Ton père s'était levé, un peu en retard, les cheveux mal rangés, déboulant dans la cuisine comme une furie avant d'embrasser ta mère sur la tempe et d'emporter un pain à la confiture de pêche et son thermos dans la brume matinale, comme il le faisait chaque matin depuis des années. Ta mère s'était contentée d'un rire doux et amusé, apaisant, et d'un regard amoureux, empli de bienveillance alors qu'elle observait la tornade désorganisée quitter la maison pour se rendre au travail. Et toi, tu étais resté là peut être un peu plus longtemps. Tu ne devais pas avoir l'air bien car ta mère s'est arrêtée un instant, a posé sur toi ses iris aux airs de profondeurs abyssales, et t'a demandé si tu allais aller en cours ou pas aujourd'hui. Comme tu ne faisais pas confiance à ton cerveau, tu t'es contenté d'un sourire et avais acquiescé comme un idiot, tu ne pouvais pas rester ici, et tu ne pouvais pas lui parler, ta bouche aurait pu former des mots traîtres et dévoiler la supercherie qu'était devenu ton quotidien. Finalement, tu t'étais levé, machinalement, avait pris ton sac et étais donc sorti pour prendre le bus vers l'université, mais tu ne l'avais pris que pour noyer ses soupçons alors qu'elle t'observait depuis la fenêtre, inquiète. Un pincement avait crispé ton cœur à la vue de ce pli soucieux entre ses si doux sourcils dorés, il te suffirait pourtant d'inventer un petit mensonge de rien, de déformer la réalité, de glisser un petit mot rassurant, et peut être même que tu en serais toi aussi plus tranquille...
Mais l'environnement qui t'accueille désormais t'ôte tout doute quant au fait que tu n'aurais jamais su mentir une fois ta langue en mouvement. Les infirmières rôdent, les médecins toisent, les patients et visiteurs se bousculent et tu te sens nauséeux, de plus en plus à mesure que tes pas t'emmènent de plus en plus loin vers un service que tu avais fréquenté bien des années auparavant, 19 ans et quelques mois à peine. Tu finis par te planter devant une énorme vitre, ton corps aussi rigide qu'un tuteur, ton esprit souffrant d'un calme terrifiant, stérile, ton regard refusant de faire le point, de voir au delà de ton reflet sur cette gigantesque glace. Tes mains tremblent, ton corps tremble, ton cœur tremble, tu ne te sens même plus vivant, tu es terrorisé, tétanisé, et lorsque finalement, tu te rends compte que tu ne peux plus reculer, tu baisses les yeux et il te faut à peine une minute pour les reconnaître, deux corps rachitiques, blottis l'un contre l'autre, des membres maladroits et brouillons gênant leur sommeil d'angelot. Tu ne sais pas si ton cœur bat d'excitation ou de terreur, celui-ci à ton nez, elle a tes lèvres, difficile de nier l'évidence, ils sont à toi, mais ça, tu l'as toujours su, qu'ils étaient de toi, que tu étais à eux. Un sursaut secoue tes épaules alors que tu entends son rire, cristal blanc cassant contre le carrelage sinistre et froid de la maternité, ton regard a tout juste le temps de croiser le sien, tu le devines déjà, le bonheur qui est le sien, maintenant qu'elle a ce qu'elle veut. Son mari la tient par la taille, il ne se doute de rien, l'imbécile, son sourire fier dissimulant la blague ultime qu'était son mariage. Et tu voudrais dire quelque chose, lui crier qu'elle était le diable, qu'il était cocu, que tout ce qu'ils vivaient n'était que l'illusion d'une joie qu'on lui volait... Mais tu te tais alors qu'ils passent près de toi pour entrer dans la salle des prématurés, observant tes enfants avec cet air adorateur. L'envie de vomir est si forte que tu ne peux pas rejoindre les toilettes et teinte le couloir d'un jus d'orange pas encore digéré avant de fuir les lieux, enjambées plus longues encore que celles d'un géant.

La photo semble rire, un son clair et doux, il a les restes d'un violon en main, elle brandit l'archet comme une véritable guerrière et leurs sourires sont si sincères que tu peux décrypter d'ici la nature de leur querelle imaginaire. L'enveloppe anonyme annuelle est arrivée, portant comme simple message la photographie d'une vie qui ne sera jamais la tienne, qui n'aurait jamais pu l'être. Le bâton de tabac s'effondre au bord du balcon et tu te rends compte qu'il s'est consumé, ton être aspiré par la vie de l'image. Tu souffles en cachant le papier glacé dans le fond de ton armoire avant de glisser dans un pull qui semblait encore assez frais pour être porté et comme la journée ne peut pas s'arrêter dès le matin juste car tu te rends compte que tu ne vis pas, tu pars au travail en traînant les pieds.

Il est né à Toronto où il a vécu presque toute sa vie, son père est Coréen, sa mère Canadienne, il passait les fêtes du nouvel an lunaire en Corée chaque année, ce qui explique le manque d'accent. ⎯ Il a perdu sa mère des suites d'un cancer et son père ne lui parle plus depuis qu'il s'est découvert une passion pour les corps de ces messieurs. ⎯ Depuis son histoire avec l'a mère de ses enfants, il ne supporte plus le toucher d'une femme et ne pourrait même s'imaginer en couple avec elles. ⎯ Il a tendance à chercher la merde, comme on dit, simplement pour tester les limites, pour s'écorcher les poings, pour rajouter sur la toile de son corps un peu de rouge et de bleu. ⎯ Ses histoires amoureuses sont généralement désastreuses, soit parce qu'il est trop impliqué, soit parce qu'il ne l'est pas assez, bref il n'a rien eu de durable depuis presque 10 ans. ⎯ Il est plutôt apprécié des élèves qui suivent son cours puisqu'il est un prof dynamique, expressif, qui n'hésite pas à mettre les formes et même à glisser un juron ici et là parce que ça fait toujours bien rire. ⎯ Il conduit comme un manche, faisant de violentes embardées pour éviter le moindre petit moineaux, il est malussé au possible. ⎯ Il a une grande cage à oiseaux chez lui dans laquelle vivent deux padda de java qu'il a nommé Padda et Java, créatif, non? ⎯ Gros fumeur, sa consommation de nicotine s'élève à facilement un paquet par jour, deux s'il est spécialement stressé. ⎯ Il a la réputation d'un tombeur, d'un playboy, mais n'est vraiment pas le genre à savoir draguer, se retrouvant assez idiot même lorsque quelqu'un lui plait. ⎯ Il a eu un épisode difficile suite à la naissance des jumeaux durant lequel il faisait crise d'angoisse sur crise de panique et vice et versa. Ca a laissé quelques marques sur son corps, auto-mutilations compulsives. ⎯ Adepte du free fight, il descend parfois dans les bas fond pour parier et de temps en temps, lors de soirées amateur, se mêler au sang et à la sueur des combattants. 

AHEM... Bah... J'sais pas quoi dire tbh. J'suis mi-vieille,
j'ai un gros faible pour les histoires pleines de drama et les jeux videos! D'ailleurs, vous attendez pas trop à me voir lors de sorties de gros opus PS4 parce que la gameuse en moi est affamée. En dehors de tout ça, je devrais être pas mal présente! Acceptez mes semi-vieilles fesses parmi vous svp! =D  :ilu: