perdue entre rêve et réalité, perdue entre espoir et désespoir, rose gambade et déambule sans jamais se poser, sans jamais se fixer. elle ne connait pas le chemin qui la mènera à son bonheur, elle ne sait pas par où elle doit se diriger. sur le plateau de jeu, rose est coincée sur la case prison. malgré ses lancés de dés toujours plus vigoureux, le double six n’arrive jamais. rose s’est échouée et abandonnée à l’alcool et à tous ses péchés qui l’accompagnent. rose n’a pas de volonté, elle n’a pas la volonté de vivre, de sortir de ce cauchemar. les mains tendues vers elle, elle ne les a jamais saisies. rose ne veut pas d’aide, rose n’a pas besoin des autres. rose sait que son sourire innocent plait, elle sait que son sourire fait craquer, et elle en joue. elle en joue tout le temps, elle aime ça, parce qu’elle obtient ce qu’elle veut. quand elle demande d’arrêter d’essayer de l’aider, ils s’exécutent, et rose est heureuse. elle peut alors reprendre sa vie de poupée détraquée, sa vie de funambule qui avance sur son fil d’espoir au-dessus du gouffre du désespoir. parfois elle perd l’équilibre et se retrouve suspendue, elle s’accroche comme elle le peut, essaie de remonter sur son fil. mais le désespoir la tente et l’attire, lui tend ses bras et ne demande qu’à l’accueillir. rose voudrait se laisser tomber, se laisser engloutir dans les ténèbres que sont la désolation et la souffrance. mais il y a ce filet de lumière, ce minuscule rayon de soleil qui lui dit de remonter et de continuer à avancer, peut-être qu’elle trouvera un morceau de bonheur quand elle arrivera au bout de ce fil qui parait pourtant interminable.

le jour étudiante ténébreuse, la nuit croqueuse de diamant, rose joue et vit sur deux tableaux. deux vies, double jeu, personne ne voit clair dans ses intentions. ses camarades de classe ne connaissent pas la déesse du chaos qu’elle est la nuit, ses conquêtes ne savent rien de sa vie d’étudiante. sa vie n’est que mensonge, elle tisse sa vie comme une araignée tisse sa toile, attendant patiemment ses insectes pour se nourrir, pour vivre. les insectes de rose sont ces hommes qu’elle charme sous le clair de lune qui éclaire son visage de poupée, pendant que ses lèvres déballent de fabuleux mensonges sans une once de remords. ses histoires se forment, se déforment, s’inventent et se racontent, toujours différemment pareilles.  rose change de vécu comme son voisin changerait de chemise, et ça lui plait. rose aime pleurer sur son sort, s’apitoyer dessus, empirer les évènements pour recevoir de la pitié, montrer qu’elle est malheureuse, sans jamais essayer de sortir de son malheur. elle aime sa vie de mensonges, elle aime pouvoir changer de vie lorsque l’actuelle la lasse, quand elle n’a plus d’attrait, quand elle n’inspire plus assez la pitié des autres individus. cette pitié qui la rend si importante, qui la fait vivre, qui fait d’elle quelqu’un.