Elle a envie de hurler. C’est d’ailleurs ce qu’elle fait, alors qu’elle s’acharne sur l’épais panneau de bois, qui reste obstinément bloqué, la privant de son échappatoire. Les portes coupe-feu se sont finalement activée, piégeant dans leur pseudo-giron quelques étudiants, dont Hyuk qui l’a suivi depuis les toilettes. Bora est furieuse, éperdue, paniquée. La fumée lui pique les yeux et lui brûle la trachée, et la chaleur couvre son épiderme d’une pellicule humide. « Allez putain ouvre-toi ! » Qu’elle hurle en s'entêtant sans résultat sur le battant. Elle sait que le feu gagne du terrain. Elle sait aussi grâce à Ja qu’Inseong est quelque part dans cet enfer à la chercher, et qu’il ne répond pas au téléphone. Et ils sont bloqués là de la plus conne des façons, avec pour seule perspective, celle de mourir enfermé dans un compartiment enfumé, retenus par les mécanismes censés les protéger.
A moins que ? Une voix inconnue s’exclame dans son dos qu’une escalier de secours donne sur cette portion de couloir. La porte est fermée à clé. Une vague d’espoir submerge la jeune présidente lorsqu’elle se met fébrilement à retourner le sac qu’elle porte en bandoulière. D’une main tremblante, elle en extrait son trousseau de clés, comprenant le pass supposé ouvrir la plupart des locaux de secours et escalier de l’université – privilège d’être membre du conseil étudiant. Elle s’approche de la fameuse ouverture en se faufilant entre les corps ployés pour échapper à la fumée. Ses doigts frissonnent tant que bora s’y reprend à plusieurs fois pour atteindre la serrure, essayant une à une les clés jusqu’à ce qu’une pénètre enfin le verrou. Un cri victorieux échappe à ses lèvres alors qu’elle ouvre la porte, révélant un escalier de béton. Ça ne les sauve pas tout à fait, mais cela à au moins le mérite de leur donner une chance de fuir.
Dans un coin, près de l’entrée, une hache de pompier est attachée au mur. Elle s’en saisit tant bien que mal, le poids de l’outil pesant sur ses bras maigres, et en compagnie des fuyards, la voilà qui grimpe quatre à quatre les marches jusqu’au premier étage, dans l’espoir d’y trouver une sortie praticable. Au premier palier, elle presse la poignée, priant pour que la porte s’ouvre.