Fallait partir loin d’ici, trop de vert, trop d’ennui. Elle étouffait dans son village, elle suffoquait de voir toujours les mêmes visages. Séoul ça semblait si vivant, si… intense. Passionnant. Elle se voyait déjà peindre, suivre des cours d’arts, ouvrir sa galerie. Reprendre le restaurant familiale ? Horrible idée. Pour finir comme ses parents dans ce trou paumé, toute sa vie. Epouser le fils de la maison d’à côté… Elle voulait pas de cette vie. Dans la capitale elle a vécu, elle s’est donné corps et âme à cette vie qui l’appelait tant. Passionnément. Y avait ce garçon, si tendre, si différent de ses amis d’enfance. L’humour piquant, les yeux luisant. Ils s’étaient promis l’éternité, et comme trop souvent à cet âge, ça s’est terminé en pleurs et en cris, onze mois plus tard. Le désamour. Et la jeune femme encore sonnée par la rupture, contemple ébahie son ventre à la courbure encore discrète qui se dessine dans le miroir. Elle compte sur ses doigts, et fond en larmes. Elle pourra jamais lui dire, on peut pas réparer quelque chose qui est déjà cassé. Reste toujours une cicatrice, une trace de catastrophe. Elle est toute seule, et elle se demande.


Hyo Yeon a cinq ans, les mains pleines de terre et les yeux de son père. Séoul c’est fini, la jeune femme est rentrée au pays. Son village n’a pas changé, immuablement coincé dans sa vallée. Et comme il l’avait vu naitre il y a des années de cela, il a bercé sa propre fille, porté ses premiers pas. Elle s’est efforcé de l’oublier lui, et la part qu’il a joué dans l’arrivée de cette enfant. Hyo aura pas de père, elle en a pas besoin. Elle sera une femme forte, indépendante, avec en tête l’exemple de sa mère, de sa grand-mère. Trois générations de solitaires dans une petite maison au cœur de la Corée, qui survivent sans homme, mais pas sans bonheur.

Hyo et son voisin vont à l’école en vélo, ils remontent le chemin de terre battue et le brouillard détrempe leurs vêtements. Lui c’est son frère, son meilleur ami, son amoureux aussi parfois. Quelques fois quand ils savent plus comment se parler avec des mots, ils s’embrassent comme si c’était le seul moyen. Inséparable duo dans un village vieillissant. On dit qu’on les mariera, et eux ça les fait rire furtivement. Ils sont déjà mariés, depuis que Hyo lui a passé une bague en pâquerette autour du doigt. Mais ça c’est un secret, ça fâcherait la mère Nam. « Pas besoin de mari, pas besoin de promesse. Faut rester libre ma fille, ne leur laisse jamais croire que tu leur appartiens. » Tout les deux ils le savent, leurs cœurs sont liés.

Hyo Yeon a dix-sept ans, les yeux ourlés de fatigue. Ça fait 22 jours que sa mère est partie. Elle reviendra pas. C’était l’heure de rejoindre grand-mère. Elle s’est battue pourtant, ça faisait longtemps qu’elle était malade. Hyo a vraiment cru qu’elle guérirait comme la première fois. Mais on peut pas gagner à tous les coups. « Et maintenant ? qu’est-ce que tu vas faire ? » Il prend sa main, passe à son doigt la bague de fleur qu’il vient de tresser. « Tu sais tu pourrais venir vivre à la maison, mon père sera d’accord, il adorait ta mère. » Soupirs, elle écoute qu’à demi. « Non. Non… »  Si elle s’en va pas, on l’emmènera, de force. On laisse pas une gamine de dix-sept ans vivre par elle-même. Et elle n’a plus de parents proches. Personne pour l’accueillir. Y avait que sa mère et elle. « J’vais aller chercher mon père. Y a pas de place pour moi ici. Pas de travail, pas de parents. J’veux pouvoir choisir où je vais. » Il a l’air triste. Il la regarde longuement, sans rien dire, et la jeune femme croit lire du regret dans ses orbes obsidienne. « C’est fini alors ? » Pause, elle soutient ses yeux noirs, et confirme d’un hochement lent. « C’est fini. »


C’est le petit matin et le bus bifurque pour pénétrer dans le parking. Il ne fait pas encore jour, l’horizon commence seulement à pâlir, et lentement les rayons gris dévorent la nuit. Etoile par étoile. Hyo sait qu’elle ira pas plus loin. Ses derniers wons se sont évaporé dans un ultime billet de nuit. Plus un sous en poche, et quelques cinquante kilomètres de gagnés, pour s’arrêter dans une gare routière isolée. Déserte. Le reste du voyage se fera à pied, en stop avec un peu de chance. La jeune femme descend du véhicule, encore groggy par la nuit de voyage. Une brume hiémale flotte au-dessus du goudron. Il fait froid, sombre, et l’eau en suspension pénètrent ses vêtements dans une morsure glacée.  Elle passe ses dernières pièces dans un distributeur automatique, se paye un gimbap insipide qu’elle dévore sur le champ. Son estomac est resté vide depuis la veille au matin. Les bras ballant et le cœur en suspens, sa gorge se serre. Elle sait pas où elle. Ni quoi faire. Et le regret irrigue sa poitrine à lui en brûler les veines. Son village lui manque. Sa mère lui manque. Ses doigts plongent dans sa poche. Dans sa paume, un paquet de cigarette, un enchevêtrement d’écouteurs et un walkman d’occasion. Ses yeux se posent sur le carton. « à n’utiliser qu’en cas de désespoir insurmontable ». Pas tout de suite. Elle le range dans son sac. A la place, elle fixe les écouteurs sur ses oreilles. Faut qu’elle avance, au moins pour se réchauffer. Elle s’engage sur le ruban d’asphalte, qui se déroule à l’infinis devant elle. C’est l’heure bleue, à mi-chemin entre le jour et la nuit. « Et maintenant ? »

fan d'encens et autres parfums entêtant qui lui rappellent le temple de son village. ♡ souffre d'anxiété de séparation depuis la petite enfance. faut pas l'abandonner, ça l'empêche de respirer. ♡ commère invétérée. ♡ tache de café sur l'avant-bras, une marque de naissance longtemps restée un complexe. ♡ ne porte que rarement un soutien-gorge, parce qu'elle déteste cette sensation d'être enfermée, étouffée. ♡ décomplexée, grande gueule, sans limite, elle s'assume, a confiance en elle. peut-être trop. ♡ se déplace majoritairement en vélo, mais n'hésite pas à conduire malgré qu'elle ne possède pas le permis. ♡ satoori tenace, elle ne fait aucun effort pour le gommer. ♡ collectionne les capsules de bouteilles, c'est l'un des seuls trésors qu'elle a emporté avec elle à séoul. ♡ elle a toujours les main gribouillées, pleine de couleurs. incapable de se servir de ses feutres sans s'en mettre partout, y compris sur le visage. ♡ terriblement ringarde. ♡ résolument naïve, lentement désabusée. ♡ elle a grandi dans une famille menée par les femmes, sans hommes. la société patriarcale est un mythe pour hyo. ♡ fan de roller depuis l'enfance, elle se prend des gamelles en permanence, et ses genoux ne sont plus qu'un chaos de cicatrices et d'écorchures. ♡ garçon manqué dans le fond, elle sait pourtant jouer de sa féminité. ♡ ne sort jamais sans son rouge à lèvre. ♡ fascinée par le feu. ♡ enfant sauvage. ♡ ne fait rien comme tout le monde et s'en fout. ♡ gauchère ♡ elle a hérité de sa mère sa passion pour la peinture. ♡ elle possède une force carte d'identité achetée au marché noir avec les sous légués par sa grand-mère. ♡ Sa mère et sa grand-mère sont toutes les deux mortes des suites d'un cancer du seins. génétique implacable, elle pense avoir des chances d'en développer un également. ♡ vis au jour le jour.

   
Encore une nana, je sais, je sais...  
aimez hyo hyo s'il vous plait