PROLOGUE – Les parents de Min Seok se sont rencontrés jeunes et ont souhaité poursuivre leur rêve d’ouvrir un restaurant. Et c’est ce qu’ils ont fait. Seulement, une carrière dans la restauration nécessite beaucoup de dévouement et n’est donc pas aisément compatible avec une vie de famille. La mère de Min Seok ne voulait pas d’enfants, alors cela ne la dérangeait pas plus que ça. Elle a toujours préféré se concentrer sur sa carrière et sur sa vie de couple. Le père de Min Seok se sentait obligé de vouloir des enfants. Et oui, même en fin de XXème siècle, un couple sans enfant c’est bizarre, mal vu. Alors le père de Min Seok a réussi à convaincre sa femme de faire un enfants et Min Seok est arrivé.

CREATION – Min Seok est né le 17 novembre 1995 à Busan et n’avait que quelques mois quand sa mère est tombée enceinte à nouveau. Quitte à avoir des enfants, autant tout faire d’un coup et en être débarrassée non ? Le frère de Min Seok, Min Hyuk est né en Janvier 1996, à peine plus d’un an après son frère. Après cela, les deux garçons ont été élevé par leur grand-mère, puisque leurs parents devaient remettre à flot leur restaurant, qui n’avait pas bien fonctionné pendant ces deux grossesses successives.  

BEGINNINGS – Min Seok a eu une enfance assez normale, malgré l’absence notable de ses parents. Il a été et est toujours très proche de son frère, leur différence d’âge étant si minime qu’il ne se souvient pas d’avoir un jour vécu sans qu’il existe également. La vie était plutôt banale à l’époque, les parents des deux garçons gagnaient tout juste assez d’argent pour survivre, mais Min Seok n’a jamais connu le luxe et les voyages, mais plutôt la vie à deux dans une chambre d’enfant et des distractions autres. C’est comme ça qu’il s’est découvert une passion pour les livres. En effet, la grand-mère du garçon l’emmenait souvent à la bibliothèque de leur quartier, et il était très rare qu’il reparte les mains vides. A l’âge de 7 ans, il avait déjà lu presque l’intégralité de la catégorie enfantine et c’est dans cette bibliothèque qu’il est tombé un peu par hasard sur le rayon des livres de langues étrangères et des guides de voyages. Si certains s’échappent dans des mondes imaginaires à travers des livres fantastique, Min Seok, lui, s’échappait dans des endroits bien réels à travers les photos des guides de voyage. Il a donc décidé d’apprendre des langues étrangères durant cette période, et c’est comme cela qu’il a appris le japonais, avec l’aide d’un livre et d’un vieil homme qui fréquentait également ce coin de la bibliothèque et qui l’a pris comme élève. Il est ensuite passé à l’anglais, qui semblait être un choix stratégique et s’est aussi essayé au mandarin, au thaï et au français, mais sans réel succès.

FIRSTS – Min Seok était donc un enfant différent des autres. Il était assez difficile pour ses camarades de comprendre son obsession pour les livres et encore moins pour les livres écrits dans une langue étrangère. Il n’avait donc pas énormément d’amis, mais ça ne le dérangeait pas vraiment, il avait son frère et quelques amis proches et c’était largement suffisant. Plus tard, lorsqu’il a eu accès au merveilleux monde d’internet, il a pu se faire d’autres amis venant du monde entier (ou presque) et ce, grâce aux langues qu’il pouvait parler. Ces amis et cet accès au monde lui a permis de découvrir des cultures et des points de vue différents mais aussi de se découvrir en tant qu’être humain. Ces découvertes se sont exprimées de deux façons majeures. Premièrement via la sexualité et le rapport au genre en général. Min Seok a toujours su qu’il était différent de ce côté-là, qu’il ne voyait pas les choses en noir et blanc comme les autres gens le faisait. Pour lui, il n’y avait pas de réelle différence entre un homme, une femme ou quelqu’un qui n’adhérait pas à la binarité de genre. Une personne est une personne. C’est pourquoi il n’a jamais compris pourquoi et comment les gens se limitaient à tomber amoureux d’hommes ou de femmes, pourquoi c’était si important pour tout le monde, de savoir, de juger. Min Seok a toujours été quelqu’un qui s’attache vite, qui s’attache fort et il a toujours eu tendance à être un peu cœur d’artichaut. Rien de sérieux et des sentiments qui sont souvent éphémères mais il y a toujours cette question, cette possibilité. Quand il était petit et que les amies de sa grand-mère lui demandaient s’il aimait quelqu’un à l’école, elles s’attendaient à ce qu’il parle d’une petite fille portant jupes et cheveux longs, et c’était le cas, parfois. Il se souvient encore de la première fillette qu’il a vu lors de la rentrée à l’école primaire, qui avait de très longs cheveux, de très grands yeux et un sourire qui en laissait plus d’un sans voix. Mais il y avait aussi souvent des réponses différentes, des réponses à propos de ses camarades masculins, des réponses qui le laissait rouge d’embarras et qui engendraient des silences pesants, des murmures de « pourvu qu’il ne soit pas gay », des réponses qu’il a fini par ne plus avouer. Des sentiments qu’il a essayé de repousser, de faire taire, du moins jusqu’à ce qu’ils rencontrent des personnes venues d’ailleurs, qui lui ont fait comprendre que ce qu’il ressentait était normal et que personne ne pouvait lui en vouloir pour ça, que tout irait bien.
Ce n’est cependant pas totalement vrai et ce n’est que depuis qu’il est à Séoul qu’il peut vivre sa vie comme il l’entend, même si ses parents sont toujours déçus, et espèrent toujours qu’il changera et que tout ça n’est qu’une phase.
Le second aspect de sa vie qui déplait à ses parents est son végétarisme. Quel comble pour un fils de restaurateur, même si cela n’est pas une immense surprise. Min Seok a toujours été très empathique, le genre de gamin qui mettait très longtemps à marcher jusqu’à l’école car il enlevait les escargots du chemin pour ne pas qu’ils se fassent écrasés et dès lors qu’il a compris ce qu’il se passait vraiment dans son assiette, il n’a plus souhaité manger de la viande mais ses parents l’ont forcé à coup de « tant que tu vivras sous notre toit, tu feras ce qu’on te dit ».

NOW – Ces deux raisons ont fait qu’il a voulu partir de chez ses parents au plus vite, quitter Busan pour pouvoir enfin respirer, être libre de faire ce qu’il voulait et vivre sa vie. Quitter sa ville natale n’a pas été facile, quitter son frère et sa grand n’a pas été facile mais c’était alors devenu un besoin vital, il ne pouvait plus rester là-bas et l’université été l’occasion parfaite. Alors à la fin du lycée, il a décidé de postuler à toutes les universités possibles qui soient le plus loin de Busan possible. Vivre à Séoul n’est pas aisé, surtout lorsqu’on ne vient pas d’une famille riche. Il survit en faisant des petits boulots par-ci, par-là, en donnant des cours particuliers et avec les sous que sa grand-mère lui envoie, même s’il n’aime pas lui prendre son argent. Il sait que le chemin est encore long, et qu’il n’a pas choisi la voie qui lui rapportera le plus d’argent le plus facilement, mais il a au moins le mérite de faire ce qu’il aime.