un coureur de jupons, et Saejin n’aurait jamais pu lui reprocher ce choix… Cela dit, si sa mère avait pu éviter de tomber amoureuse d’un autre homme par la suite, la petite fille aurait certainement été plus heureuse.

Sa mère ne s’était jamais mariée : ni à son père, ni au beau-père qu’elle lui imposa lorsqu’elle eut six ans. C’était un avocat sévère, divorcé depuis peu, qui avait lui-même un fils, de neuf ans l’aîné de Saejin. À quinze ans, le lycéen était promis à un avenir brillant, une carrière élitiste à la hauteur de son héritage paternel. Bref, un gamin imbu de lui-même qui se pliait en quatre pour satisfaire les attentes démesurées de son père. Attentes qu’il imposait également à Saejin. Les années passant, la petite fille nourrit une haine démesurée envers sa belle-famille, jusqu’à ce que la seule vue de son beau-père la fasse frémir de dégoût.

Saejin avait l’esprit extrêmement vif. Mais si la pression exercée par l’avocat sur le travail de sa belle-fille lui permit de sauter deux classes, une telle réussite fit d’elle la cible parfaite pour les moqueries de ses camarades. On le sait, les enfants sont vicieux. Les années de collège de l’adolescente furent un véritable calvaire ; des menaces, des humiliations, des coups répétés. Et Saejin n’était même pas foutue de se défendre. Plus que la peur, la haine devenait incontrôlable. Elle voulait tout envoyer chier. Elle s’enfermait dans une colère sourde, révoltée par l’attitude de sa mère qui, n’osant pas s’opposer à son conjoint, se contentait de lui sourire doucement, d’un air presque désolé. « C’est qu’une mauvaise passe » disait-elle.

Alors Saejin attendit. Les lycéens ne furent pas aussi cruels avec elle, c’était vrai. Comme si les gens gagnaient en maturité d’un seul coup. Comme s’ils réalisaient à quel point il était idiot de s’acharner sur quelqu’un. Mais lorsqu’il fut question de son orientation, elle comprit que les choses n’allaient pas s’arranger. Non, elle ne voulait pas faire médecine. Elle n’avait aucune envie de se lancer dans le droit non plus. Mais elle savait bien qu’elle n’aurait pas son mot à dire.

Alors, pour la première fois de sa vie, elle décréta qu’elle ne laisserait plus personne décider à sa place.

Un jour, peu après l’obtention de son diplôme, elle ne rentra pas à la maison. Cette fois, elle se dirigea tout droit à l’université. Grâce à sa bourse d’études elle s’inscrit en Langues Étrangères, pour étudier l’anglais, le français et le chinois. À ceci s’ajoutèrent le japonais et l’espagnol, lorsqu’elle passa en deuxième année. Une amie l’hébergea dans un premier temps, avant qu’elle soit capable de louer un studio par ses propres moyens, en accumulant les petits boulots.

Son premier voyage à l’étranger la marqua particulièrement : elle se rendit en France le temps d’un semestre pour achever sa troisième année de fac. Là, elle découvrit le franc-parler européen qui la choqua autant qu’il la fascina. C’est dans cette société décomplexée qu’elle apprit à se connaître et à se construire. Elle se découvrit rapidement tout un tas de passions futiles sur lesquelles elle ne s’était jamais attardée en Corée. Elle lança alors son propre blog « U Go Girl », où elle multiplia les articles mode, makeup et lifestyle. Ce qui n’était à l’origine qu’un hobby s’avéra un véritable échappatoire pour la jeune fille, une façon pour elle d’oublier ses problèmes, de dépasser l’image trop stricte qu’elle traînait avec elle depuis l’école primaire.

Un hobby, un échappatoire, et puis un véritable business, deux ans plus tard, lorsqu’elle passa un an à New York dès la fin de ses études. Elle y dénicha un travail au sein d’une agence de mannequinat, d’abord embauchée pour son bagage linguistique, puis repérée plus particulièrement pour son blog dont elle commençait à traduire les articles coréens en anglais. Rapidement, elle signa ses premiers contrats avec l’agence pour poser avec des produits de partenariats. U Go Girl prenait un tournant aussi enivrant qu’inattendu.

Néanmoins, Saejin dut se résoudre à regagner la Corée. Certes, son travail ne serait plus mis en avant de la même façon, certes, elle gagnerait moins d’argent, mais elle avait le sentiment qu’elle devait maintenant renouer avec sa mère. Elle rentra donc à Séoul, poursuivit ses activités sur le blog, essayant de temps à autres d’y glisser des articles engagés qui ne furent pas toujours aussi bien reçus qu’elle l’aurait voulu. Les semaines passèrent, puis devinrent des mois, et Saejin ne parvint pas à revoir sa mère. Elle n’habitait plus la maison où elle avait grandi. Ses appels demeuraient sans réponse. Et Saejin s’inquiétait.

Saejin porte très souvent des lentilles bleues, habitude prise aux USA pendant des shootings ∙ elle parle couramment anglais et français, se débrouille en chinois, mais ses connaissances du japonais et de l’espagnol sont plutôt sommaires ∙ il lui arrive de se dessiner de fausses taches de rousseur ∙ elle fait régulièrement des cauchemars et souffre d’insomnies ∙ il lui arrive de faire des crises d'agoraphobie ∙ elle ne se sépare jamais de son carnet de poche ∙ depuis que son premier petit ami l’a trompée, elle ne lui a plus jamais adressé la parole ∙ elle garde une image désabusée de l’amour et n’y croit pas vraiment ∙ elle n’a jamais eu d’animal de compagnie ∙ elle est végétarienne depuis son semestre en France ∙ elle a également perdu sa virginité en France ∙ il est très rare de la voir faire du sport ∙ elle a encore un peu d’acné ∙ son groupe préféré est Radiohead ∙ elle n’a plus jamais touché une guitare depuis que son demi-frère lui a dit qu'elle jouait mal ∙ elle conduit une Hyundai blanche ∙ son premier roman a été refusé par plusieurs maisons d'éditions et n'a toujours pas été publié

Hop là ~ Nemesys, enchantée ! J'ai pas grand chose à dire, sinon que j’ai la vingtaine et que je viens de région parisienne. J'ai commencé le rpg au collège sur ces forums badants où on se contentait d’écrire « Oui d'accord ! *je souris* » et puis au lycée j'ai un peeeetit peu évolué. Je crois. J’espère. Vous verrez bien.