un seul mot, une intonation dévastatrice.
la bouche mauvaise, la gorge brûlante d'une liqueur familière à l'odorat.
le jeune homme entend. parfaitement bien, même. il avait perçu la voix en étant dans une autre pièce, sans aucune difficulté. pourtant, le ton était bas, rauque, rampant. il ne le connaissait que trop bien. sa mâchoire se serre subitement, en même temps que les muscles de ses bras. il se sent oppressé, comme s'il allait étouffer dans les secondes à venir. tant pis, il ignore. les yeux plissés, il se concentre sur les énoncés d'un exercice qu'il a déjà fait tant de fois qu'il pourrait en écrire les réponses sans réfléchir. il déglutit, empoigne son stylo.


ridicule. la forme de politesse, ajoutée involontairement, ne rend certainement pas l'ordre plus agréable aux oreilles du concerné, qui libère un profond soupir d'entre ses lèvres, levant la tête vers le plafond. ses lèvres se pincent, et pour la troisième fois dans le même heure, rei aurait juste voulu disparaître. il ne voulait plus faire face au cadavre animé de son salon, il n'en avait plus la force depuis tellement longtemps que s'acharner relevait du courage. mais rei, il ne se sent pas courageux le moins du monde, parce qu'il sait qu'il n'est fait que de peur. et s'il perdait sa mère? il n'était pas attachée à elle, pas du tout. non, ce qu'il redoutait, c'était de se retrouver seul dans cette maison qui le tourmente. dépendre de lui seul, il en était capable, parce qu'il l'avait fait toute une bonne partie de sa pénible vie. il aurait probablement la culpabilité d'avoir laisser tomber la seule famille qu'il lui reste, également. on répète sans cesse que la mère, c'est ce qu'on a de plus précieux. que c'est la personne qui serait toujours là pour son enfant, toujours prête à faire des sacrifices pour lui. à mettre sa vie avant la sienne. rei n'avait jamais ressenti ça de sa vie. jamais, pas une petite fois. et quel dégoût, quel regret de vivre une vie si fade et sombre, menée par une femme vide et pathétique. « j'arrive. » marmonna t-il, du fond de sa gorge, presque inaudible.


sa voix se faisait de plus en plus dure, jouant avec les nerfs du garçon. fous-moi la paix. ses pensées affluaient, encore et encore. laisse-moi tranquille, bien sûr que je vais pas te laisser, merde. pourtant, ça m'enchanterai vraiment. rei se lève d'un coup, plaquant ses mains sur son bureau. il prend une longue inspiration, passe sa main dans ses cheveux et se lance pour de bon. ça va aller. ça va aller. ça va aller. s'accrochant au flot de son esprit, il se rend jusqu'au salon, et prend soin de ne même pas poser ses yeux las sur sa mère. tout ce qu'il fait, c'est se pencher pour ramasser les bouteilles vides sur le sol, et les jeter. il ouvre le frigo, en prend une au hasard, et la pose juste à côté de la femme qui se laissait fondre dans le canapé.  il croise ses yeux un instant, et l'aide à se redresser pour l'empêcher de tomber. et à cet instant, cet instant seulement, une lueur qui pourrait être interprétée comme de l'affection se promène dans le regard de rei. « fais attention. » chuchote t-il presque. mais, c'est trop tard. sa voix est déjà recouverte par le brouhaha du poste de télévision, et sa mère ne le regarde même plus.
en retournant dans sa chambre, le garçon est sûr d'une chose. ça n'était pas de l'affection qu'il avait éprouvé quelques secondes plus tôt. mais de la pitié, une pitié si intense qu'elle lui donnait envie de pleurer, de verser un torrent de larmes continu, jusqu'à ce qu'il se sente complètement vidé de tout ce qui le nuit de l'intérieur. à la place, il se livre aux étoiles ce soir encore. il les contemple, et par leur scintillement, il trouve un moyen de s'échapper.
il ne se souvient plus trop du moment où il a souhaité que sa mère disparaisse.

rei se teint beaucoup les cheveux, de couleurs différentes. ça lui donne l'impression de commencer de nouvelles choses, de tourner la page, d'une certaine façon. une illusion qu'il entretient les yeux fermés. ✩ il a une ferme passion pour les étoiles, les constellations, l'espace. il s'y est intéressé dès qu'il était tout petit, ça le faisait rêver tout en faisant passer le temps. il aurait voulu être un alien, vivre loin de la terre et de sa mère. ✩ sa mère, c'est la représentation de tout ce qu'il déteste, sous les traits d'une femme honteusement enlaidie par le vice. il a toujours dû s'occuper d'elle, de ses bouteilles de vin, et de supporter les différents hommes qui rentraient avec elle, parfois. mais tout ça, c'est comme un secret, ça reste derrière la porte de sa maison. tant qu'il est hors de chez lui, rei prétend avoir une vie parfaitement normale, facile, basique. mais dès qu'il pousse la poignée métallique de la maison maudite, son coeur pèse trop lourd dans sa poitrine, la colère le saisit, sa gorge se noue et il sait. il sait qu'il n'a même plus envie d'être là. ✩ s'il le voulait, rei pourrait se lier d'amitié avec n'importe qui. il a seulement peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas suffire. ses insécurités prennent trop de place, malheureusement. ✩ appliqué, le jeune homme se réfugie dans les études, le seule domaine qui lui procure un sentiment quelque peu rassurant. ✩ rei évite généralement de passer trop de temps chez lui. il est évidemment conscient de la toxicité des lieux, et, craignant de ne plus être lui-même, il s'échappe chez des "amis", parfois même des hôtels quand il ne tient plus. ✩ les vêtements et la musique sont d'autres divertissement qui lui permettent de combler le vide. ✩ rei aimerait beaucoup retourner à nara, la ville où il est né. il n'y a jamais vraiment mis les pieds, à son grand regret. il s'est promis de s'y rendre à la fin de ses études. en attendant, il essaie de se plaire dans séoul. ✩ le sommeil est une notion plutôt superflue pour lui. il préfère passer les nuits à rejoindre les étoiles plutôt que de fermer les yeux. ✩ rei essaie tant bien que mal de prendre soin de lui. sa mère lui donne monstrueusement envie de ne même plus se soucier de sa propre personne, alors il se bat encore un peu contre tout ce qui le ronge. il se dit qu'il n'a qu'à sourire un peu plus longtemps. ✩ sa mère lui a toujours parlé japonais, il a appris le coréen tout seul. ✩ rei n'a aucune information sur son père. il sait qu'il était marié à sa mère avant sa naissance et que le départ de l'homme a détruit son épouse, qui l'a rendue incapable de s'occuper correctement d'un enfant. ✩ rei est simplement quelqu'un de gentil, qui ne mérite pas tout ce qui lui tombe dessus. pourtant, au lieu d'être empli de rage et de frustration, les émotions qu'il s'efforce de mettre en avant sont la bonté et la bienveillance, plus que tout.

eh, si vous avez des besoins de liens ou autre, je suis super preneuse.   promis, je balance mon code bancaire après.