« S’il vous plait ! Tu blagues n’est-ce pas ? Tu veux qu’on laisse tout derrière nous pour que tu ailles batifoler dans les fleurs avec ce type !  Je n’aurais jamais pensé que ma mère soit si idiote ! Tu veux qu’on quitte notre foyer, nos amis, nos familles pour un pauvre imbécile rencontrer sur un site à la con ! Comment oses-tu ! En plus ! Il vit à l’autre bout du monde !  On ne parle pas le chin…coréen à merde ! Tu veux tout abandonner pour un homme à la peau jaune dont tu vas ne rien comprendre sauf s’il te parle en anglais ! Ton anglais qui est aussi nul qu’un soap opéra ! En parlant de soap opéra ! Tu te crois dans une série aussi désastreuse ! Avec ça tu vas me dire que tu es la nouvelle Lisa ! Ou non attend que tu ailles te marier avec ? »

Je posais mes yeux sur son visage qui se colora peu à peu d’une petite teinte rosée. Elle n’allait quand même pas oser. Elle m’avait parlé d’un voyage pour se retrouver entre mère et fille. Là! Elle m’annonce que ce voyage était un mensonge ! Une idée faussement créée ! Une mise en scène pour m’insister a quitté mon petit nid. Comment une mère peu simplement dire sans aucun stress à sa fille que le voyage était une supercherie ! Que cette comédie cachait un déménagement chez son petit ami. Mais, le pire était que son visage venait d’avouer ma crainte. Cette femme ingrate avait tout manigancé ! Que ce coréen rencontré sur un site de rencontre Europe-Corée du sud allait être son nouveau mari ! Je laissais tomber mes sacs de voyage et ma valise au sol. Comment peut-elle m’avouer de tel propos alors que nous allons passer au douanier de la Corée. Je sentais la rage monter graduellement en moi. Ma famille devait être au courant ! Ils m’avaient tous trahie pour une amourette de pacotille de ma mère. Comment ? Non, pourquoi ?

« Tu blagues ! Tu ne vas vraiment me dire que tu allais te marier avec ce crétin ! Es-tu aussi en manque d’amour propre ? »

Je n’aurais jamais dû dire de telle sottise. Je n’ai pas remarqué sa main partir et venir caresser brutalement ma joue. Je venais d’aller trop loin.  Elle n’a jamais levé la voix ni la main sur moi. Les gardes de sécurité s’approchaient en urgence et la pauvre a dû se défendre. J’avais peut-être seize ans, mais lorsque l’adolescence frappe à notre porte de tels drames étaient à éviter.  À cet instant précis, ma fierté prit un coup. Je gardais en moi ma colère et ma déception. Nous quittons l’aéroport sans jamais nous adresser la parole. Je fus simplement surprise de voir que notre accueil était attendu. Une automobile noire et des gardes de sécurité. Avec qui avait-elle décidé de se marier ? Un homme de la mafia ? Une vedette ? Un prince ? Je lisais peut-être trop de roman ! Ce n’est qu’une fois que je fus assise qu’un homme m’apparut sur un petit écran. Elle me le présentait dans un anglais maladroit. Je ne dis rien et ma seule réaction fut de regarder ma mère avec un dégout monstrueux et d’insulter l’homme dans ma propre langue. Adieu l’anglais ! Je souhaitais que ma mère comprenne ce que je ressentais. Le plus comique est qui souriait en approuvant de la tête. IDIOT ! Nous roulons au travers de la ville suivie de voiture similaire.

Lors de la route, elle tentait de me parler, du moins essaie. Je ne répondis pas. Il était hors de question que ma bouche s’ouvre pour elle. Mon été venait d’être détruit ! Ma vie venait de tomber en miette ! Tout venait de s’écrouler ! Je pouvais peut-être aller me pendre du haut d’une poutre ou simplement me lancer en bas d’un immeuble ! Je riais jaune en voyant les images défiler. Je sentais bien son regard et son impatiente.

Ses tentatives ratées furent arrêtées par l’arrivée devant une maison digne des célébrités américaines. Nous descendions de la voiture en tombant nez à nez avec l’homme bondonnant de la vidéo et ses enfants. Je regardais les deux garçons plus âgés que moi. Je déposais mon regard sur eux avant des snobés. Ma mère me força à avancer et fit les présentations. Un des garçons, le plus vieux, se mit à rire de l’anglais de la traitresse. Sans réfléchir je forçais sur lui en le gratifiant de surnom plus hideux un que l’autre. Des gardes du corps viennent nous séparer. Son frère applaudissant a me félicitant et disant qui m’appréciait déjà ! Je me tournais et lui fit un doigt d’honneur avant de m’enfuir dans ma nouvelle maison sans permission.


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En y repensant, ma première rencontre et mon arrivée sur cette terre étaient assez comiques. Un été à apprendre le coréen douze heures par jour en rajoutant ma rentrée dans un lycée qui ne parlait que l’anglais ou le coréen.  J’avais gagné un beau-père que j’adore aujourd’hui, une mère qui profite de la luxure que mon père n’aurait jamais pu lui fournir, deux frères dont un qui ne m’apprécie toujours pas. Il faut avouer que ma vie est assez comique ! Elle est peut-être digne d’une série dramatique. Moi qui aurais cru le contraire ! Seulement….ma mère restera toujours une traitresse et moi la fille qui a brisé le nez de mon demi-frère et insulté le ministre de l'Économie.

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