SÉOUL, CORÉE DU SUD ◊ ADOLESCENCE
Je sais que je rêve dans le vide. Mais en fait, je m'en fiche, parce que
ça me fait du bien.

Petite déjà, Sin Ae, elle avait ces yeux bruns et expressifs dans lesquels on pouvait lire des émotions comme dans un livre ouvert. Tendre, charmante, joyeuse.

« Sin Ae n’a jamais été une fille comme les autres. » C’est résolument la citation sur laquelle il semble opportun de s’arrêter lorsqu’on souhaite parler de la femme qu’elle est devenue. Issue de l’union de deux personnes dont la réputation semblait immortelle, elle avait rapidement connu les vices et rudiments de la société mondaine dans laquelle elle avait vu le jour. Une société qui fut naguère sa première critique. Sin Ae, elle n’était que spectatrice. Animée par une incorruptible passion pour la lecture qui lui permettait de s’évader, de se noyer dans un océan de mots ô combien envoûtants et qui n’avaient de cesse d’accaparer son imagination, Sin Ae se laissait dévorer par ces ouvrages. Elle goûtait au bonheur. Ses doigts n’avaient de cesse de frôler les délicates pages des romans d’amour, d’aventures et même d’histoire. Tandis que certains gambadaient dans les parcs publics à courir après un ballon de football, d’autres à rentrer avec des des pantalons pleins de tâches, à écouter de la musique populaire, à discrètement se voler des baisers sur un banc, Sin Ae ne quittait pas sa chambre bien trop grandiose, pour lire encore et toujours des œuvres nébuleuses dont elle ne pouvait se déroger. On la contraignait à s’en éloigner pour son bien, elle n’avait qu’à faire les banalités des autres enfants de son âge. Elle refusait. Elle refusait toujours. C’était son refuge, son havre. La lecture, ou l’art qui n’avait de cesse de la rendre plus cupide et lunatique. Un passe-temps dans lequel elle s’épanouissait davantage chaque jour.  A cette époque, elle désirait devenir une brillante écrivaine, une parmi des milliers, une qui serait en mesure de faire vibrer et toucher le monde entier par ses histoires, qui la ferait s’exprimer librement. Un rêve qu’elle s’efforça de délaisser, devenant une jeune femme trop fantaisiste et versatile pour son père qui ne pouvait cautionner son comportement fantasque. « Tu feras des études de droit ma fille. » Lui répétait-il continuellement. La politique n’était qu’une ombre pour elle. De la corruption à n’en plus finir, dont elle ne souhaitait aucunement être associée.

On l’envoya en pension. Elle revînt trois ans plus tard.

SÉOUL, CORÉE DU SUD ◊ MAJORITÉ
C'que je veux dire c'est que la famille c'est inévitable, c'est comme les impôts ou la mort.

« On t’avait immédiatement remarquée ce soir-là. Tu étais là, nonchalamment adossée contre un mur, d'une beauté pure et authentique. Les yeux étaient posés sur toi, mais toi, tu ne les posais sur personne. Tes lèvres carmin ne s’étiraient pas un en un lent et beau sourire. Ce sourire doux et distingué, presque hypnotisant, qui semblait être éternel, que toujours tu abhorrais. Hormis aujourd’hui. Tu voulais seulement fuir, seulement t’envoler. Tellement loin qu’on ne te retrouverait plus jamais. Mais tu ne savais pas voler. Tu tomberais par terre, c’en était sûr. »

Dans toute la grâce de ses dix-huit ans, Sin Ae était en compagnie des autres. Les « autres » étaient son père et Nami, sa maîtresse. Une grande brune svelte et chétive, mi-créature mi-mondaine, qui tournait dans des productions japonaises relativement médiocres. Une situation qui paraissait aux yeux de Sin Ae inlassablement fausse et illusoire. Son père avait cinquante ans, il était veuf depuis douze ; c’était un homme plein de vitalité, de dynamisme, de possibilités et par-dessus tout, immensément fortuné. A sa sortie d’internat, un an auparavant, Sin Ae avait compris qu’il ambitionnait de vivre avec une nouvelle femme. Cependant, elle avait moins vite admis qu’il changeait de partenaire tous les trois mois. Il était devenu un homme aux mœurs légères et frivoles, habile en politique, un vrai loup, toujours curieux et vite lassé. Son compte en banque séduisait plus les femmes que son caractère. Sin Ae n’avait eu aucun mal à l’aimer, et affectueusement car au fond de lui il était bon, civilisé, et se tourmentait pour sa fille.

Mais Si Ae, elle ne le rend pas heureux. Elle le voit. Il la délaisse.

Elle repense. Son point de vue diverge. S’efforçant de ne pas faire endurer une autre peine à son paternel et acceptant de changer, pour le bien de tous, elle fait des études d’histoire. Une consolation, le pays du matin calme captivera infiniment la demoiselle.


1992 : Naissance d’une délicieuse petite fille le premier janvier. Certains affirmeront que c’est un signe de Dieu, d’autres diront qu’il ne s’agit que d’un pur hasard. On l’appelle Sin Ae, significativement, le ruisseau.
1993 : Le nourrisson commence à développer des signes de croissance record, il est plus grand que la moyenne.
1995 : Sin Ae fait son entrée à l’école primaire, au contraire des autres enfants, elle ne pleure pas pour que ses parents restent avec elle.
1998 : Première étape difficile dans la vie de la fillette, elle n’a que six ans lorsque sa mère meurt d’un cancer.
1999 : Sin Ae se referme sur sa personne et ne s’intéresse pas aux mêmes activités que les enfants de son âge. Elle ne parle pas beaucoup.
2000 : Déjà huit ans et elle lit à n’en plus finir.
2004 : Première bagarre dans la cour de récréation. On lui a tiré les cheveux, elle a violemment poussé la fautive et ne s’en veut pas. Sin Ae est sévèrement punie par ses professeurs et son père.
2005 : On la pense intellectuellement précoce, elle montre des signes d’une intelligence supérieure mais Sin Ae refuse catégoriquement d’effectuer le test qui serait susceptible de le prouver.
2006 : Sa passion pour la lecture lui donne envie d’écrire. Elle commence à rédiger des fictions. D’un autre côté, les autres enfants la délaissent, elle est seule.
2007 : Souhaite devenir écrivaine et vendre des livres par millions d’exemplaires.
2008 : Sin Ae est trop lunatique. Son père l’envoie dans l’internat le plus prestigieux de Corée du Sud, dans le but de la faire changer d’avis au sujet de ses études.
2009 : Premier copain. Première déception.
2010 : Retour à la vie normale. Après mûre réflexion, Sin Ae adopte finalement un point de vue nouveau. Dorénavant, elle s’intéresse à l’histoire.
2011 : Changement radical de look, elle ne veut pas être mise à l'écart de la société. Sin Ae devient de plus en plus jolie et s’ouvre davantage aux autres. On lui propose de poser pour un magazine, elle décline instantanément l’offre.
2013 : Deuxième copain. Deuxième déception.
2016 : Sin Ae qui sera longtemps persuadée de faire 1M75 à l’âge adulte ne fera finalement qu’1M62.

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[code]<span class="style1">✗</span> [b]KIM TAEYEON[/b] (Girls' Generation) ⟫ yeon sin ae[/code]