La révolution est un acte de violence, ses mains tracent les courbes de la typographie, feuille blanche et ligne noires. Sourire sur ces lèvres. Révolution. C’est toujours une pensée vers sa mère qui revient. Même si elle n’a rien d’un guerrier et qu’elle panique à chaque fois qu’elle doit faire une piqure, aux limites de l’évanouissement si une goutte de sang coule. Il veut être sa mère. Son sourire et son insouciance, la façon dont elle a réussi à tout avoir. Elle ne s’est jamais délimitée à ce que veulent les autres, son désir à elle a toujours été souverain. Désir et plaisir. Haine et amour, terreur, peur. Elle a tout connu, tout traversé. Du jeune garçon qu’elle a aimé pendant ses folles années d’adolescente, jusqu’à ses tresses d’enfant qu’elle défait et abandonne quand son regard brûlant effleure l’homme qui creuse passionnément son épiderme de ses dents. Ses mains se sont agrippées à ces deux hommes, avec force et avidité, les phalanges blanches sous le coup de la pression. Elle serre, elle serre, poigne rigide et imperturbable. Jusqu’à la chute. L’hochement de tête, capitulation et le sourire de gamine qui revient sur ses lèvres. Genèse du portrait qui se dessine au-dessus de la cheminé d’une façon bien vieillotte. La raison qui fait qu’il ait une mère et deux pères, sans jamais savoir qui est réellement le sien. Pas de favoritisme, pas de traitements de faveurs, avait-elle soufflé à son oreille en y trempant un baiser, son rire le berçant encore jusqu’à aujourd’hui. Jinha a appris à vivre avec ça, ce n’est rien d’autre que de l’amour en plus, de l’attention décuplée envers lui.

Lui et seulement lui.

Le monde et même les étoiles, il les veut à genoux devant lui. L’univers entier qu’il ne saurait pourtant saisir même les paumes entièrement ouvertes.
Il veut, il veut, il veut…

Lèvres qui s’entrouvrent, litanies qui se suivent. Éternel amant lassé, des hommes et des biens. Mains et lippes tremblantes qui s’emparent du verre d’un alcoolique, de la cigarette d’un addict ou de la femme d’un homme. Plus c’est loin et plus il s’élance.

Le vide qui revient. Les tremblements plus fréquents depuis le terrible accident de voiture qui traine ses rêves de chirurgien dans la boue, lui écrase chaque membre. Non, il ne suivra pas le chemin de papa et papa ; la médecine, l’hôpital familiale, ce n’est plus pour lui. Pensée dévastatrice qu’il peine tant à faire passer, les pilules blanches lui écorchent la gorge et refusent de suivre le chemin assigné. Un autre verre. Ça ira.

Non. Ca n’ira pas. Il compte jusqu’à dix, enfin, il déglutit. Il ne fait que tout empirer. Il a la rage contre le monde (lui-même surtout), à présent il veut le posséder pour l’enflammer. Le voir partir en éclat comme sa vie.

Et le vide, il se remplit un peu. Nouvel attrait qui lui fait oublier un peu le reste. Hwan. Syllabe qu’il s’amuse à rouler sur sa langue, corps qui frissonne quand il y laisse sa main. L’argent qui lui achète une poupée humaine à manipuler de ses mains détraquées de marionnettiste.

Ça ne durera pas, qu’il se persuade, le cœur déchainé.