J'viens là pour Ingrid, clairement. Un peu pour Leo aussi, j'admets. Bref, j'suis ici pour les Yang et pas tellement pour ce qu'ils vendent — comment dire qu'un stand de bois n'est pas forcément le truc le plus trépidant au monde. Yuta est assez d'accord avec moi, je pense — un stand d'alcool nous aurait vachement plus intéressés mais on a seulement le choix entre des trucs genre... un peigne ou une clé USD. Une clé USB en bois, d'ailleurs, pour être franchement honnête, je trouve ça improbable. Et je dois pas être la seule parce que le truc est l'élément le plus cher du stand, donc celui que je devrais acheter en priorité si j'étais une vraie bff, et pas une amie en carton. Ingrid me fait les yeux doux derrière sa frange qui lui va trop bien, et Leo me lance des petits regards en coin, furtifs, l'air de vouloir s'attarder sur moi sans trop oser.

A ma droite, Yuta jauge chaque objet du regard comme si c'était un méga pro alors qu'on sait tous les quatre qu'il y connait que dalle en bois. Maman serait probablement capable de nous expliquer quel truc vient d'où et de quelle espèce d'arbre rien qu'à leur couleur et aux rainures — les « yeux » du bois, comme elle dit — mais elle est pas là alors on se contente d’être deux incultes. « Bon alors… le rubik’s cube, je m’en fous. (Ingrid me lance un regard désolé). La boîte à musique, Yuta finira par la péter (Yuta me lance un regard outré). Des miroirs et des peignes, j’en ai déjà trop (Leo me lance un regard inexplicable). Et le violon, j’sais pas en jouer. » Je sais que le stylo et le carnet me seraient surement super utiles mais j’veux pas passer pour la radine qui choisit uniquement les trucs pas chers. En plus, j’ai une réputation de richarde à faire perdurer, alors pas question de prendre des trucs de pauvresse. « Vas-y, j’te prends une coque. » En vrai, elles sont plutôt canons —genre toutes uniques et lisses et minimalistes.

Je marmonne juste assez fort pour que Kaede puisse m'entendre. « Putain ça craint, c'est quoi ce stand de bois ? Viens on bouge. » Mais elle me rattrape par la manche de mon manteau, parce que je lui ai fait subir « Mimi » alors maintenant c'est mon tour. Une réponse à ça ? « Tss. » plus le combo des yeux qui roulent pour bien appuyer mon niveau d'extrême blasance. C'est à son tour d'être relou en trouvant quelque chose à redire à chaque article qu'ils proposent. Ça me faisait marrer jusqu'à ce qu'elle me pointe du doigt en me faisant passer pour le gars le moins précautionneux du monde. « Bah tu sais quoi ? Elle est moche ta coque. » Je croise les bras en broyant du noir ( parce que c'est le terme que les mecs cools comme moi utilisent pour " bouder."  ) Leo se penche sur sa clé usb à "1K" wons pour essayer de me la vendre, je le dévisage. « Cherche pas, j'achèterai rien. C'est tout pourri vos trucs. » Je m'appuie sur un coin du stand et avec ma chance, je réussis à briser deux de leurs miroirs. Je me redresse subitement, m'éclaircis la gorge. « Hm... Ça fait 10 wons c'est ça ? »

« Bah tu sais quoi ? Elle est moche ta coque. » Clash de qualité. Je me plaque une main sur le coeur, comme si j’avais été touchée par une flèche imaginaire qui me ferait souffrir le martyr. Yuta se met à bouder comme un môme de trois ans à qui on aurait retiré sa tétine et va même jusqu’à agresser Leo (nan j’extrapole pas) quand ce dernier à le malheur d’oser proposer un truc : « Cherche pas, j'achèterai rien. C'est tout pourri vos trucs. » Je souffle très fort (ma manière de lever les yeux au ciel quand j’ai la flemme de lever les yeux au ciel) et pour rattraper le coup, je propose à mon frangin : « Ok. Prouve moi que t’es capable de rien péter pendant toute une journée et ce soir, je reviens et je te l’achète, ta boite à musique. » Ingrid m'en soi témoin, j’ai à peine terminer ma phrase qu’il s’appuie sur la table et fait tomber deux miroirs, qui se fracassent au sol. Cette fois, je prends la peine de lever les yeux au ciel. « Tu entends ce son ? C’est le bruit de ta défaite. » Il m’assassine du regard, l’air de dire que je finirai bien par le lui faire payer, et très cher en plus de ça. Puis il se tourne vers les deux Yang : « Hm... Ça fait 10 wons c'est ça ? » On paye hâtivement, lui un peu honteux, moi triomphante.  Pour lui remonter le moral, je lui désigne du vin un peu plus loin, et on file en direction de l’alcool après deux au-revoir de la main en direction d’Ingrid et Leo.

Noam, il aime bien Noël. Ce qui l’aime moins, c’est faire des cadeaux parce qu’il a toujours trop d’idées et que s’il s’écoutait, il ferait toujours trois milliards de choses pour ses proches. Mais il a pas le temps pour tout ça, surtout que Noël c’est bientôt et que perfectionniste comme il est, il pourra jamais faire un truc super en si peu de temps. Alors cette année, il s’est résigné à arpenter les magasins, les rues marchandes dans l’espoir d’avoir une inspiration quelconque pour sa famille. Aujourd’hui, il a décidé de faire un tour au marché de Noël de la fac, idée pas du tout soufflée par ses frangins et Mimi. Il a pas du tout été harcelé de sms, on lui a pas du tout fait les yeux doux ou du chantage affectif pour qu’il se décide à venir. Il commence par le stand d’Ingrid et Leo parce que s’il était allé ailleurs en premier, on l’aurait accusé de haute trahison, d’être un frère indigne et horrible (drama queen en puissance dans la famille). « Ils ont où vos bonnets de lutin ? » qu’il dit en arrivant devant sa fratrie. Il voulait pas du tout faire référence à la petite taille de sa sœur ni au fait que le costume aurait parfaitement collé à son petit frère. Il s’écarte pour éviter de subir le joug de sa frangine avant de se rapprocher, une fois la menace écartée. « Si j’achète un truc, j’ai le droit à une réduc’ ? » mais comme il s’y attendait, c’est une réponse négative qui lui revient. Parce que même pour la famille, business is business. Il observe les objets avant d’en pointer plusieurs du doigt : « J’vous prends une boîte à musique, un carnet et un stylo ». Puis en hésitant, il rajoute : « et le violon miniature. J’sais pas ce que je vais en faire mais … on verra bien ». Ses achats empaquetés, il s’éloigne avant de se retourner une dernière fois vers : « Ça vous vaudra un bubble tea chacun. Pour moi. See you dorkies ».

ding dong ding dong. c’est le bruit que tu arrivais à faire à l’aide de ta petite clochette. tu ne cessais de la secouer dans tout les sens pour essayer de te démarquer. habillé en costume de père noël, tu étais accompagné de ta sœur ingrid, elle aussi costumée à l’occasion. depuis que le petit marché de noël est ouvert, vous ne vous arrêtez pas de vous disputer pour des broutilles et tu as terminé à faire la tête, en secouant la clochette.

stand de bois, tu ne sais plus comment tu as réussi à avoir ça mais tu trouvais ça cool. c’était original et les personnes aiment les cadeaux originaux pour leur proche. normalement. la banalité est en général, interdite à noël. alors les cartes cadeaux et les chocolats sont vraiment pour les flemmards. c’était ça votre phrase d’accroche d’ailleurs. « le super cadeau original. » et, c’est tout.

en criant et secouant, tu essayais avec mal d’attirer des personnes jusqu’à ce que les premiers clients arrivent, les lee. tu te mets vite à ton poste et mets en évidence tous les produits en vente – et surtout les plus chers. tu jettes quelques regards furtifs sur kaede qui elle, énumère tout les produits afin de choisir. tu espères au fond de toi un premier achat. or, tu comptais vraiment pas sur yuta pour ça alors tu ne cherchas pas à répondre à sa petite attaque et tu préféras l’ignorer. « c’est pas si excessif que ça, en plus ça porte chance le bois ! » tu ne sais plus d’où tu tiens ça mais en tout cas, tu le savais. tu vois yuta mettre son bras là où il ne faut pas et à peine que tu es eu le temps de dire quelques choses. la catastrophe. « au final, tu vas bien nous donner un petit quelque chose. thanks. »

billets encaissés, tu salues les lee tout en criant un joyeux noël. tu adores cette ambiance. les lumières, les cadeaux, et surtout, la bonne bouffe. c’était un rituel chez vous. tu sonnais encore ta clochette jusqu’à voir ton frère. tu es très content qu’il soit venu. « ingrid a fait la comédie pour être en renne. elle m’a forcé à faire le père noël. » tu te plains, mais finalement, ça te plaît bien. tu fais sonnet les grelots avec ton petit chapeau de papa noël. tu vois noam faire sa liste qui s’agrandit et tu remercies le monde d’avoir un frère plutôt généreux. « on verra en fonction de nos bénéfices. »

Ça avait rapidement fait le tour cette histoire, tu crois l'avoir entendue de la bouche d'une cliente, à ton stand ; paraît-il qu'un jeune-homme déguisé en Père Noël danse outrageusement au stand de bois, alors tu as accouru pour voir. Et c'est riante que tu débarques dans un entrain certain. Bah alors?! Il est où l'homme qui danse en Papa Noël? que tu lances, faisant mine d'être déçue. Puis tu ris en regardant Leo dans son costume. Ooh c'est toi? J'ai le droit de voir la fameuse danse? Tu le connais pas, mais tu t'en fiches, tu fais pas trop dans la gêne et tu veux ton spectacle ( ).

Mais, autant tu es venue voir si la rumeur était fondée, autant ton regard est rapidement attiré par les articles en bois. Ooh, c'est magnifique! Oui, c'est du bois – mais cherchez pas, plus c'est rustique et naturel, plus elle aime. J'en oublie pas la danse, mais je vais vous prendre une boîte à musique ainsi qu'un violon, s'il vous plaît! Les deux te rappellent de doux souvenirs de ton enfance, dans la maison qui t'as vu grandir et aussi détachée que tu en sois, les souvenirs sont beaux, suffisamment pour que tu apprécies te les remémorer. Je vous dois combien?, demandes-tu, souriante, regard pesant sur Leo. Sachant que je tiens à avoir ma danse, bien évidemment. et tu ris.

achats a écrit:

Boite à musique — 15 wons
Un exemplaire acheté, deux restants.
Violon miniature — 20 wons
Un exemplaire acheté, un restant.

Total – 35 wons.

Leo il est vraiment chiant avec sa clochette. Assez pour qu’Ingrid ait vaguement envie de lui tordre le coup ou de lui faire bouffer. Sauf que c’est pas très vegan comme comportement, et que ça risquerait de diminuer le chiffre d’affaire de leur petite entreprise. Alors elle se force à sourire, et finalement ça ressemble plus à une grimace qu’à autre chose. Elle a une tête à faire peur aux enfants. Ils se font la gueule depuis depuis de longues minutes déjà. Et c’est certainement par elle qui va faire le premier pas, vu que c’est sa faute à lui. La faute au costume de renne. Pourquoi c’est lui le père Noël et elle le cervidé ? Y a une relation de dominance-soumissions qui convient pas du tout à l’ainé.  

Elle est bien forcée à sortir de son silence quand d’autres clients se pointent. Et pas n’importe lesquels, parce que y a Kaede, et son frère, accessoirement. Elle voit bien à ses yeux qu’elle est pas convaincue par la marchandise, et faut bien admettre qu’Ingrid ne l’est pas non plus. Le bois c’est lourd, inutile, et ça prend la poussière. D’un autre côté, la Yang est jamais contente quand on y pense. Elle se trouve à acquiescer frénétiquement à chaque mot de sa meilleure amie qui élimine les objets un à un. Finalement elle s’arrête sur une coque en bois – qui ils faut bien avoués sont cools. Ça fait un peu hipster comme ça. Elle commence à emballer le choix de son amie avec un soin particulier, quand un fracas la fait sursauter. Y a Yuta qui se tient, l’air hébété, avec deux miroirs ébréchés entre les mains. « Eh toi ! Tu le fais exprès ? » Râle la petite brune. « Tu les payes, je m’en fous. Et fait un pas en arrière, touche à rien ! » Ce type est catastrophique. Les deux filles échanges un regard ourlés de sarcasme, et la Yang emballe les deux miroirs brisés avec la coque. « 10 wons et 14 ans de malheur, ça t’apprendra. »

Les deux Lee éloignés, c’est le deuxième Yang masculin qui s’approche. Ingrid elle boude toujours, et tourne le dos à Leo. C’était pas une bonne idée depuis le début de tenir un stand avec son petit frère. C’était couru d’avance qu’ils parviendraient pas à s’entendre. Elle avait vu Noam comme un sauveur, mais il entre direct dans le game avec une blague qui la fait rougir de honte. « Je… tu… EH ! » Elle a pas vraiment le temps de répondre de Leo s’empresse déjà de la dénigrer. « Déjà pourquoi c’est moi le renne, et toi le père noël hein ? Marre de cette inégalité et pseudo-domination homme-femme. » Elle en rajoute un peu certes, comme toujours finalement. L’idée de se déguiser c’était la sienne, mais y avait toujours matière à s’embrouiller avec Leo. « T’auras droit à rien. Si t’étais un vrai frère tu nous donnerais même un extra pour qu’on gagne mieux notre vie. » Elle se voit pourtant forcée d’avouer que son double est généreux lorsqu’ils encaissent ses billets. Il réclame un bubble tea qu’elle promet silencieusement de lui offrir, avant de le regarder s’éloigner.

Pendant qu’elle encaisse le client suivant (Chae Lim), en se forçant à nouveau sourire derrière son nez rouge, elle surprend les paroles d’une Firestone un peu trop excitée, qui s’adresse à Leo. Elle aussi elle a entendu la rumeur. Elle tend sa commande à son client et se dirige vers son frère qu’elle protège d’un bras tendu. Elle vivante, personne ne verra Mini Yang danser lascivement déguisé en Père Noël. « Vous ne verrez rien. Faudra me passer sur le corps. » Décrète Ingrid en prenant des mains la marchandise à son cadet. « ça te fera 35 wons. » Lâche-t-elle, outrée qu’on puisse sexualiser de la sorte son propre petit frère.  

Le stand de peluches, c'est fait. Et il sourit, Junyu, en adressant un dernier signe de la main à Romee, soudain rassuré ; il en oublie ses inquiétudes quand elle est là, parvient à avancer dans le marché sans se soucier de l'absence de ses amis, de sa solitude également (et puis de la foule, qui continue pourtant de lui faire tourner la tête). Il aperçoit un visage au loin, semble reconnaître celui d'un de ses camarades et d'avance d'un pas rapide ; pour découvrir qu'il a perdu les autres. Et qu'ils sont seuls, tous les deux. Alors il rigole, imite son ami pour camoufler son malaise. Ils entreprennent de chercher les autres ensemble, quand un stand attire son regard. Oh attends. Et l'autre s'arrête, quand lui commence à avancer vers Ingrid et Leo. Salut ! Puis à Ingrid, je savais pas, du menton il montre les produits, que t'étais là ? C'est cool !. Non il savait pas, gamin loin d'être attentif. D'un rapide coup d'oeil il observe les différents objets, se dépêche en entendant son ami râler derrière lui, l'exhorter à se grouiller. Alors il se grouille ; parce qu'il a peur de le faire fuir, peur de se retrouver seul également. Il veut faire son choix, le plus rapidement possible, a pourtant peur de se tromper. Il hésite à s'en aller sans rien acheter, sur un haussement d'épaule ; mais finit par craquer sous la pression. Et du doigt vient vivement montrer la boîte à musique. Je veux la.. euh.. boîte. Il réagit jamais bien sous la pression, Junyu ; alors il choisit, sait pas trop à qui il va l'offrir, sait juste que ça lui rappelle des souvenirs. De lointains et délicieux souvenirs et une bonne dose de tristesse, la peine comme une lame. Et il sourit, comme heureux de son cadeau, en tendant l'argent ; il sait qu'il dépasse le montant, attend juste qu'on lui rembourse la différence, comme à son habitude. Il fait confiance à Ingrid, même s'il sait déjà qu'il dépense beaucoup trop ; tant pis, les lunettes attendront. Merci !

Citation :

Boite à musique — 15 wons
1 exemplaire acheté ; 2 exemplaires restants.

Total : 15 wons pour 1 achat