Sa vie n'a probablement rien de compliqué, ni de très exceptionnel. Shang Ti est venu au monde un 1er mars de l'an 1996, à Shanghai. Il ne garde pas vraiment de souvenirs de ces années passées sur ses terres d'origines. Le soucis avec lui, c'est qu'il ne garde aucun souvenir très flagrant de son enfance ! Tout son monde ne se résumait qu'aux étreintes de sa mère et au sentiment de peur constant à l'approche d'un inconnu, ou au simple fait de s'aventurer trop loin de ses parents… Craintif et peureux. Il l'avait été dès son plus jeune âge. C'en était même maladif à cette période. Shang Ti n'était pas un enfant que l'on entendait. Il ne se plaignait jamais et ne pleurait pratiquement pas, même lorsqu'il tombait ou se faisait mal. C'était comme s'il redoutait sa propre existence. Élever la voix pour se faire entendre et repérer était pour lui synonyme d'angoisse. Il avait peur de tout. Peur de croiser un regard. Peur de se faire bousculer ou d'être embêté… Et c'était justement parce qu'il ne disait rien et qu'il semblait bizarre que certains de ses jeunes camarades s'amusèrent dès l'école maternelle à en faire la bête de foire. Rien de très dramatique à cet âge là, et pourtant, le jeune homme en garde encore un souvenir amer. Si les moments de joies ne lui revenait pas aussi facilement, il se rappelait sans le moindre mal de ces instants d'éloignements où il avait souffert de sa propre condition, du traitement qu'on lui infligeait et de l'incompréhension des enseignants. Heureusement, en entrant en école primaire, les choses s'améliorèrent. Elles avaient commencé à aller mieux à force de côtoyer une fille, un peu plus âgée, mais si gentille avec lui, qu'il ne put faire autrement que s'ouvrir à elle et la percevoir comme une grande sœur.

Malgré sa nature timide, Shang Ti était parvenu à se faire apprécier de certains de ses camarades qui comptaient encore aujourd'hui comme ses plus proches amis. Même s'il parlait peu, il était autant apprécié pour sa gentillesse que sa générosité. Il était perpétuellement en quête d'amour et de reconnaissance, et le seul moyen qu'il avait trouvé pour l'exprimer était d'inviter les copains chez lui à chaque retour de cours. Ils passaient leurs temps à jouer, que ce soit dans le jardin ou à l'intérieur, devant un écran. Shang Ti avait toujours été très doux et patient avec les filles. Plus sportif avec les garçons. Car quitte à ne pas trouver les mots pour exprimer ce qu'il ressentait, il y parvenait en s'attirant le respect de part sa volonté et son inépuisable besoin de se surpasser, de vaincre ses propres démons. Dès tout jeune, il possédait de bonnes aptitudes en sport qui faisait souvent de lui, l'un des premiers sélectionnés au sein d'un groupe. C'est notamment parce que ça lui était bénéfique que son grand-père lui enseigna relativement vite l'art du kung-fu. Un art des plus sacrés pour tout chinois qui se respectait. A douze ans, il intégra un club d'arts-martiaux duquel il grimpa vite en échelon. Dans cette discipline, Shang Ti parvenait à révéler tout son potentiel, ainsi que son charisme bien souvent aux oubliettes… Mais on ne peut plus présent lorsqu'il s'exécutait sans la moindre hésitation ni la moindre crainte.

C'est à quinze ans qu'il eut sa première petite-amie. Une fille qui partageait des leçons au club, tout comme lui. Sa première vraie relation qui dura en tout et pour tout trois ans avant qu'elle ne quitte la capitale pour intégrer une fac à l'autre bout du pays, les obligeant à rompre à l'âge de 18 ans. Ce qui fut une petite déchirure pour Shang Ti, qui mis plusieurs mois avant de s'en remettre, avant de tomber sur une autre qui ne lui apporta rien de plus que des soucis et un cruel sentiment d'infériorité. Beaucoup plus exigeante et capricieuse que la première, cette dernière voulait le changer en ce qu'il n'était pas et le rendre plus sûr-de-lui… Ce qui eut pour effet inverse de le renfermer telle une huître, si bien qu'au bout d'une année de relation chaotique et assez malsaine, cette dernière y mit un terme. Il se retrouvait alors à vingt ans, de nouveau solo, mais plus libéré que jamais. Les copains avaient toujours été présent pour le soutenir même si aucun ne s'était mêlé de cette histoire un peu délicate. Shang Ti n'avait plus grand-chose du gamin chétif qui courrait se réfugier derrière les jupons de sa mère, mais il n'en restait pas moins effacé et éternellement insatisfait. Sa famille et ses amis étaient le berceau de sa vie et de son équilibre. Beaucoup le voyait comme un gars mignon et sympa. Le bon pote par excellence. Mais plus d'une fois il enviait tous ces types un peu macho et égocentrique, à l'opposé de ce qu'il était… Tout autant qu'il les méprisaient.

Depuis lors, sa vie est un fleuve plutôt tranquille, où il alterne étude et sorties comme n'importe quel étudiant qui se doit. Avec son côté un peu plus geek, faute de préférer un écran d'ordinateur à un dance-floor endiablé. Il est aujourd'hui âgé de 22 ans et tout récemment célibataire, sa dernière petite-amie s'étant entiché d'un gars qui étude l'économie. Un futur banquier probablement plus viril et sûr-de-lui qu'il ne le serait jamais. Là encore, il sort d'une relation qui aura durée deux années, mais cette fois-ci, sans ressentir le moindre remord. Elle est restée une bonne amie et dans le fond, il n'avait jamais été très amoureux d'elle. Juste très attaché. Il y a un autre point qui le travaille bien davantage et qu'il estime plus important que ces banales histoires de cœur ; sa petite sœur. Qui elle en revanche, lui cause bien des soucis de part son attitude et ses fréquentations.

C'est pas facile tous les jours d'être gentil et timide.
Ça l'est encore moins d'être un grand-frère.