(  s o u n d  )

assise là, dans la pénombre, au coin de la pièce et évitant la lumière de la lune. l'enfant pleure, silencieusement, alors qu'à l'étage du dessous, elle entend son père, boire, encore et encore, criant son désespoir. ce soir, aloy, elle a six ans, mais ce soir, c'est aussi noel. une enfant a besoin de magie. aloy a besoin de magie, surtout ce soir. en particulier ce soir. au lieu de ça, elle se retrouve à pleurer, encore et encore, la mort de sa défunte mère. au lieu de ça, elle doit supporter la pénombre et les cris du père, d'un époux en deuil, encore. ce soir, aloy elle souffre plus que n'importe qui. ce soir là. ce soir de noel, aloy elle comprend que sa vie ne sera jamais douce et paisible et qu'au final, tout ça, c'est de sa faute, seulement sa faute.

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aloy, elle s'amuse. elle sourit d'un sourire éphémère. parce qu'après tout, c'est de son âge. s'amuser, rire, puis retomber dans un cauchemar éveillé. vient alors l'abandon. adieu ville native pour rejoindre séoul. aloy, elle a que douze ans quand elle quitte sa maison, ses semblants d'amis et le reste. surtout le reste. ce reste qui est surtout là où repose sa mère. mais aloy, elle ne lui dit pas adieu, simplement à bientôt. parce qu'après tout aloy, elle est trop semblable à sa mère. tellement que son père ne peut lâcher, abandonner ses bouteilles. trop douloureux pour l'homme de voir la meurtrière de sa femme. trop douloureux pour l'homme de voir que cette personne, celle pour qui son épouse a abandonnée la vie, cette personne, elle ressemble comme deux gouttes d'eau à sa femme. trop douloureux pour assumer et s'occuper d'une vermine, d'une meurtrière comme il ne cesse de le dire.

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puis aloy, elle grandit. elle arrive dans une nouvelle vie, qui lui offre par la suite un lycée. un endroit où étudier, se faire des amis. sauf que aloy, des amis, elle en a aucun parce que aloy, elle fait semblant. papa la croit au lycée, mais elle, elle sèche parce qu'elle a besoin d'air, d'oxygène. hylia elle tremble tous les soirs parce que son père boit, encore et encore. aloy elle est fatiguée parce que son père crie toute la nuit, parfumant la maison de cette odeur nauséabonde. au fond, elle en peut plus, alors elle craque. parfois , souvent seule. c'est le soir, rejoignant sa chambre qu'elle se met à fumer, se scarifier. pourquoi ? parce qu'elle a mal. elle a mal aloy, mais elle est aussi frustrée. frustrée de ne pas avoir eu de mère. d'avoir un père alcoolique et de ne pas savoir comment on s'ouvre aux autres. aloy, elle a eu aucune éducation au final. elle ne connait ni amour, ni amitié, ni semblant de relation. à dix-sept ans, aloy elle est perdue. pas folle, seulement perdue dans le tourment d'une vie qu'elle n'a aucunement réclamée. au fond, elle est détruite et ne cesse de se détruire plus encore. au fond aloy, elle demande juste à retrouver sa mère, ou apprendre. apprendre à vivre.

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finalement, aloy elle a grandit, encore. l'université, tout ça. elle s'en tape, mais elle y va quand même. elle enchaîne les années comme on enchaînerait des perles pour en faire un beau collier. sauf que les perles du collier d'aloy, elles sont pas mal désordonnées, mais tant pis. elle avance, le sourire aux lèvres. au lycée, elle était l'âme torturée, celle qui faisait peur en regard, ou bien celle à qui l'on demandait sans cesse "quand vas-tu te suicider ?". aloy, elle a supporté parce que c'est léger, ça flotte dans les airs ces paroles là. puis depuis qu'elle à l'université, elle sourit. faussement, mais elle sourit. l'intégration se veut difficile, encore une fois, mais elle sourit. c'est une bonne chose. bien que ça reste faux, elle continue de sourire pour montrer qu'elle est toujours là, qu'elle se fiche du jugement. puis un jour, les paroles qui flottent, flottent encore dans les airs, elles parviennent aux oreilles d'un père. un père homophobe, violent et alcoolique. elles parviennent à ce père, ce même père qui n'est autre que celui d'aloy. l'alcoolique lève la main sur sa fille, mais elle sourit. encore. pourquoi ? parce que c'est la goutte de trop dans un océan de chaos. elle abandonne. elle baisse les bras et se tire. elle ne veut plus de cet homme qui au final, elle n'a jamais appelé papa. aloy, elle se casse et s'isole dans la forêt non loin du petit coin de ville. elle continue ses cours à l'université, mais au fond, pourquoi ? elle sait qu'elle ne vieillira pas comme tous les autres de ses semblables. parce que aloy, elle attend seulement que sa mère vienne à elle.